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La santé naturelle avec Sophie Lacoste

Les piqûres de guêpes

Faut-il vraiment en avoir peur? Que faire lorsqu’on se fait piquer? Comment les éviter? Que faire en cas d’allergie grave?

Faites vite docteur, je viens de me faire piquer par une guêpe. J’ai peur!” Une phrase souvent prononcée par ceux qui viennent de croiser le chemin de cet insecte de si mauvaise réputation. Car les guêpes et plus généralement les hyménoptères, ordre dont elles font partie, font peur. Parmi les hyménoptères, on retrouve également les frelons, les abeilles… et même les fourmis! Et pourtant, lorsque l’on considère les chiffres, on constate que les décès sont beaucoup plus rares qu’on pourrait le croire. Chaque année, en France, on estime le nombre de décès par piqûres de guêpes à une quinzaine, un chiffre heureusement faible en regard des dizaines de milliers de personnes piquées chaque année, sans que l’on sache toutefois avec précision le nombre annuel de piqûres de guêpes. Ce que l’on sait, en revanche, c’est que 2% de la population présentent une sensibilité extrême au venin de guêpe et plus généralement d’hyménoptères. 10 à 46% de la population française présente des anticorps au venin. Une conséquence s’impose: 10 à 46% d’entre nous avons déjà été piqués dans notre vie par une guêpe ou un frelon!

Sac à venin

Plus que la piqûre en elle-même, c’est bien entendu le venin qui pose problème. Un venin dont seules les guêpes femelles sont pourvues. Car ce sont les femelles qui piquent! Elles laissent ensuite le dard et le sac à venin dans la peau de l’infortuné. Attention, même après la piqûre proprement dite, le sac continue de se vider dans la peau pendant près de trois minutes. On a donc tout intérêt à retirer le sac à venin le plus vite possible. La dose de venin injectée peut aller jusqu’à 100 microgrammes pour les guêpes et beaucoup plus pour les autres hyménoptères, frelons notamment, qui peuvent injecter jusqu’à 300 microgrammes de venin par piqûre!

Quatre types de réaction

D’une façon générale, une première piqûre de guêpe ou de frelon peut se manifester par quatre types de réactions dans les minutes et heures qui suivent. Tous les intermédiaires sont possibles entre :
=> Une simple réaction locale, la plus fréquente. La piqûre va provoquer une réaction inflammatoire se manifestant par une rougeur et un gonflement de quelques centimètres qui vont disparaître spontanément en quelques heures.
=> Une discrète réaction allergique. Il s’agit d’un placard inflammatoire d’une surface de plus de 10 cm de diamètre et qui va persister plus de 24 heures. À ce stade, on peut parler d’un “terrain” allergique, sans plus.
=> Une réaction généralisée. On peut désormais parler d’allergie de gravité moyenne. Elle survient généralement dans la demi-heure qui suit la piqûre. Dans 40 à 80% des cas toutefois, cette réaction survient lors d’une seconde piqûre. Cette réaction importante se manifeste par des signes locaux et surtout généralisés, comme une urticaire diffuse, une sensation de chaleur, une rougeur de la peau, une bouffissure du visage et parfois d’autres symptômes plus inquiétants tels qu’un malaise, des troubles respiratoires, une douleur thoracique et parfois une crise d’asthme. À ce stade, on n’est jamais très loin du choc anaphylactique.
=> …Et le choc anaphylactique. Il s’agit, bien entendu, du stade ultime et gravissime de l’allergie. Le choc anaphylactique survient dans les minutes qui suivent la piqûre, d’autant plus fréquemment que la ou les piqûres précédentes se sont soldées par une réaction généralisée. À ce stade, les troubles respiratoires sont très importants : l’arrière-gorge est gonflée, c’est le fameux œdème de Quincke, rendant difficile la déglutition de la salive et la respiration. Le cœur s’accélère et la tension artérielle chute brutalement, entraînant une perte de connaissance ou un malaise intense. Des convulsions sont possibles et même le décès si rien n’est fait.

