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La santé naturelle avec Sophie Lacoste

Prendre soin du sol…

... avec le Bois Raméal Fragmenté

Apporter du BRF au jardin, offre un double avantage : celui d’amender le sol et d’utiliser une bonne partie des déchets de taille. 

L’utilisation du BRF est une pratique connue qui, au-delà des avantages techniques qu’elle procure, s’inscrit tout à fait dans la logique d’un jardinage écoresponsable. Cette technique améliore durablement le fonctionnement du sol avec de nombreux effets positifs pour les cultures. Le jardin est plus naturel et, globalement, le bilan carbone est réduit. 

Un résidu de culture particulier 

Le Bois Raméal Fragmenté est un résidu de culture, il provient de la taille des arbres fruitiers ou ornementaux. Les propriétés spécifiques du BRF nécessitent que les bois de taille soient triés et « fragmentés », donc passent au broyeur.

Une fabrication simple

Les rameaux à garder pour faire du BRF sont les rameaux :

• qui ont un diamètre inférieur à 7 cm, ce sont donc des rameaux jeunes
• qui sont vivants ; le bois mort n’entre pas dans la composition du BRF.

Les rameaux sont broyés pour faire des morceaux de 3 à 5 cm. Le passage au broyeur permet d’obtenir un produit :

• que l’on peut épandre sur le sol et enfouir superficiellement
• qui, dans le sol, restera assez aéré pour une activité biologique aérobie (1)
• qui a une taille suffisante pour être un support de nourriture pour les champignons décomposeurs impliqués dans la fabrication du BRF
• dont la cuticule de protection a été érodée lors du broyage, facilitant ainsi le travail des décomposeurs.

BRF versus Compost 

Le BRF n’est pas une sorte de compost, le choix des rameaux et la façon dont ils vont être « travaillés » conditionnent les bénéfices de cette pratique.

Composition et broyage

Les rameaux utilisables pour faire du BRF (diamètre inférieur à 7 cm) ont commencé à se lignifier, restent encore souples, et concentrent l’essentiel des éléments minéraux et organiques de l’arbre. 

*

Achetez malin !

Pensez à la mutualisation du broyeur entre voisins ou à une autre échelle. 

Un achat commun a au moins deux avantages :
• réduire l’investissement individuel et éventuellement permettre l’achat d’un matériel plus résistant ou plus durable
• réduire le bilan carbone lié à la fabrication. Le bilan carbone de fabrication d’un broyeur est en principe, surtout si son origine géographique est proche, inférieur à celui correspondant à la fabrication de plusieurs broyeurs.

Pour obtenir un vrai effet BRF

Deux composés sont nécessaires dans le processus : la lignine et la cellulose qui, par l’humification, ont un rôle particulier sur le sol, un rôle stabilisant.

La composition des rameaux varie en fonction de divers facteurs : 

⇒ Plus un rameau est jeune plus le bois est souple, ce qui correspond à une teneur en lignine limitée, mais suffisante pour « faire du BRF » et à une richesse importante en éléments minéraux, sucre, cellulose, protéine.
– La plupart de ces composants se dégradent facilement.
– La lignine, elle, ne se dégrade pas facilement et nécessite l’intervention notamment de champignons spécialisés lignivores, il n’en faut donc pas trop. 
– La présence d’azote (dans les protéines) permet le développement des champignons et des bactéries.  

⇒ L’espèce des arbres utilisés : les teneurs en minéraux, lignine, azote ou autres sont assez variables par exemple entre des rameaux de chêne, de frêne ou de saule.

⇒ Le moment de la coupe des rameaux (entre la fin d’été et l’automne après la période d’activité ou au moment de l’entrée en dormance). Ne pas garder trop de feuilles pour ne pas orienter le processus de dégradation vers le compostage.

Le traitement des rameaux a une influence sur le produit.

Il faut favoriser :

⇒ Un broyage en morceaux de 3 à 5 cm avec lacération de la cuticule recouvrant les rameaux, ce qui facilite l’activité des champignons.

