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La santé naturelle avec Sophie Lacoste

Profs en transition

Un réseau pour réfléchir à l’école de demain

Les jeunes ne sont pas les seuls à avoir entendu l’appel de Greta Thunberg. Face à la crise climatique, un réseau s’est mis en place pour fédérer tous les acteurs de l’éducation et ouvrir les perspectives pédagogiques autour d’une école plus responsable qui prépare les élèves aux enjeux environnementaux et sociaux de l’avenir. Rencontre avec un des cofondateurs de « Profs en transition ».

À 40 ans, Antoine Maldonado enseigne à Pau dans une classe de CM1-CM2. À l’automne 2018, il créait avec Frédérick Heissat, son collègue et ami, enseignant dans les Landes, le réseau « Profs en transition », qui rassemble aujourd’hui plus de 28 000 membres sur un groupe Facebook.

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Comment êtes-vous devenu enseignant ?

Antoine Maldonado
Je ne l’ai pas toujours été. Avant, j’étais ingénieur dans l’aéronautique. Je vivais bien, mais je m’ennuyais dans mon travail. Au fond de moi, j’ai toujours voulu devenir enseignant. J’ai finalement décidé de passer le concours pour devenir professeur des écoles en 2016 et je m’épanouis aujourd’hui pleinement dans mon métier. J’enseigne à Pau, à de petits citadins, mais la nature n’est pas loin. Même si, socialement, il est plus conforme qu’un ingénieur devienne prof du secondaire, j’ai choisi d’enseigner dans le primaire pour le faire de façon transdisciplinaire. Je ne voulais pas m’enfermer dans un seul domaine d’enseignement. De même, j’ai choisi une classe à double niveau, car je trouve que la marge éducative est plus intéressante. Les élèves peuvent construire leurs apprentissages à leur rythme en consolidant leurs connaissances ou enallant un peu plus loin selon leur zone de développement. Ma pédagogie se rapproche de celle initiée par Célestin Freinet, mais je n’en oppose aucune. Je vois davantage les mouvements pédagogiques comme complémentaires. Quand on fédère une classe autour d’un projet, on peut mobiliser tous les savoirs qui gravitent autour d’une thématique. Le moyen le plus efficace de sensibiliser les élèves aux problématiques environnementales, c’est également de les mettre en action. La mémoire fonctionne à l’affectif : plus les élèves sont impliqués, mieux ils acquièrent les connaissances.

Sur quels projets travaillez-vous pour sensibiliser vos classes à l’écologie ?

Les sujets ne manquent pas. Concrètement, j’ai commencé avec un projet sur la thématique des déchets, qui est une thématique assez facile à mettre en oeuvre parce qu’elle fait malheureusement partie de notre quotidien. Elle conduit également à réfléchir au niveau individuel et à la pollution au sens large. Les déchets sont partout, dans nos classes, à la maison et aux abords des écoles. Éduquer au tri est déjà institutionnalisé, mais on ne parle pas suffisamment de réduire la quantité de déchets produits : aller vers le zéro déchet. N’éduquer qu’au tri reviendrait à laisser la moitié des déchets sans solution. Avec ma classe, nous avons commencé par réaliser un circuit autour de l’école en collectant les déchets sur ce parcours. Nous les avons analysés : matériaux, type de déchets, puis pesés, mesurés, catégorisés, et nous avons cherché ensemble des solutions et des alternatives à chacun d’entre eux. Ce genre d’exercice permet aux élèves de prendre rapidement conscience de l’ampleur du phénomène et des micro-déchets, tout en les initiant à la question du rapport d’échelles… Réaliser un diagnostic des déchets produits en classe est également un bon exercice. Dans nos classes, nous consommons encore beaucoup de matériel jetable, notamment dans les fournitures scolaires. Nous apprenons à prendre de la distance sur un objet de consommation courant. Nous réfléchissons donc avec les élèves aux fournitures qui sont les plus adaptées, saines et durables. Nous constituons ensemble notre « cartable vert ». Les élèves étudient tout d’abord les fournitures sur un catalogue virtuel (coût, lieu de fabrication, matière et composition, possibilité de les réutiliser ou jetables, etc.) puis sur les véritables catalogues de fournisseurs. Au-delà des compétences citoyennes (qui leur permettent d’apprendre à mieux consommer et de devenir ce que j’appelle des consomm’acteurs), cet exercice permet de réinvestir un grand nombre de notions, notamment en mathématiques et en français.

Ce projet est aussi une formidable occasion pour se concerter avec les collègues, pour harmoniser nos pratiques, mutualiser notre matériel, réfléchir par cycle aux supports utilisés pour qu’ils suivent l’élève, et simplement partir de ce que l’on a, plutôt que d’acheter sans regarder.

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