Un petit espoir pour chasser « mon Hashimoto »…

Depuis 5 ans, j’ai une thyroïdite d’Hashimoto. Je l’ai appris par hasard, quatre ou cinq mois après mon arrivée à Berlin, la première ville de mon exil.
Je ne sais plus pourquoi, il fallait faire un bilan. Et voilà. Hashiiimoooto. Vous connaissez sûrement cette maladie à la mode. C’est chic de dire avec une voix mystérieuse : « J’ai un Hashimoto… » C’est une maladie de notre siècle de pollution, du monde industriel, des pesticides, des molécules chimiques, du nucléaire… Elle est connue depuis près d’un siècle et porte le nom d’un médecin japonais, le Dr Hakaru Hashimoto, qui en a décrit les caractéristiques en 1912 : une hypothyroïdie chronique auto-immune qui empêche la synthèse des hormones T3 et T4. Ça, c’est grave ! Parce que pratiquement tous les organes ont besoin des hormones thyroïdiennes thyroxine (T4) et triiodothyronine (T3) pour fonctionner normalement. Avec la thyroïdite d’Hashimoto, le corps produit des cellules tueuses (anticorps) qui attaquent les cellules thyroïdiennes, ce qui mène à l’inflammation chronique de la thyroïde… et à la réduction des hormones thyroïdiennes, nécessaires pour notre corps.
J’ai eu de la chance de faire ce bilan par hasard, sinon je ne connaîtrais peut-être toujours pas la cause de ma fatigue. En effet, la fatigue est le premier symptôme d’un problème d’hypothyroïdie, car quand la thyroïde fonctionne insuffisamment, l’organisme (organes, tissus, glandes…) se met à tourner au ralenti. La chute du taux d’hormones thyroïdiennes entraîne une baisse de tonicité dans l’ensemble de l’organisme. Je croyais ma fatigue persistante due à l’exil : obligation de reconstruire ma vie, tout en continuant à être active… c’était épuisant. Je pensais que mes troubles de mémoire, mes difficultés de concentration étaient liés à cet épuisement. Je voyageais tout le temps, ce qui pouvait expliquer la constipation et les ballonnements. Ma peau et mes cheveux étaient déjà secs. Je pensais normal de grossir puisque que je ne mangeais plus la cuisine méditerranéenne à laquelle j’étais habituée. Tous ces symptômes ne m’inquiétaient pas. Les médecins n’étaient pas inquiets non plus. Comme la plupart d’entre eux n’ont que très peu de connaissances sur la maladie d’Hashimoto, dans beaucoup de cas, le diagnostic est tardif. C’est dommage, car le processus d’autodestruction auto-immunitaire peut entraîner des symptômes handicapants qui ne sont pas toujours réversibles.
Il y a 5 ans, j’ai commencé avec un Levothyrox 50 mg. Aujourd’hui, mon dosage est de 125 mg. Alors, il y a deux mois, j’ai décidé de prendre les choses en main, tout en pensant à Patricia Cartigny, que j’avais interviewée, l’année dernière, pour Rebelle-Santé (voir Rebelle-Santé N° 169). Elle disait : « Certaines maladies sont des signaux d’alerte. Si vous êtes capables de les écouter, vous êtes capables de vous guérir. »
Mes résolutions
Pour reprendre les rênes de sa santé, il faut d’abord chercher l’origine de la maladie. Les causes précises de l’apparition de la maladie d’Hashimoto sont encore mystérieuses. On parle de génétique, mais comme je n’ai trouvé aucune autre thyroïdite d’Hashimoto dans ma famille, j’ai continué mes recherches et j’ai appris que les facteurs déclenchants ne sont pas encore clairement définis. On suppose que la cause est multifactorielle : la cigarette, un apport excessif d’iode, l’accident de Tchernobyl… Comment faire alors ? Depuis deux mois, j’essaie de suivre l’évolution de ma maladie avec des prises de sang, et de changer le cours des choses.
