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La santé naturelle avec Sophie Lacoste

Pollution aérienne

La nutri-stratégie à mettre en œuvre

La pollution aérienne va continuer à miner notre santé malgré la parenthèse du confinement imposé par la pandémie de Covid-19. Les plus préoccupants des polluants aériens sont les particules fines et plus encore, les particules ultrafines, malheureusement non prises en compte dans le calcul de l’indice de la qualité de l’air. Sous l’effet de cette pollution, l’organisme subit un stress oxydatif contre lequel on peut l’aider à se défendre en consommant davantage d’aliments riches en antioxydants. Au besoin, un apport complémentaire en antioxydants peut être envisagé. 

Depuis des années, j’entends des chiffres aussi inquiétants les uns que les autres sur les effets délétères de la pollution aérienne sur la santé humaine : 

⇒ à l’échelle de la planète, la pollution aérienne est responsable de près de 4 millions de morts prématurées par an ;

⇒ près d’un million d’enfants décèdent d’une pneumonie chaque année, et dans plus de la moitié des cas, ces décès sont attribuables à la pollution aérienne ;

⇒ au sein de l’Union Européenne (UE), près de 500 000 décès prématurés par an sont imputables à la pollution européenne, dont près de 50 000 en France, ce qui fait de nous le cinquième pays de l’UE le plus touché ;

⇒ enfin, 98 % des villes de plus de 100 000 habitants ne respectent pas les directives de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en matière de qualité de l’air.

Objectif Alzheimer

Plus le temps a passé, et plus l’idée de consacrer un article à la pollution aérienne est devenue pour moi une évidence. Le déclic final s’est produit en ce début d’année quand j’ai pris connaissance des résultats d’une étude américaine visant à évaluer les effets d’une exposition chronique aux particules fines sur le cerveau de 1000 femmes âgées de plus de 70 ans. La conclusion des chercheurs est sans appel : plus on est exposé, à un âge avancé, à la pollution aérienne, notamment aux particules fines, plus le cerveau s’atrophie, et plus les performances cognitives diminuent. Autant dire que l’on pave le chemin à la maladie d’Alzheimer (1) ! 

Inquiétudes autour de la pollution particulaire

Les polluants aériens se présentent sous forme de gaz (dioxyde de soufre, dioxyde d’azote, ozone…) et de particules classées selon leur taille. On distingue ainsi les particules :

⇒ grossières, avec diamètre inférieur à 10 micromètres (PM10) ;

⇒ fines, avec diamètre inférieur à 2,5 micromètres (PM2,5) ;

⇒ submicroniques, avec diamètre inférieur à 1 micromètre (PM1) ;

⇒ ultrafines, avec diamètre inférieur à 0,1 micromètre (PM0,1) (2).

Au sein de la communauté scientifique, un large consensus se dégage pour considérer les particules fines et ultrafines comme les polluants aériens les plus préoccupants. La dangerosité de ces micropoussières (3) ne tient pas seulement à leur grande finesse, mais aussi au fait qu’à leur surface s’accrochent des substances chimiques toxiques telles que des hydrocarbures aromatiques polycycliques (benzène, toluène…), des métaux lourds ou des pesticides. Elles peuvent aussi transporter des substances biologiques comme des endotoxines… ou des virus !

En 2017 a été publiée une étude épidémiologique dans laquelle des chercheurs chinois ont collecté des données dans 47 villes afin d’établir la relation entre exposition aux particules fines et nombre de cas de grippe, et il s’est avéré que les particules fines augmentaient effectivement le risque de transmission du virus de la grippe. Ils ont même chiffré à près de 11 % le nombre de cas de grippe imputables à l’exposition au virus via les particules fines. Alors que l’épidémie de coronavirus (Covid-19) n’en finit pas de se propager au moment où j’écris ces lignes, on regarde soudainement d’un autre œil les résultats de cette étude réalisée dans un pays durement affecté par la pollution aérienne urbaine (4).

