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La santé naturelle avec Sophie Lacoste

Le jardin potager intérieur

Voilà une idée qui fait son chemin ! Mais passer de la culture des plantes d’intérieur aux plantes potagères nécessite quelques aménagements à bricoler soi-même ou à acheter. 

Il est inutile de rappeler les avantages qu’il y a à cultiver un potager ; mais comment faire lorsqu’on ne dispose pas de jardin ? Il reste la terrasse, le balcon, l’appui de fenêtre… ou, pour les plus audacieux, le potager intérieur ! Eh oui, les plantes potagères entrent dans nos maisons.

Des quelques pots ou jardinières placés près d’une fenêtre, on est passé aux mini-serres, aux contenants avec éclairage intégré ou aux potagers hydroponiques dont certains occupent la place d’un réfrigérateur, sans oublier les équipements dotés d’intelligence artificielle. Explorons les principales questions à se poser avant de se lancer…

Un défi réaliste

Faute de place, de diversités d’espèces et de pollinisateurs, le potager intérieur ne peut fournir qu’une production d’appoint (1). Alors faut-il se lancer  ? Oui, tout à fait. Cultiver des plantes nourricières est source de plaisir, répond à nos besoins de nature, d’étonnement, d’altruisme… et offre des possibilités d’éducation intéressantes.

Des conditions de culture différentes

Elles sont à prendre en compte pour répondre au mieux aux besoins de vos futurs légumes.

Côté sol

Deux options possibles :

– Le terreau pour la culture en pots ou en jardinières.

– Fabriquez ou achetez un terreau assez léger, mélange de tourbe, d’humus et de perlite ou de billes d’argile qui assurent l’aération et le drainage.

Les avantages : davantage de volume pour les racines, permet de valoriser le compost maison pour fertiliser vos cultures, ne nécessite pas d’apport d’engrais minéraux.

Les inconvénients : salissures, risque d’apparition de mouches du terreau (sciarides) à piéger avec de l’eau sucrée ou une bande engluée jaune. En cas d’infestation, changez le terreau.

– La culture en hydroponie – l’eau enrichie en sels minéraux circule dans un substrat inerte qui sert de support aux racines (voir schéma). 

– Choisissez un substrat minéral : billes d’argile (bonne oxygénation et réutilisables facilement), ou perlite (roche volcanique expansée, bonne oxygénation des racines), ou un substrat organique stable comme la fibre de coco (2) (retient bien l’eau, les éléments minéraux, propriétés antifongiques) qui s’utilise en mélange avec les autres substrats inertes à raison de 30 % environ pour assurer une bonne oxygénation.

Les avantages : pas de terre, peu de manutentions, les plantes accèdent facilement aux nutriments d’une solution nutritive dosée en fonction de leurs besoins.

Les inconvénients : ajouts réguliers d’éléments minéraux dans la solution, nécessité d’un système d’oxygénation de l’eau ; pour une productivité optimale, des apports complémentaires de lumière et de chaleur sont nécessaires.

Schéma simplifié d'une installation "maison" avec remplissage manuel du réservoir

 

Côté éclairement

La lumière est indispensable à la vie des plantes, à leur croissance et à la réalisation des différents stades du cycle végétatif (reproduction, tubérisation pour certaines, stockage des réserves, sénescence…). 

Dans la plupart des habitats, l’accès à la lumière naturelle est restreint (nombre de fenêtres…) et limité d’octobre à février. Quel que soit le système de culture (en pot avec terre ou hors sol), installez un éclairage adapté en quantité, en qualité (spectre lumineux) et en durée.

Que faut-il savoir pour éclairer son potager intérieur ?

– Les plantes captent la lumière directe et la lumière réfléchie.

– N’hésitez pas à installer des réflecteurs pour augmenter l’apport lumineux, c’est intéressant car économe.

– La lumière naturelle est composée de différents rayonnements monochromatiques. Les plantes absorbent surtout la lumière bleue qui favorise la croissance,  et la lumière rouge influe plutôt sur les mécanismes de floraison, tubérisation, ramifications… 

– Optez pour un éclairage “lumière du jour” ou des lampes LED horticoles.

– Les besoins en lumière des plantes varient selon les espèces et les stades, achetez uniquement des lampes adaptées, en vérifiant que le pourcentage de lumière effectivement absorbable par les plantes est supérieur à 80 % (3). La quantité de lumière reçue diminue vite lorsqu’on s’éloigne de la source.

