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La santé naturelle avec Sophie Lacoste

Les sympathisants

Épisode 10

Résumé : L’article de la revue historique trouvé par Denise retrace la vie du philanthrope André de Sainte-Victoire et de sa famille. La Sympathie serait apparue dans un laboratoire vers 1935.
Retrouvez les épisodes précédents en libre accès sur le site rebelle-sante.com

Pèlerinage aux sources de la Sympathie

Chapitre 15

C’est tout petit chez Marie.

Il n’y a qu’une pièce mais elle est fonctionnelle et agréable. Un coin équipé d’un réfrigérateur et de deux plaques chauffantes – Marie ne cuisine pas beaucoup – est séparé du reste de la pièce par une sorte de bar pour former une cuisine américaine. En face, contre le mur, un canapé convertible est entouré de deux étagères en bois qui débordent de toutes sortes d’objets. Les autres murs sont tendus de tissus africains et indiens, sur lesquels sont accrochées quelques cartes postales encadrées, représentant des villages africains peints dans des tons rouges et ocres.

Au milieu de la pièce, une palette peinte en bleu turquoise sert de table basse. Dessus, se consume un bâtonnet d’encens au patchouli. Autour, on s’assoit sur des coussins. C’est là que Denise, Véronique et Marie boivent le thé.

– J’en refais ? demande Marie en se levant. Elle pose la chatte Choucroute qui était pelotonnée sur ses genoux et passe derrière le petit bar, remplit la bouilloire électrique et la remet en marche.

En revenant s’asseoir, elle trébuche sur un petit sac de voyage à motifs jamaïcains qui gît, ouvert, pas encore rempli, tandis qu’à côté de lui attendent une serviette, une trousse de toilette, une trousse d’écolier et quelques vêtements.

Véronique l’aide à ranger le sac. Elle-même ne part pas à cause des petites, mais Denise et Marie, depuis samedi dernier, depuis la confrontation des documents, sont bien décidées à aller faire un petit tour à Montluc-sur-Breuse, aux sources de la Sympathie.

Marie caresse Choucroute. C’est une chatte aux longs poils, sûrement a-t-elle des origines angora. Marie l’a recueillie quand elle est venue s’installer ici et elle l’adore. Elle pense qu’elle pourrait sympathiser avec elle si le besoin s’en faisait sentir.

Les trois amies dégustent un thé aromatisé à la bergamote. Marie a disposé des petits biscuits dans une assiette. Denise, sourcils froncés, coupe en tranches un quatre-quarts confectionné par elle-même, puis pose le couteau et déclare :

– Je pense que je vais divorcer.

Véronique et Marie la regardent, muettes. Denise poursuit :

– Il n’est pas trop tard. J’ai encore plein de choses à faire de ma vie sans m’embarrasser de quelqu’un qui passe ses journées à boire des bières devant la télé. Il ne sort que pour acheter des cartouches de cigarettes. Je ne sais pas ce que je fais avec lui… En plus, il m’a demandé de sympathiser avec lui, je lui ai dit non!

Marie s’inquiète :
– Qu’est-ce qu’il a ?
– Tiens-toi bien… des escarres aux fesses ! pouffe Denise.

Véronique est abasourdie :
– Des escarres aux fesses ? Mais comment a-t-il fait ?
– Il n’a rien fait, justement ! C’est à force de ne rien faire ! s’esclaffe Denise.

Comme Marie et Denise ont pris le parti d’en rire, Véronique les imite. De toute façon, elle n’a aucune amitié pour Roland qui n’est jamais content, alors qu’il a une épouse en or.
Marie se lève, suivie de Choucroute, pour aller chercher la bouilloire. Elle s’agenouille près de la table pour ajouter l’eau dans la théière.

– L’immobilité, oui… Ça doit être dû aussi à une fonte musculaire. S’il ne fait plus du tout d’exercice, son âge, tout ça…
– Tout ça, comme tu dis, approuve Denise en trempant résolument un biscuit dans sa tasse de thé.

Chapitre 16

En deux, annonce Alain. Roue.

– Voiture, répond Denise.
– Enjoliveur, hésite Alain.
– Jante ? interroge Denise.
– Bravo.
– Non, c’était trop facile, râle aussitôt Manu, à l’arrière de la voiture. Vous trouvez tout de suite, et quand c’est nous, vous nous mettez des mots trop durs.
– Ah, soyez bons joueurs, vous deux ! rit Denise en jetant un coup d’œil dans le rétroviseur avant de mettre son clignotant à droite.

Le village se trouve à trois kilomètres. La voiture quitte la nationale pour suivre une petite route sinueuse à travers la campagne.

Voici déjà le panneau indiquant l’entrée du village de Montluc-sur-Breuse, où vivait le philanthrope André de Sainte-Victoire.

De chaque côté d’une petite route fraîchement asphaltée, ce ne sont que des bâtisses blanches aux toits d’ardoise, certaines encore inachevées, mais toutes à peu près identiques, jouxtant leurs garages également identiques et leurs petits carrés de pelouse entourant une allée de graviers, plantés de futurs arbres qui ne sont encore que de fragiles rameaux protégés par du grillage.