⇒ Une utilisation immédiate pour profiter de l’humidité du broyat et éviter un départ en fermentation pendant le stockage.

Il faut éviter :

⇒ Un broyage trop fin (moins de 2 cm).

⇒ De faire des tas de BRF et de différer l’épandage.

Les avantages du BRF 

Effet fertilisant par le processus de minéralisation.

Effet d’amendement du sol par le processus d’humification.

Effet d’aération du sol qui facilite le réchauffement, l’activité de la faune du sol.

Effet de protection du sol :

Effet sur le pH, qui est ramené aux alentours de la neutralité.

Effet positif global sur la faune et la flore du sol, l’activité et la diversité des populations.

Diminution des interventions du jardinier : pas d’apport de fertilisant, réduction des arrosages, un jardinage plus naturel.

Mise en œuvre de la technique du BRF

⇒ Récolter des rameaux lors des opérations de taille. Un apport de quelques rameaux verts apportent humidité et glucides.

⇒ Broyer dans la foulée (rappel : fragments entre 3 et 5 cm). Il est important de se doter d’un broyeur assez performant, certaines espèces ont un bois dur, même si les rameaux sont relativement jeunes.

⇒ Épandre sur la terre sur une épaisseur de 3 cm environ à raison de 15 à 25 litres/m².

⇒ Incorporer par griffage sur les 3 à 10 premiers centimètres selon le type et l’état du sol (en sol sableux incorporer sur 8-10 cm, en sol argileux ou en sol compact sur 3-5 cm).

⇒ Veiller à ce que le mélange terre-broyat soit aéré pour que l’évolution se fasse correctement.

⇒ Renouveler l’apport de BRF sur plusieurs années pour une amélioration durable de la structure du sol.

⇒ Semer ou planter selon la culture.

Quelques questions en suspens

Quelles espèces utiliser pour faire du BRF ?

De nombreuses hypothèses sont avancées sur les essences à utiliser et celles à éviter. Les expériences sur le terrain donnent des résultats contradictoires. 

⇒ Recommandation classique : ne pas dépasser 15-20 % de résineux.

⇒ Certaines espèces sont réputées imputrescibles (acacias). Ne pas confondre les propriétés du bois et celles des jeunes rameaux qui, eux, ne posent pas de problème pour faire du BRF.

⇒ Certaines espèces sont réputées produire des substances toxiques ou antigerminatives, par exemple le noyer (2). Or des expériences de BRF fait à partir de rameaux de noyer sont relatées comme positives…

⇒ Pour faire du BRF, la meilleure recommandation est donc de mélanger les espèces disponibles (chêne, frêne, saule, mimosa, tilleul, pommier, poirier, pêcher, noisetier, forsythia, fusain, troène…). 

Quelles cultures faire après un épandage de BRF ?

Des légumineuses, des cultures peu exigeantes en azote, des cultures qui ne craignent pas les restes de matière organique dans les 10 premiers centimètres du sol (éviter oignons, ail, pommes de terre, ou les petites graines).

Repiquer des plants la première année peut être une bonne formule et attendre l’évolution complète du BRF pour avoir une belle terre fine avant de semer des graines très fines.

Un bilan carbone réduit

L’utilisation du BRF par le jardinier contribue à la réduction du bilan carbone de l’activité jardinage :

⇒ Le BRF est riche en carbone dont une partie importante reste dans le sol sous forme stable, intégrée aux microstructures du sol.

⇒ Le BRF que vous utilisez pour votre jardin provient :

– soit de vos déchets de taille ou de ceux de votre voisin. Pas de transport, c’est uniquement le broyage qui a un impact (limité) sur le bilan carbone,

– soit de la plateforme déchets verts de votre commune, et, en principe, le bilan carbone reste faible également.

Notes :

(1) Aérobie : qui a lieu en présence d’oxygène donc de l’air
(2) Le noyer est réputé toxique pour certaines espèces végétales, fongiques… En effet, il produit et contient dans ses tissus de la juglone. Mais les effets négatifs semblent varier avec l’âge, l’espèce…

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