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La santé naturelle avec Sophie Lacoste

Sauveurs de vie

Traitée à temps et soignée correctement, l’insuffisance rénale se stabilise

L’insuffisance rénale est une maladie difficile à dépister. Son évolution parfois silencieuse laisse longtemps dans l’ignorance du problème.

Lorsque des signes récurrents se manifestent, ils annoncent l’urgence d’un besoin de soins médicaux qui outrepassent alors les traitements préventifs. Dans les cas les plus graves, la dialyse devient nécessaire.

Médecine et médecine

Le monde, la Terre et les êtres humains sont aujourd’hui en révolution. La guerre se joue à tous les niveaux, individuel et collectif, froid et passionnel. L’univers médical n’y échappe pas. Les immenses progrès de la science comportent leurs revers. Rigidité séculaire, manque d’éthique, erreurs ou omissions se croisent sur le palier des vocations dont la noblesse originelle est de sauver des vies humaines. Dans la contradiction survient toujours un palliatif sous forme d’opposition directe. Celle-ci est une concurrente indiscutable, irréprochable puisqu’elle est la nature elle-même et s’autoproclame “médecine naturelle”. Conscients de la foi qu’elle développe en ceux qui ont perdu tout espoir, les laboratoires, grands manitous de la santé, vont s’allier avec les plantes, le soleil et la mer, et parfois même avec un élément essentiel capable de nourrir l’inconséquence, répondant au pseudonyme de placebo. Préventive, la médecine naturelle est la sagesse même. Curative des maladies d’hypocondrie, elle est le chef indiscutable. Mais lorsqu’il s’agit de graves pathologies, elle devient l’alliée des traitements lourds, auxquels, en aucun cas, elle ne peut se substituer. C’est ainsi que la tempérance installe son ordre nécessaire au rétablissement. Il peut parfois être très dangereux de jouer à l’apprenti sorcier. Devenir médecin de soi-même ne sera jamais concluant face à une maladie exigeant le savoir et la compétence pour la soigner.

Symptômes, diagnostics et traitements

Tandis que l’insuffisance rénale aiguë se traduit par l’anurie (absence d’urine ou émission de très faibles quantités d’urines), par des troubles digestifs, voire des hémorragies, par l’apparition d’œdèmes et de très grandes fatigues, et qu’elle est réversible si, bien entendu, elle est prise en charge rapidement, l’insuffisance rénale chronique, lorsqu’elle est modérée, n’entraîne que peu de signes. Elle est généralement découverte au hasard d’examens en laboratoire. Dans les deux cas, traitée à temps, la maladie est guérissable à court ou moyen terme. Cependant, malgré la surveillance et les soins, l’évolution de l’insuffisance rénale chronique nécessite souvent le recours à l’hémodialyse qui consiste à “épurer” artificiellement le sang. Ce traitement permet de suppléer temporairement ou définitivement la fonction rénale dont le rôle est de filtrer le sang. Le diagnostic de l’insuffisance rénale repose sur un examen sanguin révélant un taux élevé de créatinine. En cas d’insuffisance chronique avancée, anémie et fatigue importante se manifestent, le malade est essoufflé et hypertendu. Des problèmes osseux apparaissent chez les enfants et retardent leur croissance. Une insuffisance rénale chronique peut être responsable de troubles neuromoteurs et cardiaques. Les traitements prescrits sont : un régime très strict ; des médicaments pour abaisser le taux de phosphore et de potassium et normaliser la pression artérielle ; la dialyse et la greffe d’un rein.

Prolonger la vie

Il est certaines maladies qui ne plaisantent pas avec la vie. L’insuffisance rénale chronique en fait partie. J’ai rencontré un combattant de la souffrance, un de ces hommes dont l’existence est vouée à la prolongation de la vie dans le cadre d’une maladie autrefois meurtrière. Le docteur Khalil Chedid a quitté le Liban pour venir en 1965 poursuivre des études de médecine en France. Spécialisé en néphrologie, il est aujourd’hui réputé pour son talent dans l’art de soigner cette insidieuse pathologie. La bienveillance et la patience dont il fait preuve lui valent la reconnaissance de ses patients qu’il accompagne tout au long d’un parcours thérapeutique le plus souvent difficile à traverser. Loin des consultations à la va-vite, le docteur Chedid prend le temps nécessaire à l’établissement de la confiance et de la compréhension. Le trajet sera long, ils le feront ensemble. Comme un maître avec son disciple, le docteur Chedid place son patient sous une protection empathique qui, sans tomber dans l’assistanat, se révèle une part de la réussite du traitement. Ses mises en garde et ses conseils ajoutent au protocole de soins un garde-fou psychologique favorable à l’émergence du courage et de la rigueur chez les malades : “Il faut transcender une situation pour pouvoir la vaincre”, dit-il. Et d’ajouter : “Sauveurs de vie, dites-vous, c’est peut-être une définition trop importante pour ce que nous faisons. Nous permettons aux gens de continuer à vivre, mais peut-on dire que leur éviter de mourir leur sauve la vie ?” En fait, la réponse appartient à chacun. Mais il faut reconnaître que, même si le traitement est lourd et contraignant, dans le cadre des dialyses, il permet de vivre dignement de très nombreuses années.