– Installez une source englobante et mobile (barre de LED qui se règle) pour rester à distance constante de la plante lors de la croissance, cela évite l’étiolement (4).

– La durée de l’éclairement peut influer sur la mise à fleur et la montée à graines ; suivant la durée d’éclairement nécessaire à la mise à fleur, on distingue différents types de légumes :

>> les légumes de jour court qui fleurissent quand la durée d’éclairement est inférieure à 12-14 h et ceux dits de jour long qui font des fleurs lorsque la durée de l’éclairement est supérieure à 12-14 h.

– Adaptez le réglage de l’éclairage. Par exemple, pour les légumes feuilles (mâche, épinard, laitue…), on souhaite éviter la floraison et la formation des graines, on éclairera donc moins de 12  h par jour les cultures ; si vous décidez de produire vos graines d’épinard, au contraire, on éclairera plus de 13 h par jour.

>> les légumes indifférents à la durée de l’éclairement, eux, fleurissent quelle que soit la durée du jour (tomate, concombre…).

– En éclairage artificiel, vous pouvez les mettre avec les légumes de jour long ou avec ceux de jour court.

Comment savoir s’il s’agit d’un légume jour long ou jour court ?

Appuyez-vous sur le calendrier cultural en lumière naturelle : un légume semé en début de printemps et qui fleurit en juin est une plante de jour court.

L’avantage des potagers intérieurs est la possibilité de programmation de l’éclairage ! On peut récolter des feuilles ou des fleurs ou des fruits à contre-saison.

Un choix de légumes adaptés à la culture en pot ou en hydroponie

Tout ne pousse pas bien à l’intérieur, même avec une bonne gestion.

Quels types de légumes choisir ?

Des espèces qui ne prennent pas trop de place (ciboule, radis) ou qui ont un feuillage facile à canaliser (tomate, curcuma, patate douce, chayotte…), des espèces à cycle cultural court (laitue, radis…) ou qui donnent plusieurs récoltes (salade à couper, plantes aromatiques…). Pensez aux herbes aromatiques ou à tisane, n’oubliez pas les fleurs qui se mangent (souci, bourrache…).

Quelques idées : navet, betterave, haricot vert, oignon vert, épinard, petit poivron ou piment, cresson alénois, cresson de Para, roquette, basilic, coriandre, estragon, persil, menthe, camomille, mélisse, hysope, et aussi fraisier…

Un entretien limité, mais de la surveillance

– Pour les potagers intérieurs avec pots et jardinières :

• l’éclairage peut être automatisé, tout comme l’arrosage, avec assez peu de matériel  : petite pompe, programmateur, tuyau, goutteurs, soucoupe…

• l’apport fertilisant est moindre, privilégiez le compost maison ou les engrais organiques • le rempotage est à faire deux à trois fois

• la surveillance sanitaire concerne surtout les sciarides, les cochenilles, les pucerons et les maladies bactériennes et fongiques.

– Éliminez tout organe ou plant suspect, misez sur la qualité des plants, la prévention (absence de stress, traitement au purin de prêle) et la lutte avec des purins insecticides (ail, rhubarbe) ou fongicides (prêle, ail).

– Appliquez les traitements en extérieur (balcon – rebord d’une fenêtre).

– Pour les potagers intérieurs fabriqués maison ou du commerce :

• l’arrosage et l’éclairement sont automatisés • les apports de solution nutritive sont fréquents, évitez tout excès ; envisagez éventuellement la bioponie  

• la surveillance de l’eau et de sa circulation est nécessaire, surtout en bioponie, du fait des micro-organismes (bouchages dus aux films bactériens, odeurs si l’eau circule mal…)

• la surveillance sanitaire concerne surtout les maladies.

Des repères pour choisir votre potager intérieur

– Le potager intérieur “classique” (pot et terreau), simple à mettre en œuvre, se cultive presque comme un potager de plein air, avec un entretien du sol réduit au griffage pour aérer et à un changement annuel de terreau. Il occupe pas mal de place, forcément près d’une fenêtre ou dans une véranda, et nécessite un éclairage complémentaire (lampes horticoles). S’il est loin des fenêtres, un éclairage permanent est alors indispensable. Le potager classique est globalement plus écoresponsable (le potager hydroponique peut avoir un bilan carbone médiocre, fabrication hors UE, plastiques…), mais il consomme davantage d’eau qu’un potager hydroponique qui fonctionne en circuit fermé.

