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La santé naturelle avec Sophie Lacoste

Zoom sur les multivitamines

Compléments alimentaires : les essentiels

Notre mode de vie (alimentation industrielle, environnement pollué) et certaines circonstances de l’existence (stress majeur, grossesse) peuvent dégrader notre statut micronutritionnel sans que nous développions pour autant des états de carence vraie. De quoi envisager une supplémentation en multivitamines afin d’éviter l’accumulation de subcarences potentiellement préjudiciables à la santé. Encore faut-il choisir le bon produit car tous ne se valent pas.

Les multivitamines sont des compléments alimentaires « tout-en-un » formulés autour de vitamines, minéraux et autres micronutriments. Ils peuvent contenir de 10 à 30 substances différentes, voire davantage. C’est aux États-Unis que le recours aux multivitamines est le plus fréquent. Près d’un tiers des adultes et jusqu’à la moitié des personnes âgées en consomment, le plus souvent dans un cadre préventif, notamment pour préserver leur santé osseuse et cardio-vasculaire.

Multivitamines et troubles du spectre autistique

À l’occasion, les multivitamines peuvent servir comme adjuvant thérapeutique. On l’a vu le mois dernier avec les troubles du spectre autistique. Les parents américains d’enfants atteints d’autisme se tournent volontiers vers ce type de produit. Illustration dans l’État de Virginie où une étude récente réalisée auprès de 200 parents a montré que les multivitamines étaient les compléments alimentaires les plus communément utilisés, devant les oméga-3 et les probiotiques (1).

Dommage, même, qu’ils n’aient pas été employés de manière préventive par ces familles. En effet, en Suède, suite à l’analyse de dossiers médicaux de plus de 150 000 enfants de la région de Stockholm, des chercheurs se sont aperçus que les enfants dont les mères avaient procédé à une cure de multivitamines au cours de leur grossesse présentaient un risque réduit d’un tiers de développer un trouble du spectre autistique avec déficience intellectuelle associée (2).

Multivitamines et sphère neuropsychique

L’intérêt thérapeutique des multivitamines ne se cantonne pas à l’autisme, mais concerne aussi d’autres troubles touchant la sphère neuropsychique. Quand on fait un tour d’horizon de la littérature scientifique de ces quinze dernières années, on constate qu’il existe au moins vingt-cinq études randomisées ayant évalué des compléments multivitaminés dans le cadre du traitement d’une grande variété de troubles « psy » : stress post-traumatique, comportements violents, TDAH… De manière générale, les résultats s’avèrent favorables aux multivitamines, probablement parce que ces derniers contiennent des composés contribuant à améliorer le fonctionnement du système nerveux central (3).

Les bénéfices retirés d’une cure de multivitamines sont parfois exceptionnels comme dans le cas de ce garçon de 11 ans souffrant d’une psychose se manifestant notamment par des hallucinations auditives fréquentes – une centaine par semaine ! – et la conviction bien ancrée que sa nourriture était empoisonnée. La prise d’un complément multivitaminé à large spectre (36 ingrédients) a abouti à une rémission complète de sa psychose, alors que les nombreux médicaments testés jusque-là avaient échoué à améliorer son état. Le basculement progressif du traitement conventionnel vers le complément multivitaminé s’est étalé sur trois semaines (4).

Nutrition et santé mentale

Ce qui précède traite de la relation éminemment étroite entre nutrition et santé mentale. Une carence en un seul minéral aussi essentiel que le magnésium peut notamment provoquer nervosité, anxiété, troubles du sommeil, hypersensibilité au bruit, voire hallucinations visuelles.

Des troubles mentaux tels que les troubles obsessionnels compulsifs (TOC) peuvent aussi dangereusement affecter la manière dont on se nourrit. Exemple édifiant avec cet homme de 61 ans qui, par peur des résidus de pesticides présents dans les aliments d’origine végétale, proscrivait fruits et légumes de son alimentation, se limitant, depuis une dizaine d’années, à ne consommer que du chocolat au lait et des cookies ! Résultat : une carence sévère en vitamine C provoquant saignements gingivaux, nombreuses ecchymoses, fatigue et anorexie (5). Une amélioration sensible de ses symptômes fut logiquement obtenue à la suite d’une supplémentation en vitamine C.

En pratique

Du coup, cela amène à se poser deux questions :

Qui a vraiment intérêt à se supplémenter en multivitamines ?
Comment bien choisir son multivitamines ?

Multivitamines : pour qui ?

Les populations pour lesquelles la supplémentation en multivitamines peut se révéler utile sont :

Les personnes se nourrissant mal ou s’imposant des régimes drastiques ;
Les personnes soumises à une forte pollution ;
Les personnes fatiguées, déprimées ou victimes d’un stress majeur ;
Les personnes atteintes de troubles neuropsychiques, comme on l’a vu plus haut ;
Les sportifs, surtout ceux pratiquant des sports à haut niveau d’intensité ;
Les femmes enceintes (6) ;
Les personnes âgées.

Quant aux personnes en relative bonne santé soucieuses de compléter leurs apports nutritionnels, elles resteront de préférence au plus près de l’aliment en privilégiant les « superaliments » : algue spiruline, jus d’herbes, pollen frais, baies de Goji, graines germées, lait de jument…

*

Notes :

 

(1) Hopf KP, Use and perceived effectiveness of complementary and alternative medicine to treat and manage the symptoms of autism in children : a survey of parents in a community population, The Journal of Alternative and Complementary Medicine, 2016
(2) DeVilbiss EA, Antenatal nutrition supplementation and autism spectrum disorders in the Stockholm youth cohort : population based cohort study, BMJ, 2017 Oct
(3) C’est le cas d’un certain nombre de vitamines du groupe B. La recherche américaine étant dominante, ce sont fort logiquement des multivitamines made in USA qui sont utilisés dans le cadre des études. Or, ces produits sont largement plus dosés en vitamines B que ceux à notre disposition en France. Voilà donc, à mon sens, une donnée cruciale à prendre en compte quand on conseille un complément multivitaminé à une personne en proie à des troubles psychiques importants.
(4) Rodway M, Efficacy and cost of micronutrient treatment of childhood psychosis, BMJ Case Reports, 2012
(5) Vieira AAO, Scurcy induced by obsessive-compulsive disorder, BMJ Case Reports, 2009
(6) D’abord en parler à son médecin ou à son pharmacien.

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La carence en un seul nutriment suffit parfois à conduire aux portes de la folie. C’est pourquoi les compléments multivitaminés gagneraient à être beaucoup plus souvent intégrés au protocole de soins des troubles mentaux. Et ils peuvent même constituer une vraie solution thérapeutique quand les psychotropes se révèlent totalement inefficaces. Le cas de Marie en est l’illustration parfaite.

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