Que faire en cas d’accident nucléaire ?
Autrefois impensable en France, une catastrophe nucléaire n’est plus à exclure. Dans ce cas, comment les secours sont-ils organisés ? Quelles consignes doit-on respecter ? Faut-il suivre à la lettre les instructions officielles ?
Par Emmanuel Thevenon
Selon les autorités, tout est prévu. Pourtant, à y regarder de plus près, le système révèle des failles en matière de sécurité. Ce ne sont pas seulement les organisations antinucléaires qui le disent, de nombreux élus des villes proches des sites nucléaires sont également inquiets.
LE POINT DE VUE OFFICIEL
« Inutile de paniquer, l’Etat s’occupe de tout. Suivez les indications de ses services et tout ira bien », tel est en substance le discours rassurant des autorités.
LES CONSIGNES OFFICIELLES (Sources : Autorité de Sûreté Nucléaire «Les bons réflexes») |
Imaginons par exemple qu’un accident grave survienne dans une centrale nucléaire. Si tout se passe bien, préfecture, sous-préfecture, maires des communes environnantes, gendarmerie, pompiers… sont aussitôt prévenus. Le préfet déclenche le plan particulier d’intervention (PPI) : la sirène retentit (son modulé de trois fois une minute) et les véhicules munis de haut-parleurs se mettent en route. La population est invitée à se mettre à l’abri et à l’écoute de France Bleu ou de France Inter. Rapidement, les postes de commandement s’organisent. Les différents services de l’Etat interviennent : système de téléphonie par satellite, barrages routiers, cellule mobile d’intervention radiologique… Selon la gravité de la situation, les habitants sont invités à prendre leurs pastilles d’iode. Cet iode stable a pour effet de se fixer sur la thyroïde (organe qui retient l’iode), de la saturer et d’éviter son irradiation par l’iode radioactive contenu dans le nuage échappé de la centrale. Si nécessaire, la population peut être évacuée à bonne distance de la zone irradiée. Le PPI prend fin quand la situation est redevenue normale (son continu pendant 30 secondes).
DÉFAILLANCES
Revue de détail des quelques problèmes rencontrés lors de ces exercices, pourtant largement médiatisés avant leur mise en place :
– La communication circule mal.
– Les simulations ont toujours lieu le jour. Comment s’organiseraient les secours si l’accident survenait au milieu de la nuit ?
– Les périmètres protégés ne dépassent pas 10 km, alors que le nuage radioactif se propagera sans doute beaucoup plus loin en fonction du vent.
– Les pastilles d’iode ne protègent que de l’iode radioactif. Elles sont totalement inefficaces contre les autres éléments radioactifs (césium, strontium, américium, etc.). Surtout, cet iode doit être absorbé quelques heures (six de préférence) avant l’arrivée du nuage radioactif. La distribution de ces comprimés risque d’être trop tardive.
– « Quant à l’évacuation de la population située sous le vent, s’inquiète Roland Ksouri, un sapeur pompier, elle sera très difficile avec des ordres et contre-ordres, l’affolement et la panique (accidents routiers, embouteillages etc.). »
Pour les associations antinucléaires, il est vain et inefficace de « se préparer à un accident nucléaire ». Il faut au contraire tout mettre en œuvre pour empêcher qu’il ne survienne. Selon elles, « la méthode la plus sûre est de fermer au plus vite les centrales nucléaires et de développer massivement les économies d’énergie et les énergies renouvelables. Avant qu’il ne soit trop tard. »
POUR EN SAVOIR PLUS
SITES NON OFFICIELS
Réseau sortir du nucléaire : www.sortirdunucleaire.org
Info nucléaire : www.dissident-media.org
Greenpeace : www.greenpeace.org
SITES OFFICIELS
CEA : www.cea.fr
Gouvernement belge. Programme SAGE de la Commission européenne : www.ec-sage.net
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