La volonté de se battre

Depuis la salle d’attente, je vois les patients qui vont guérir, dit le docteur Chedid. Ce sont toujours ceux qui ont la volonté de se battre. Même en cas de petite descente de moral, ils ne baisseront pas les bras, ils ne capituleront pas, et ceux-là, je peux vous le dire, guériront. Il y a des gens qui arrivent avec un livre, un mois plus tard ils viennent avec un journal, un autre mois plus tard, ils dorment. Cette attitude signe leur démission devant le challenge.” Confronté au verdict d’une maladie telle que l’insuffisance rénale chronique qui s’emploie à détruire physiologiquement la fonction des reins, deux solutions s’imposent aux malades : la dialyse ou la transplantation. Dans le cadre de la dialyse, les contraintes du programme thérapeutique sont pesantes à envisager, mais y a-t-il une autre solution ? La réponse est non. Secondaire à certains problèmes vasculaires graves, à l’évolution négligée du diabète, et à des causes immunologiques ou génétiques, l’insuffisance chronique a besoin d’un alter ego qui se situe dans le rein artificiel. Ne pouvant plus se débrouiller toute seule, la fonction rénale va devoir accepter l’aide indispensable à sa survie. Mais au fond, qui accepte de bonne grâce ou se rebelle, qui projette et se torture devant une idée ou se rassure dans la confiance placée en l’homme de science ? L’esprit du patient, bien entendu. Encore et toujours cet état d’esprit capable d’abattre des montagnes de préjugés et de souffrances parce qu’il préfère envisager la guérison plutôt que de s’appesantir sur les moyens d’y arriver.

Revivre

La dialyse est entrée dans le mode de soin adapté à cette pathologie il y a environ cinquante ans. Depuis, d’énormes progrès ont été accomplis. C’est une médecine à la fois curative et préventive, qui autorise une forme nouvelle de guérison. Sans ce traitement, les malades ne seraient plus là, mais ils ne pourront jamais plus s’en dispenser. L’idée d’aliénation, de dépendance à une machine, peut être vécue douloureusement, mais la continuité de la vie lui est due. “L’hémodialyse établit une sorte de cordon ombilical entre le médecin et son patient” reprend le docteur Chedid. “Je comprends bien les inquiétudes, les lassitudes et même l’anxiété de mes patients, lorsqu’ils expriment leurs difficultés à devoir se plier de longues années à l’incessant trajet qui les conduit de la maison à l’hôpital et de l’hôpital à la maison. Souvent, je suis amené à expliquer que s’ils ont besoin de la machine, la machine a besoin d’eux. Au fond, s’il n’y avait plus d’insuffisance rénale, la machine n’aurait plus de sens. Je leur dis cela pour qu’ils regardent cette machine comme le moyen qui les sauve et non celui qui les contraint. La question à se poser est : est-ce humainement défendable ? D’un point de vue éthique, certainement. Trois demi-journées par semaine de la vie des patients sont consacrées à leur traitement. Il ne faut y voir aucun acharnement thérapeutique, mais un programme qui leur est nécessaire parce qu’il leur permet de vivre dignement. Parmi eux, les plus volontaires peuvent continuer leur vie professionnelle, là c’est une question de personne.
La maladie déclenche souvent une crise de conscience quant à la préciosité de la vie. Lorsque la solution de guérison se propose, quels que soient les efforts à fournir, la vie mérite un engagement dans sa continuité, en toute reconnaissance. Être un médecin au service de la science, certes, mais comme tant d’autres de ses confrères, le docteur Chedid est bien plus que cela. Son cœur humain bat au rythme des souffrances qu’il s’efforce de soulager en chacun. Quand une main se tend, il faut savoir la prendre et quand un rein se propose, même sous la forme d’une machine, la sagesse est de l’accepter, avec espoir et avec gratitude.

