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La santé naturelle avec Sophie Lacoste

Mangez les feuilles du jardin

Les feuilles sont belles au jardin et bonnes dans nos assiettes. Cultivons-en de toutes les couleurs et tout au long de l’année sans modération !

Les légumes-feuilles sont des incontournables du jardin, intéressants à la fois sur le plan nutritionnel, sur le plan économique et du point de vue de l’éco-jardinage. Leur diversité permet une production quasi non-stop, s’inscrit dans la rotation des cultures (1) et contribue à la protection des sols, notamment contre l’érosion en assurant une couverture presque toute l’année. Pour le jardinier, il y a un peu de travail, certaines espèces demandant un peu plus de soins.

Une diversité étonnante

Les plantes dont on consomme les feuilles sont très nombreuses, elles appartiennent à différentes familles botaniques (composées, crucifères, chénopodiacées, ombellifères, po- lygonacées, cucurbitacées…) et font depuis fort longtemps partie de l’alimentation humaine dans toutes les régions du monde.

L’intérêt nutritionnel des légumes feuilles

Il repose sur leur richesse en fibres, en acides aminés (2), oméga 3, éléments minéraux (calcium, fer, magnésium, manganèse, potassium), en vitamines C, K, E, B9 (acide folique)… Les légumes-feuilles ont l’avantage d’être peu caloriques, et leur présence dans notre alimentation contribue à l’équilibre des colonies bactériennes dans l’intestin. Consommés en début de repas, ils procurent une sensation de satiété, ce qui est intéressant dans certains régimes.

L’intérêt économique de ces cultures

Il est multiple. Ce sont des aliments peu coûteux et assez faciles à obtenir dans le jardin familial. Avec un cycle cultural court (3 mois) pour la plupart des espèces, la culture demande de la rigueur, mais engage peu de dépenses en dehors de l’arrosage et éventuellement des graines si on cultive des variétés F1. Récolter presque toute l’année une diversité de feuilles fraîches réduit les achats alimentaires et a un rôle positif sur la santé.

Cultiver des légumes-feuilles favorise un jardinage écoresponsable

Couverture du sol pendant 9 à 11 mois : les cultures de feuilles peuvent être intercalaires (entre deux cultures), elles peuvent occuper l’espace vide entre deux rangs d’autres cultures pendant le temps de leur installation, elles peuvent être semées denses pour protéger le sol de l’érosion.

Réduction des risques liés au lessivage des nitrates (3) qu’elles mobilisent en grandes quantités pour la production de feuilles.

Leur système racinaire, souvent laissé dans la terre après la récolte, et les déchets de récolte sont riches en glucides solubles et en acides aminés ; ils contribuent à la dynamique de la vie du sol (aération-matière organique-apport de nutriments pour la flore et la faune du sol…).

Une production tout au long de l’année

La plupart des feuilles se cultivent jusqu’aux gelées, donc en échelonnant bien semis-plantations- récoltes et stratégie de conservation, il est possible de manger du frais et des feuilles bio presque toute l’année sans se fournir à l’extérieur (voir le tableau “Une production quatre saisons”).

Parlons d’emblée de la stratégie de conservation :

Ne conservez que les feuilles en parfait état
Éliminez la terre, limaces, escargots
Faites sécher les feuilles sans les abîmer en les posant sur un tissu absorbant
Disposez les feuilles délicatement à plat dans un sac plastique perforé
Fermez le sac et mettez au réfrigérateur
Consommez des feuilles fraîches pendant 2 voire 3 semaines.

L’échelonnement de la production dépend du climat, de la possibilité que vous avez de faire des plants et de les repiquer, des espèces et des variétés choisies. On constate que les plants issus de semis spontanés sont plus résistants, plus adaptés au climat local, ce qui peut présenter un avantage et compenser parfois une moindre production.

Éviter la montée en graines

Pour obtenir une belle production de feuilles, le passage de la phase végétative (la plante ne produit que des feuilles) à la phase de reproduction au cours de laquelle apparaissent les fleurs, puis les graines, doit se faire le plus tard possible.

L’entretien des légumes-feuilles

La production de feuilles est stimulée par l’azote.

⇒ Si vous arrosez ou en climat humide, prévoyez de fractionner les apports d’azote (4) en trois à quatre fois, le premier se faisant peu après l’apparition des feuilles vraies (voir schéma). En cours de culture, binez les herbes indésirables et laissez-les sur place. Complétez avec du paillage pour limiter le désherbage et économiser l’eau.

La protection des légumes-feuilles

Elle doit être particulièrement réfléchie, car même si les feuilles sont lavées, le risque d’accumulation ou de persistance de résidus sur cette partie de la plante que nous ingérons sans épluchage n’est pas à négliger.

Quel que soit le produit, même naturel, de nombreux facteurs peuvent intervenir sur sa dangerosité : l’accumulation des molécules issues du produit dans certaines zones de la feuille, l’évolution de ces molécules à la lumière ou sous l’influence d’autres composés chimiques…

Bref, ce sont certaines stratégies culturales qui doivent être privilégiées pour éviter les maladies et les parasites, et préserver notre santé.

Zoom sur quelques feuilles peu connues

Le chou Kale

Ce chou frisé qui ne forme pas de pomme ni d’inflorescence et « monte en tige » au fur et à mesure de la croissance est intéressant sur le plan nutritionnel et gustatif, il a de plus l’avantage de prendre peu de place au jardin.

Cultivez-le dans un sol frais, plutôt lourd (argileux) et arrosez un peu à la plantation et en cas de chaleur. C’est un tardif, semez-le au chaud en avril ou en pleine terre en mai-juin, repiquez-le à 5-7 cm de haut. Rustique, il se récolte d’octobre à décembre, on prélève les feuilles au fur et à mesure des besoins en commençant par le bas.

Le chénopode

Disons les chénopodes, car on peut en cultiver plusieurs : certains sont des annuelles potagères et ornementales à la fois, elles sont assez grandes : 1,5 m de haut pour le chénopode blanc et plus de 2 m pour le chénopode géant. Le chénopode du Bon Henri, de taille plus modeste (80 cm), est une vivace très souvent présente à l’état spontané dans nos jardins.

Semez ou plantez à raison de 5 plants/m², de mars à mai, ou de septembre à octobre, en pleine terre. Rustique, il est facile à cultiver en sol drainé et riche en matière organique. La récolte s’étale de juin à octobre-novembre en climat doux en fonction des dates de semis et plantation.

La moutarde Mizuna

En fait, c’est un chou (Brassicacée). Bisannuelle, rustique la première année, elle développe une rosette de 15-20 cm de haut qui rassemble les feuilles, et l’année suivante, elle fleurit.

La plantation entre mars-avril et fin septembre se fait en sol drainé restant frais, assez bien pourvu en matière organique ; la récole des feuilles commence en mai-juin jusqu’en décembre-février. Les feuilles se consomment quand elles sont jeunes : lorsque la chaleur arrive, arrosez régulièrement pour avoir des feuilles tendres.

Notes :

(1) Dans la rotation des cultures, les légumes-feuilles sont une étape intéressante pour consommer l’azote du sol, pour ameublir la terre sur 10 à 20 cm, pour éviter qu’une même culture revienne au même endroit, ce qui augmente les risques sanitaires.
(2) Élément constitutif des protéines.
(3) Les plantes absorbent l’azote sous forme de nitrates.
(4) Le purin d’ortie, le sang séché sont faciles à utiliser pour apporter de l’engrais azoté.

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