La meilleure façon de manger

Que faut-il manger pour rester mince et en bonne santé ? C’est pour répondre à cette question que pendant près de trois ans nous avons épluché les données scientifiques, interrogé les chercheurs, fait tourner des algorithmes de calcul sur nos ordinateurs. Le résultat, c’est La Meilleure façon de manger, le premier guide pratique de l’alimentation familiale basé sur la science, qui paraît ces jours-ci. Une alternative crédible aux recommandations officielles (en France, le PNNS).

Par Thierry Souccar

Plus de dix mille nouvelles études sont publiées chaque mois dans le domaine de l’alimentation et de la santé. Malheureusement, la plupart de ces découvertes restent cantonnées dans les revues scientifiques et les congrès, où elles nourrissent les discussions entre chercheurs. Le grand public n’en profite pas, parce qu’il s’écoule dix à vingt ans avant que les nutritionnistes officiels acceptent de les intégrer à leurs recommandations. Les auteurs des livres à succès qui donnent des conseils pour mieux manger s’en tiennent eux aussi à des repères dépassés, comme la quantité de graisses ou le nombre de calories des aliments.

LES RECOMMANDATIONS OFFICIELLES NE SONT PAS UN IDÉAL NUTRITIONNEL
Contrairement à ce que pensent de nombreux médecins et diététiciens, et contrairement à ce que l’on croit dans les ministères, le Programme National Nutrition Santé (PNNS) ne représente pas un idéal nutritionnel. Il y a certes de bonnes choses qu’il faut saluer, comme l’objectif de relever la consommation de fruits et légumes, ou celui de diminuer la consommation de sel et de sucre, mais aussi des a priori déconcertants, des simplifications abusives et des conseils très surprenants. Ainsi :
1. Le PNNS reflète un état des connaissances suranné : l’idée selon laquelle on peut maigrir en mangeant moins de graisses, et en les remplaçant par des glucides (céréales et pommes de terre essentiellement) est démentie par des centaines d’études scientifiques.
2. L’augmentation de la consommation de calcium laitier n’est justifiée par aucune donnée scientifique sérieuse ; elle pourrait même présenter un risque pour la partie de la population qui suit ces recommandations à la lettre.
3. Le PNNS ignore de nombreux concepts novateurs qui aident les gens à mieux choisir leurs aliments, comme l’index glycémique ou l’équilibre acide-base.
4. Les recommandations manquent de précision. Par exemple, sur le choix des corps gras, celui du pain, des fruits et légumes…

Les recommandations officielles, qu’elles soient françaises, canadiennes, suisses ou belges, restent malheureusement au moins autant influencées par l’arrière-plan économico-culturel dans lequel baignent ces pays depuis l’ère agricole que par les données scientifiques objectives. En ce sens, ces recommandations récompensent les productions céréalière et laitière ainsi que l’élevage pour la viande et les fabricants de produits allégés.

* La meilleure façon de manger. Sous la direction de Angélique Houlbert, diététicienne – Éditions Thierry Souccar – 19 €

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