POUR NE PLUS SE FAIRE PIQUER

=> Ne vous promenez pas près de ruches si vous êtes allergique.
=> Si vous habitez dans une zone infestée de guêpes, évitez l’eau de toilette, la lotion après-rasage ou le parfum, car ces senteurs proches des fragrances des fleurs ou des fruits attirent les hyménoptères.
=> À la plage, évitez d’avoir le corps mouillé ou enduit d’une huile solaire parfumée.
=> Évitez de porter des vêtements sombres et surtout noirs qui attirent les guêpes. Préférez les vêtements clairs ou carrément blancs.
=> Évitez d’écraser les guêpes. En effet, le venin libéré par le sac lorsqu’on écrase l’insecte va attirer ses congénères!
=> Mangez des aliments riches en zinc (coquillages…), car les insectes semblent plutôt attirés par ceux qui souffrent de déficit en zinc. Un problème de sueur?
=> Sachez que l’odeur de la térébenthine peut repousser les guêpes.
=> Ne gesticulez pas au milieu d’hyménoptères.
=> Enfin, si vous êtes poursuivi par un essaim, précipitez-vous dans l’eau ou dans des buissons. En effet, les guêpes ont du mal à suivre l’objet de leur ressentiment dans les endroits touffus.

Les bons réflexes devant une simple piqûre

=> Comme on l’a vu, il faut tout d’abord retirer immédiatement le dard et le sac à venin avec une pince à épiler ou avec le bout d’une aiguille en veillant à ne pas pincer le sac, ce qui aurait pour conséquence d’injecter dans la peau le reste du venin encore présent dans le sac. Si l’on en croit la plupart des publications médicales, l’Aspivenin (minipompe aspirante) n’aurait pas grand intérêt.
=> Approchez ensuite une cigarette incandescente à quelques millimètres de la piqûre. En effet, la chaleur dénature les substances venimeuses et va donc diminuer une éventuelle réaction allergique. Attention, les résultats sont inconstants.
=> Désinfectez l’endroit de la piqûre avec un antiseptique, car le venin peut contenir des bactéries.
=> En cas de gonflement ou de rougeur, appliquez une compresse, un pansement ou encore un mouchoir copieusement imbibé d’alcool à 60°. Du fait de sa fraîcheur naturelle et de son effet anti-inflammatoire, l’alcool va “refroidir” la piqûre et donc calmer les douleurs. Si vous n’avez pas d’alcool, utilisez des glaçons qui vont diminuer l’absorption et la diffusion du venin.
=> Enfin, si l’œdème persiste, consultez votre médecin. Des injections de corticoïdes ou d’antihistaminiques peuvent être nécessaires.

RÉACTIONS TARDIVES

Dans certains cas, la piqûre de guêpe peut être suivie dans les jours qui suivent (7 à 17 jours après!) par l’apparition de signes locaux voire généraux initialement absents. Mais rassurez-vous, à ce stade, le choc anaphylactique n’est plus à craindre. Ces réactions tardives se traduisent par des démangeaisons, une urticaire, un œdème rouge chaud et douloureux qui peut déborder largement de la zone initiale de piqûre. Des manifestations semblables à la réaction initiale mais qui s’accompagnent parfois de douleurs articulaires et de fièvre.

UN VENIN RICHE EN ENZYMES ET EN HISTAMINE

On estime que 2500 piqûres simultanées peuvent entraîner la mort, même en l’absence d’allergie. En effet, le venin de la guêpe contient des enzymes (hyaluronidase, phospholipases….) et surtout de l’histamine, la substance responsable des phénomènes de l’inflammation.

Les bons gestes en cas de choc anaphylactique

=> Il faut faire appel au 15 en urgence car une injection d’adrénaline est indispensable pour enrayer les phénomènes allergiques.
=> En cas d’allergie intense au venin, n’hésitez pas à vous auto-injecter le contenu d’une seringue d’adrénaline dans le gras de la cuisse. Des seringues vendues sous ordonnance sont disponibles en pharmacie (Anahelp®, Anapen®, Anakit®).
=> Dans l’attente de l’intervention du Samu, il faut allonger la victime et lui surélever les jambes afin d’essayer de maintenir la tension artérielle.

Petits trucs

Quelques substances appliquées sur la piqûre permettent de diminuer l’inflammation et la douleur :
=> Aspirine, après humidification de la zone.
=> Ammoniaque.
=> Bicarbonate de soude (après dilution dans de l’eau).
=> Charbon activé (après dilution dans de l’eau).
=> Argile en boue.
=> Huile essentielle de lavande (Lavandula angustifolia), en application toutes les 5 minutes, trois fois de suite puis une heure après.

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