– Le potager hydroponique se décline en de nombreuses propositions technologiques : de dimensions variables, plus ou moins modulable, à poser ou à installer à la verticale sur un mur, armoire de culture hydroponique intégrée aux meubles de cuisine, mini-serre d’intérieur…

Les bricoleurs font des installations maison, ce qui réduit considérablement le coût et l’impact environnemental. Ces installations sont simples. Globalement, il faut : un contenant pour l’eau (bac, pot…), un support pour les plantes (plaque trouée…), des tuyaux et une pompe adaptée pour faire circuler l’eau et l’oxygéner (voir encadré). 

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La culture bioponique

La culture bioponique répond aux mêmes principes que la culture hydroponique à ceci près que les fertilisants sont organiques et non minéraux  : purins (consoude, ortie…), thés de lombric, thés de compost oxygéné… La solution nutritive n’est pas stérile, des micro-organismes s’y développent et transforment certaines substances pour que les plantes puissent les valoriser.

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Pour choisir une technologie qui vous convienne, tenez compte de :

– la capacité de culture qui va de 3 à 60 plantes selon les modèles

– l’esthétique et l’encombrement (pots suspendus ou armoire ou structure verticale…)

– les caractéristiques techniques telles que la capacité du réservoir d’eau, le type d’éclairage, l’automatisation de l’éclairage et de l’arrosage, la possibilité d’utiliser ses propres graines, la fourniture de capsules (ou de lingots) composées de substrats adaptés à chaque plante

– le fonctionnement (consommation d’électricité, d’eau…), remontées d’informations pour gérer votre potager via le smartphone ou simple accès à des applications didacticielles, simplicité d’utilisation…

– le prix, le suivi du produit, le lieu de fabrication…

Pour cultiver en intérieur de façon responsable, pensez à :

– la consommation d’énergie liée à l’éclairage, au fonctionnement de la pompe, à la ventilation éventuelle, à la connexion avec votre smartphone pour les potagers connectés et intelligents… Notez que les LED sont économes, durent longtemps et sont de mieux en mieux recyclées

– en hydroponie, la consommation d’eau est réduite  ; elle augmente cependant si l’air est sec (méfiez-vous du chauffage en hiver) et si la croissance est forte

– des contenants et supports en matériaux recyclés. Dans l’absolu, tenez compte aussi de la durée de vie des matériaux et de leur “recyclabilité”

– des substrats, utilisez des matériaux durables, naturels, à impact environnemental le plus raisonnable possible : billes d’argile, fibre de coco, perlite, pouzzolane…

– la possibilité de se fournir en graines ou plants bio

– l’éventualité, si vous disposez de place, d’un potager intérieur en aquaponie. La gestion est un peu technique, mais passionnante (voir encadré).

 

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Pour fabriquer son potager hydroponique

Il existe des sites qui donnent des conseils pour fabriquer son potager hydroponique. En voici quelques-uns : fr.wikihow.com/construire-un-système-de-culture-hydroponique-à-lamaison www.18h39.fr/articles/tuto-fabriquez-votre-propre-ferme-de-fenetrepour-cultiver-meme-sans-jardin.html www.remedes-de-grand-mere.com/culture-hydroponique-oucomment-faire-pousser-les-legumes-sans-terre

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L’aquaponie

Le principe repose sur les relations entre divers organismes : vous nourrissez des poissons, ceux-ci produisent des déjections riches en nitrites. L’augmentation du taux de nitrites peu à peu deviendrait toxique pour la vie aquatique sans l’intervention de bactéries qui transforment les nitrites en nitrates, véritable engrais pour les légumes du potager. En fin de cycle, l’eau est purifiée, ce qu’apprécient les poissons !

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Notes :

(1) On estime que la consommation moyenne de fruits et légumes par jour et par personne est d’environ 320 à 350 g.

(2) N’utilisez que de la fibre de coco “prête à l’emploi”.

(3) Ce pourcentage est appelé le PAR.

(4) Étiolement : croissance importante de la tige au détriment des feuilles, feuillage moins vert ; la plante cherche la lumière.

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