www.rebelle-sante.com
communauteSans
Communauté
boutiqueSans
Boutique
Image décorative. En cliquant dessus, on découvre les différents abonnements proposés par Rebelle-Santé
S’ABONNER

La santé naturelle avec Sophie Lacoste

Les femmes semencières

Les femmes semencières se dressent contre le vol et la dénaturation de la graine et plus encore pour la renaissance d'une agriculture vivante et variée.

Daniel VIGNAT

Depuis l’aube des temps, les femmes sèment, produisent, récoltent, cuisinent, conservent. Elles nourrissent l’humanité. Le rôle premier de la semence a été reconnu jusque sur nos pièces de monnaie au siècle dernier. Belle Marianne, figure de la révolution française au bonnet phrygien, semant sous un soleil radieux. Présente aussi sur les pièces d’un demi-dollar américain et appelée « walking liberty » ( !).
Mais où est la liberté de semer la vie avec des graines non-reproductibles ? La nature a été privée de sa générosité par des industriels qui ont fait de la semence une marchandise éphémère, chère et nuisible. Alors, pour les semeuses, finie la liberté. Les nouvelles semeuses, qu’on appelle aujourd’hui femmes semencières, sont aussi des révolutionnaires. Elles se dressent contre le vol et la dénaturation de la graine et plus encore pour la renaissance d’une agriculture vivante et variée. Leur élan est fort, car elles savent que l’autonomie semencière, c’est l’autonomie alimentaire.

LA SEMENCE DANS TOUS SES ÉTATS
La rupture du cycle de la nature par « les saigneurs de la terre », est parfaitement racontée et expliquée dans un documentaire de 19 minutes de Christophe Guyon : La semence dans tous ses états. Tandis que les femmes semencières sèment des graines naturelles, des associations comme Kokopelli assurent la conservation et l’échange de variétés anciennes.

Dans ce film, Jocelyn Moulin nous résume l’histoire : « …ainsi la nature donnait-elle chaque année ses graines. Mais depuis que le cercle a été rompu, pas question de faire ses propres graines, les paysans doivent les acheter et renoncer à leur autonomie. Depuis des milliers d’années jusqu’aux années 1950, la semence reproductible et adaptée au territoire se transmettait dans les familles et les villages. Mais tout s’est renversé et, sur le marché, on ne trouve plus que des hybrides F1 et des “clones chimériques brevetés” ».

Schématiquement, on peut dire qu’aujourd’hui, neuf transmultinationales contrôlent 90 % de la semence mondiale, blé et riz confondus. Plus rien n’est reproductible, la semence est séquestrée par ceux que Jocelyn appelle, trop aimablement « les grands coquins ». Le paysan indien, incapable de racheter la semence, ruiné, est amené à vendre un rein, un enfant, sa ferme ou à se suicider. 50 000 suicides par an ! Drame que l’Indienne Vandana Shiva a pu partiellement endiguer ces dernières années.

Pour Pierre Rabhi, également présent dans le film de Christophe Guyon : « Quand arrive notre civilisation, la modernité, on change de paradigme en donnant une prépondérance à l’argent. On en arrive à faire du profit même avec le patrimoine de l’humanité, normalement inaliénable. Et pour faire de ce hold-up un profit maximal, on manipule les graines en hybrides et en OGM. Ces pratiques, ajoutées au changement climatique, peuvent nous mener à une absence de récoltes et à une pénurie mondiale sans précédent sous forme de famine immédiate. »

Pour lire la suite

Déjà abonné·e, connectez-vous !

Magazine

À lire aussi

Kaydara : l’autonomie par les semences

Dans cette ferme-école de l’ouest sénégalais, on apprend les techniques d’agroécologie pour se libérer du fléau de l’agrochimie. Au cœur de la question de l’autonomie alimentaire se trouve la production de la semence, qu’il vaut mieux savoir maîtriser. Le Mouvement Femmes Semencières a réalisé sa première action de formation à Kaydara et créé au Sénégal un premier groupe de femmes participant à ce réseau mondial.

Vandana Shiva au Pérou

Vandana Shiva, en Inde, se bat depuis 25 ans pour préserver les semences et lutter contre les multinationales qui tentent de s’en emparer en brevetant le vivant. Invitée cet été par l’association Kokopelli pour le festival Kokopelli-PachaMama, elle a donné une conférence le premier jour, le 1er août, pour expliquer son combat.