L’auscultation
Un examen médical toujours d'actualité
L'auscultation du corps humain est presque aussi vieille que la médecine. Pratiquée jadis l'oreille collée sur le corps du patient, l'auscultation utilise aujourd'hui des stéthoscopes perfectionnés. Elle ne se cantonne pas à l'écoute du cœur ou des poumons.
Dîtes 33
1816 : René Théophile Laënnec, un médecin natif de Quimper, révolutionne la médecine. À l’époque, il n’imaginait probablement pas que les cylindres de papier, puis de bois, qu’il allait successivement utiliser pour des raisons d’hygiène afin d’ausculter le thorax de ses patients, auraient pu lui valoir le prix Nobel de médecine s’il avait été décerné 100 ans plus tôt ! Car ce petit instrument d’allure rudimentaire est vite devenu le compagnon inséparable des médecins du monde entier sous la forme du stéthoscope moderne, constitué d’un pavillon pourvu d’une membrane vibrante, d’un tuyau flexible et de deux tuyaux métalliques auriculaires ! Bien avant la radiologie ou l’autopsie, longtemps interdite, l’auscultation restait la seule façon de “voir” l’intérieur du corps humain, en l’écoutant. Mais ne nous y trompons pas. Pour ancestral qu’il soit, cet examen médical n’est pas désuet. Il demeure riche en enseignements pour le médecin de famille comme pour le médecin hospitalier. C’est bien souvent l’auscultation qui oriente le diagnostic ou qui conditionne la demande d’examens complémentaires.
Le cœur d’abord…
L’auscultation cardiaque pratiquée au niveau de la poitrine, à gauche, permet de repérer des troubles du rythme, comme lorsque les battements sont irréguliers (fibrillation auriculaire, extrasystoles, palpitations), trop rapides (tachycardie) ou trop lents (bradycardie). Elle permet également d’entendre des souffles, autrement dit des fuites de sang ou des perturbations de l’écoulement sanguin lorsque l’une ou plusieurs des 4 valves cardiaques (aortique, mitrale, tricuspide, pulmonaire) ont perdu de leur étanchéité ou s’avèrent rétrécies. Selon les cas, on parle donc de rétrécissement ou d’insuffisance valvulaire. La position du ou des souffles par rapport aux deux bruits normaux du cœur permet au médecin expérimenté de désigner la valve responsable et bien souvent de déterminer le mécanisme de la fuite (rétrécissement ou insuffisance). Pour cela, le médecin doit ausculter l’ensemble du thorax gauche (on parle de foyers d’auscultation ou d’aires cardiaques), car les bruits additionnels ou les souffles ne sont pas toujours uniformément audibles sur tout le thorax.
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… puis les poumons
Difficile de se passer de l’auscultation des poumons en cas de suspicion de bronchite, de pneumopathie, d’asthme, voire de pneumothorax ! En temps normal, lors de l’inspiration, les alvéoles pulmonaires émettent en se déplissant un petit bruit qualifié de “murmure vésiculaire”. La diminution de ce murmure se rencontre lors de nombreuses pathologies pulmonaires. Du fait de la possibilité d’une atteinte pulmonaire localisée, le médecin doit donc ausculter le thorax dans son ensemble, sans oublier la face antérieure du thorax et les bases. À la baisse du murmure vésiculaire peuvent s’associer, selon les cas, des petits souffles (en cas de pneumopathies), de fines crépitations (pneumopathies, œdème du poumon…), un sifflement expiratoire ou “sibilance” (asthme). Le médecin complète souvent l’auscultation par la percussion du thorax qui lui permet de se faire une idée plus précise de la pathologie sous-jacente en cas d’anomalie auscultatoire, comme lors d’un épanchement pleural (le poumon semble mat à la percussion d’une base) ou du pneumothorax par exemple (il sonne “creux”).
Sans oublier les artères…
Rien de tel que l’auscultation des aines ou des carotides pour déceler un rétrécissement artériel partiel, fémoral ou carotidien. En effet, la turbulence engendrée par la modification du flux sanguin dans une zone artérielle rétrécie se manifeste par un souffle net transmis le long de la paroi du vaisseau concerné. Une constatation qui doit toujours conduire à la pratique d’examens complémentaires, afin de localiser et de visualiser avec précision l’endroit de l’oblitération artérielle ainsi que son importance, car un petit souffle peut correspondre à une grande obstruction et vice-versa.
… mais aussi le crâne, l’abdomen et la grossesse !
Si vous vous plaignez souvent de maux de crâne localisés, ne doutez pas de la santé mentale de votre médecin s’il vous passe un coup de stéthoscope sur la tête ! Dans certains cas, des tumeurs cérébrales fortement vascularisées ou des anévrismes émettent un souffle caractéristique audible à travers le crâne ! Quant à l’abdomen, outre l’auscultation des bruits intestinaux normaux, rien de mieux que le stéthoscope pour entendre le souffle d’un anévrisme aortique ! Reste enfin l’écoute sécurisante des bruits du cœur de bébé et ce, dès la 8ème semaine de grossesse.