Qui oserait croire que cet endroit fut le berceau de la Sympathie ?

– Autrefois, c’était certainement une bourgade bien tranquille, des champs et des prés, dit Alain, rompant le silence qui s’est installé. Aujourd’hui, c’est un village qui s’étend… Les gens qui travaillent en ville s’installent de plus en plus nombreux, pour vivre dans un cadre plus agréable.
– Mais où allons-nous trouver ce qu’on cherche ? se désespère Marie.
– Dans le bourg, sûrement.

La voiture continue. D’autres pâtés de maisons font suite à ceux que l’on a déjà vus, et bientôt surgissent l’enseigne et le parking d’un supermarché.

Denise, déçue, se rappelle les photos en noir et blanc de sa revue d’histoire.

– Je m’attendais à un petit village tout vieux, dit-elle. Avec des maisons en pierre et un lavoir.

Mais voici enfin le bourg. Une petite église beige, un bar-tabac, une boulangerie. Entre une “école de filles” et une “école de garçons” selon leurs frontons respectifs, la mairie est surmontée de deux drapeaux, un tricolore et un bleu étoilé. Non loin de là, une façade dotée d’une vitrine grossièrement blanchie porte une ancienne inscription à la peinture bleu turquoise : “épicerie”. Mais ce commerce est manifestement abandonné depuis longtemps.

– C’est ici, dit Alain.

Denise gare la voiture sur le petit parking de la mairie. Les quatre occupants sortent. Certains observent l’environnement avec un sourire satisfait, tandis que les autres s’étirent.

– Finalement, admet Marie, c’est charmant ici.

Alain désigne un petit pont, plus bas, qui mène à un coin qui, ma foi, a l’air plutôt joli.

– Ça peut être bien, là-bas, pour pique-niquer, propose-t-il avant d’ouvrir le coffre de la voiture.

Les amis se saisissent des vivres qu’ils ont apportés puis se dirigent, ainsi chargés, vers le petit pont.

Un chien blanc sale les suit en leur jetant de petits aboiements haineux et méprisants.

On entend un coq chanter, et l’eau de la rivière couler.

– Tiens, Denise, le voilà ton lavoir, dit Manu.

En effet, niché sous ce pont, il s’agit bien d’un ancien lavoir. C’est là que le groupe s’installe pour déjeuner.

– Vous vous rappelez, dit Marie, l’orphelinat, la Villa Anatole, on n’a pas pu le localiser avec Google Maps, mais c’était un ancien moulin à eau, on devrait le trouver en suivant cette rivière, non ?

C’est ainsi que, le repas champêtre terminé, la petite troupe se met en route et remonte le cours de la rivière, car en descendant on sort du village.

Ils longent quelques maisons basses cachées sous les hauts arbres. C’est très calme. Chants d’oiseaux, clapotis. On aperçoit de charmants petits jardins potagers et, derrière les grillages des jardins, quelques poules étonnées s’approchent pour les observer.

Bientôt, ils aperçoivent un grand bâtiment qui ne ressemble pas le moins du monde à un moulin, mais plutôt à une jolie propriété ancienne sertie d’une dépendance. Devant, dans la cour, deux hommes discutent. Ils surveillent d’un œil soupçonneux les nouveaux arrivants tandis que deux chiots en quête d’affection se précipitent joyeusement vers eux afin de les accueillir comme il se doit en leur léchant les mains.

Les quatre citadins s’approchent pour demander aux deux hommes s’ils savent où se trouve le moulin.

C’est ici.

Il s’agit de cet imposant bâtiment. Le plus gros des deux hommes en est l’actuel propriétaire. Le moulin doit dater du XVIe siècle, dit-il. Il s’agissait autrefois d’un moulin à mécanisme interne, ce qui explique sa taille. Oui, il a ensuite été transformé en habitation, et on a construit les communs vers 1850. Oui, André de Sainte-Victoire l’a acheté pour accueillir ses orphelins. Ah, non, ils ne sont plus là. La fondation existe toujours, mais depuis un peu plus de quinze ans, on a transféré les orphelins dans un foyer de l’Aide Sociale à l’Enfance construit exprès, pas loin, à Savigneaux-le-Rocher. Ici, ça devenait trop vétuste et difficile à mettre aux normes. Trop de travaux.

Quand Denise demande aux deux hommes s’il est vrai qu’ici les gens sympathisent depuis un siècle, ils sourient tous les deux. “Ah !”

L’un d’eux s’en retourne à ses occupations, tandis que le maître des lieux explique que oui, la Sympathie vient de Montluc-sur-Breuse, mais que cela fait quinze ans qu’il habite ici et qu’il a commencé à sympathiser en même temps que tout le monde, depuis quelques mois. C’est vrai, ajoute-t-il, souvent des gens viennent visiter les lieux où vécut Sainte-Victoire, et posent des questions aux villageois. Ça fait une distraction, on n’a pas souvent de visites par ici.

Puis l’homme indique la direction des domaines de Sainte-Victoire et de Montgéry avant de saluer ses visiteurs.

– En ce qui me concerne et avant toute chose, dit Alain en s’éloignant, il me faut un café.

À suivre…

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