Mieux comprendre les enjeux du sauvetage de graines
Personne ne peut imaginer que, demain, on ne puisse plus garder quelques « pépins » de courgettes au moment où on prépare sa ratatouille pour refaire pousser des courgettes dans son jardin l’année suivante… Et pourtant, on est tout près de la réalité.
UN CATALOGUE « OFFICIEL »
Aujourd’hui, les graines ne peuvent être vendues (aux agriculteurs par des coopératives et des semenciers ou aux jardiniers amateurs dans leur jardinerie) que si elles sont répertoriées officiellement dans un catalogue : le catalogue officiel des espèces et variétés. Et ce catalogue impose des tas de contraintes, de normes, de rentabilité… Tout ce qui va à l’encontre de la biodiversité, des variétés anciennes (et dont l’un des charmes est la « non-uniformité » justement !).
LE CATALOGUE DES BREVETS…
On peut évidemment faire le parallèle avec les remèdes naturels… Aujourd’hui, personne ne prend « à bras le corps » l’étude du kawa kawa (Piper methysticum), merveilleux anxiolytique naturel, ni ne se lance dans les démarches et nombreux essais nécessaires afin qu’il soit considéré comme un médicament et puisse être prescrit à la place des benzodiazépines qui vous grillent les neurones. Pourquoi ? Parce que les seules structures qui lancent ce genre d’études à grande échelle sont les laboratoires pharmaceutiques. Mais, une fois leurs résultats publiés, ils ne pourraient pas empêcher d’autres laboratoires, ou même des producteurs, de vendre du kawa kawa en cas d’angoisse et d’insomnie. Pourquoi ? Parce qu’il est interdit de breveter une plante !
Et les plantes n’ont pas leur place dans l’arsenal thérapeutique alors qu’elles soignent les humains depuis l’aube de l’Humanité…
Dans le cas des semences, le parallèle est vite fait…
Les grands semenciers qui ont les moyens d’inscrire les semences au catalogue officiel* après leur avoir fait passer tous les tests de productivité, normalité, rentabilité, etc., ne vont pas s’amuser à le faire pour des variétés anciennes que tout le monde pourrait vendre…
LES OGM
Il y a les OGM transgéniques : on modifie leur ADN en y intégrant des gènes d’une autre variété, d’un animal, etc.
Mais aussi les plantes mutées : des variétés dont on a modifié l’ADN sans faire intervenir de gène étranger… Une fois la structure de la graine modifiée, le « créateur » peut déposer un brevet. Il devient alors le seul autorisé à vendre ou utiliser les graines concernées.
Il faut savoir que :
> Lorsqu’un producteur décide de planter des graines OGM, il n’achète les semences que pour une récolte. Il lui est interdit d’utiliser les graines de sa récolte pour les replanter : le brevet appartient à Monsanto.
> Les plantes génétiquement modifiées sont, de fait, plus résistantes que les mêmes variétés non modifiées puisqu’on intègre chez elles des gènes de défense, de croissance, de résistance, etc. Or, les OGM ne sont pas stériles et les pollens voyagent, viennent se mêler aux variétés anciennes, jusqu’à les faire disparaître pour prendre leur place.
LES HYBRIDES F1
Quand vous achetez vos graines à planter dans votre jardinerie, regardez bien les sachets : à moins de bien chercher pour dénicher LA variété AB (issue de l’agriculture biologique) cachée au milieu, vous ne trouverez que des graines d’hybrides F1. Ces semences sont issues du croisement de plantes clonées, appauvries génétiquement jusqu’à obtenir une lignée pure. Le croisement donne, à la première récolte, une plante résistante et très productive, mais dès la seconde, c’est fini !
Si vous êtes un professionnel, maraîcher ou agriculteur, vous n’avez pas le choix : vous ne pouvez pas prendre le risque d’obtenir une récolte hasardeuse, vous devez donc racheter des graines.
* au même titre que les laboratoires pharmaceutiques obtiennent des « autorisations de mise sur le marché », les fameuses AMM.
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