Le traitement global

D’abord, il faut savoir qu’il existe des services de dialyse partout dans le monde. Avec un bon suivi et le respect des prescriptions, il est possible pour les patients de voyager. Comme l’on réserve sa place dans un train, l’on peut réserver sa place en dialyse. Quelque critique que l’on soit tenté de faire au sujet du fonctionnement médical, aujourd’hui, la communication entre médecins s’étend plus largement en faveur des malades. Il y a quelques années, les gens arrivaient en dialyse en phase terminale de leur maladie.
Sans préparation aucune, ils étaient confrontés à l’extrême. À présent, les médecins généralistes adressent leurs patients aux spécialistes. Cet acte préventif, nommé néphrovigilance, permet d’éviter ou de retarder la dialyse et, dans tous les cas, de mieux supporter les traitements. Les indications restent toutefois très strictes en matière de diététique. Le poids idéal s’établit en fonction de la tension artérielle. La stricte observance de la thérapie par le patient est absolument indispensable et même s’il ne peut plus être question de faire des écarts, le prix de sa vie a une autre valeur que celle du chocolat et des petits plats en sauce qu’il affectionnait. Normalement apporté à l’organisme par les fruits, les cacahuètes et les légumes, le potassium doit être régulé. Trop élevé, il entraînerait la mort.

La transplantation

Les perspectives sont de deux ordres, soit la dialyse jusqu’à la fin de ses jours, soit la greffe d’un rein. Il y a une quarantaine d’années seulement, la transplantation était réservée aux moins de trente ans. Aujourd’hui, des personnes de 70 ans et plus peuvent envisager une greffe si leur état physiologique et cardiovasculaire le permet. Quelle avancée ! La greffe du rein est le seul traitement qui autorise une guérison définitive. Cet acte est devenu habituel et courant et concerne trois mille personnes par an en France. Mais la liste d’attente est énorme.
Au niveau des donneurs, deux types sont proposés :
1. La transplantation familiale, composée de la fratrie, des parents et du conjoint, à condition que la culture des lymphocytes conditionne la possibilité de la transplantation familiale.
2. La greffe issue d’un donneur à la suite d’une mort encéphalique (lorsque l’encéphalogramme est plat). La France dispose d’un organisme merveilleux : l’établissement français des greffes, qui possède la liste exhaustive des patients en attente, référencés selon leur groupe et leur identité tissulaire. Il est utile de savoir que, en principe, toute personne est un donneur potentiel, même si l’on n’est pas porteur d’une carte qui le justifie. Le don d’organe n’est pas une démarche banale. Elle touche à l’intégrité, à l’identification de chacun vis-à-vis de son corps. La question reste d’ordre spirituel en la conscience humaine. À ce niveau, le don devient entier, donner, c’est tout donner.

L’espérance de vie de nos jours augmente d’année en année, et heureusement le nombre des victimes d’accidents de la route diminue, et diminuera nous l’espérons encore plus, ce qui a sa conséquence sur le nombre de donneurs d’organes. Depuis quelques années, l’on prélève des organes chez des personnes de 70 ans et plus. Il est possible de greffer de vieux reins âgés de 78 ans, par exemple, à une personne de 55 ans. “Il n’y a pas de vérité à ce sujet, dit le docteur Chedid, mais toujours se poser la question : est-ce que ce que je fais est juste et bien ?” Le succès des greffes à 5 ans est de 80 %. Il y a bien entendu un suivi médical imposé en permanence, deux fois par semaine au début, une fois tous les trois mois par la suite. À noter que les familles africaines sont les plus gros donneurs, est-ce dû à leurs traditions empreintes du respect familial, du clan et de la communauté en général ? Et nous, qu’avons-nous à donner ? “J’ai confiance en la vie, conclut le docteur Chedid, et je m’emploie à transmettre l’espoir d’une existence pleinement vécue, quelles que soient les difficultés rencontrées. Je suis heureux pour nos enfants, car contrairement aux propos largement répandus et souvent négatifs, je crois en la force des générations nouvelles, en celle de leur cœur, mais aussi en celle que les moyens scientifiques, matériels et philosophiques leur proposent. Grâce à eux, ils vont pouvoir rendre la vie meilleure.

Informations recueillies auprès du docteur Khalil Chedid, médecin néphrologue.

Pratique

Les prescriptions médicales du yoga

En complément des soins et traitements médicaux, Pindâsana, la posture de l’enfant à son stade fœtal, relance l’énergie du système digestif et des reins, et la circulation dans les membres inférieurs.

1. Allongé sur le dos, inspirez.

2. Repliez les jambes en maintenant les genoux contre la poitrine avec les bras. Expirez en exécutant le mouvement. Maintenez la posture en vous balançant d’avant en arrière pour produire un automassage du ventre et du dos.
Indications : jambes lourdes, pesanteur dans le petit bassin, hémorroïdes, constipation, varices, faible élimination rénale.
Contre-indications : déformation sévère de la colonne vertébrale ou lésions traumatiques en cours de stabilisation.

PLUS DE RENSEIGNEMENTS
Établissement français des greffes : www.france-transplant.com
Fédération des associations d’informations et de sensibilisation pour le don d’organes, de tissus humains et de moelle osseuse : www.france-adot.org

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