Comment ? En pratiquant régulièrement une activité physique. Bouger au moins 30 minutes par jour est essentiel pour remobiliser l’activité du métabolisme. Le plus difficile est d’éviter d’absorber de l’iode. Comme j’adore le poisson, je n’ai pas complètement arrêté d’en manger, mais j’en consomme peu. J’ai aussi appris que l’élimination du gluten de notre alimentation réduisait le taux d’auto-anticorps. J’essaie donc d’éviter le blé, le seigle et l’orge. Heureusement, je ne prends pas d’antidépresseurs, parce que j’ai appris qu’ils détruisent les hormones thyroïdiennes. Je mise aussi sur le sélénium et la vitamine D, qui aident à réguler le système immunitaire ; je m’offre de longs bains de soleil. Je prends aussi de l’ashwagandha (le ginseng indien) et du guggul qui sont connus pour aider la thyroïde à produire ses hormones. J’ai aussi commencé à boire régulièrement du kéfir pour améliorer ma flore intestinale, essentielle à l’équilibre du système immunitaire.
Est-ce que toutes ces nouvelles méthodes m’aideront à me débarrasser de l’hypothyroïdie, à protéger ma thyroïde des anticorps ? Ce ne sera sans doute pas miraculeux, mais je suis sûre qu’elles peuvent au moins m’aider à lutter contre cette maladie qui, comme les autres, nécessite un traitement adapté individuellement.
Le hasard ?
J’ai aussi réfléchi à d’autres causes possibles…. Ma fatigue intense, et donc cette thyroïdite, est apparue au moment où j’ai été déracinée. Depuis mon premier exil à Berlin, j’ai changé cinq fois de villes, deux fois de pays… Je n’ai donc pas pu m’installer et mener une vie régulière.
Au début de cette même période, les médecins m’avaient dit qu’il fallait m’enlever immédiatement la vésicule biliaire. J’ai donc subi cette intervention. Et l’année dernière, à Paris, Philippe Lechelard, mon ostéopathe préféré, m’avait expliqué : « Dans la médecine chinoise, la vésicule biliaire réagit aux problèmes de justice… ». Celles et ceux qui connaissent mon histoire savent à quel point la justice a pu peser sur ma vésicule…
Alors, que dit la médecine chinoise pour mon cher Hashimoto ? Elle dit que ces troubles sont souvent provoqués par un choc émotionnel qui peut bloquer l’énergie du foie, organe qui gère la colère, l’irritabilité, le stress et le deuil non fait. Quoi d’autre ? Les problèmes de thyroïde seraient associés à un dysfonctionnement du rein, car le rein est le moteur de tous les mouvements du corps, il maintient l’énergie vitale, en régissant les fonctions émotionnelles de la peur, l’angoisse, les phobies et la mémoire.
Quand on cherche la signification des pathologies, on ne croit plus au hasard…
L’avis de Rina Nissim
J’ai compris que mon Hashimoto était venu à ma rencontre avec le dérèglement normal suite à un changement de vie. Comment régler tout ça dans les conditions de l’exil et des déplacements perpétuels ? J’ai posé la question à Rina Nissim, naturopathe. Les lecteurs et les lectrices de Rebelle-Santé la connaissent : c’est la sorcière de notre siècle. En novembre dernier, j’ai présenté son dernier livre : Une sorcière des temps modernes (Éditions Mamamelis, Suisse, 2014). On s’est rencontrées à Genève, lors d’une de mes conférences.
Elle m’a dit : « Ton hypothyroïdie est liée à la glande des rythmes du corps. Pour calmer la thyroïde ou ne pas l’épuiser, il faut prendre en compte ses rythmes de vie. Le corps a besoin d’une certaine régularité et de plages de repos. » Mais comment faire, Rina ? Je suis tout le temps obligée de bouger. Avec son petit sourire, elle a précisé : « Oui, d’accord. Mais c’est faisable malgré tout. Même avec tes nombreux déplacements, tes séjours à Lyon, Strasbourg, Paris, Nice… Fais chaque jour, si possible au même moment de la journée, un rituel de sécurisation. Cela peut être une posture (de yoga), un moment de méditation, boire un bon thé, prendre un bain avec une bougie allumée à côté… en y mettant l’intention, celle de sécuriser le petit animal qui est en toi. »
Je suis ses conseils. Tous les matins à 7 h, je me lève, à Strasbourg, à Paris ou à Lyon, je sors et je marche une demi-heure. Et si je peux, je bois une bonne tisane après le déjeuner. En marchant ou en buvant ma tisane, je ne pense à rien, je me laisse aller… Je me détends… Je sens le sourire du petit animal qui est en moi. Je vous tiendrai au courant de la suite, mais, pour l’instant, ça me fait du bien.
Merci ma Rina…