Des poisons qui agissent à petit feu

Une fois inhalées, les particules arrivent aux poumons où les plus grosses d’entre elles sont bloquées et éliminées. En revanche, les plus fines sont potentiellement capables de traverser la barrière pulmonaire. Une fois passées dans le sang, plus rien ne s’oppose à leur dissémination et à leur accumulation dans des organes tels que le cœur et le cerveau. Elles peuvent alors y exercer leurs effets néfastes de manière insidieuse, générant un stress oxydatif et une inflammation chronique à l’origine de nombreux problèmes de santé touchant différentes sphères, les principales concernées étant la sphère respiratoire (asthme, bronchite, BPCO, pneumonie, cancer du poumon) et la sphère cardio-vasculaire (athérosclérose, arrêt cardiaque, attaque cérébrale).

Particules ultrafines : très discrètes, mais très nocives

En France, on s’appuie sur l’indice Atmo pour définir quotidiennement la qualité de l’air dans les agglomérations de plus de 100 000 habitants. Calculé sur la base des mesures de quatre polluants, dont les particules PM10 – et uniquement celles-là -, cet indice a donc pour grand défaut de ne pas prendre en compte les particules de très petites tailles, en particulier les particules ultrafines, pourtant reconnues – y compris par l’ANSES – comme étant les plus dangereuses pour la santé humaine.

La technique de mesure de masse, qui permet de peser les particules les plus imposantes, est inappropriée pour les particules ultrafines, qui contribuent pour très peu à la masse globale des particules. En revanche, ces particules ultrafines sont de très loin les plus nombreuses (80 à 87 %).

Des mesures effectuées en 2019 à Paris, dans le métro et le RER, ont révélé que 99,5 % des particules dénombrées étaient de taille inférieure ou égale à PM1 ! Or, ce sont celles-là qui menacent le plus la santé des usagers et des personnels présents…

Et maintenant, que fait-on ?

Des solutions plus ou moins efficaces existent pour se protéger de la pollution aérienne, à court terme (masques antipollution, purificateurs d’air, plantes dépolluantes, aération quotidienne des locaux…) ou à plus long terme (végétalisation des villes, diminution des sources d’émission de polluants…).

L’apport de la nutrithérapie n’est pas à négliger car elle peut s’opposer à la dégradation du terrain résultant d’une exposition chronique à la pollution aérienne. En l’occurrence, il s’agira de lutter contre le stress oxydatif et l’inflammation chronique à bas bruit qui lui est associée.

Des antioxydants au menu

Cela passe en premier lieu par l’adoption d’une alimentation faisant la part belle aux aliments à fort potentiel antioxydant.

Un bon point de plus pour la vitamine D !

Voilà une propriété totalement méconnue de la vitamine D. Et pourtant, au même titre que de nombreux phyto-composés de la grande famille des polyphénols (quercétine, curcumine, resvératrol…), la vitamine D appartient elle aussi à la catégorie des antioxydants indirects. Cela veut dire qu’elle ne neutralise pas directement les radicaux libres – comme s’en charge la vitamine C par exemple. En revanche, elle contribue à activer la voie Nrf2, qui protège les cellules contre les attaques radicalaires en stimulant l’expression des gènes antioxydants. Bref, une nouvelle illustration des effets génomiques de la vitamine D !

Pour tout savoir sur la vitamine C, ne manquez pas le prochain n° de Rebelle-Santé, dans lequel je publierai justement un article consacré à cette vitamine essentielle !

(1) Younan D. et al, Particulate matter and episodic memory decline mediated by early neuroanatomic biomarkers of Alzheimer’s disease, Brain, 2020 Jan.
(2) Certains considèrent les particules submicroniques comme étant déjà des particules ultrafines.
(3) Une particule fine est plus de 30 fois plus petite qu’un grain de sable.
(4) Gongbo C. et al, The impact of ambient fine particles on influenza transmission and the modification effects of temperature in China : a multi-city study, Environ int, 2017 Jan.

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