Ne laissez plus votre genou faire l’essuie-glace !
Une douleur sourde sur l'extérieur du genou et qui va s'accentuer lors de chaque mouvement de flexion ? Une sensation de frottement en montant les escaliers ? Vous souffrez peut-être d'un syndrome «de l'essuie-glace», une pathologie bénigne mais handicapante due à un conflit entre deux structures anatomiques naturelles du genou. Explications.
Le syndrome de l’essuie-glace (SEG), qu’on appelle également «syndrome de la balayette» ou «syndrome de la bandelette ilio-tibiale», touche préférentiellement les sportifs. Pour autant, ce syndrome n’épargne pas les sédentaires chez qui il se traduit par les mêmes symptômes, lors des activités de la vie courante, comme lors des montées d’escaliers ou lors de marches prolongées en terrain accidenté (randonnées en montagne par exemple). C’est-à-dire quand il y a répétition de gestes et de postures au niveau des genoux qui reproduisent les mouvements répétés de flexion-extension constatés lors de nombreux sports.
Sports à risque
– Jogging et marathon
– Cyclisme
– Natation
– Football
Zone de conflit
Le SEG provient d’un frottement répété entre un tendon situé sur l’extérieur du genou et appelé «bandelette ilio-tibiale» (voir encadré) et une éminence osseuse située sur la face externe de l’extrémité inférieure du fémur (condyle) et appelée «tubercule de Gerdy». Lors de l’extension du genou, la bandelette se situe en avant du tubercule. Lors de la flexion aux environs de 30°, la bandelette surplombe le tubercule, puis glisse dessus pour aller finalement se placer derrière lui en fin de flexion. Répété des milliers de fois, ce mouvement semblable à un essuie-glace va irriter la bandelette en provoquant des micro-lésions des fibres de collagène situées à la face profonde du tendon, au contact du tubercule.
Des brûlures sur le côté
La douleur de SEG se manifeste par une sensation d’échauffement ou de brûlure sur le côté externe du genou, 2 ou 3 cm au-dessus de l’interligne articulaire qui sépare le fémur du tibia. La douleur survient au bout de quelques kilomètres de marche ou de course, surtout en terrain accidenté, et disparaît à l’arrêt de l’effort. La douleur s’accentue en l’absence de traitement et se réveille progressivement dans les descentes et montées d’escaliers ou de trottoirs. S’accroupir en prenant uniquement appui du côté du genou touché devient douloureux. Et n’attendez pas de gonflement ou de blocage du genou, ni même de rougeur ou d’inflammation : le genou semble normal à l’inspection.
L’Examen clinique avant tout
Deux tests permettent de confirmer qu’il s’agit bien d’un SEG : le test de Renne et le test de Noble. Le problème, c’est que les médecins qui les pratiquent sont rares… car ils ne les connaissent pas. D’où l’intérêt de consulter un médecin rompu à la traumatologie du sport. Ce n’est que lorsqu’un doute subsiste qu’on peut avoir recours à l’échographie et surtout à l’IRM qui montre un épaississement de la bandelette ilio-tibiale.
Zoom sur la bandelette
La bandelette ilio-tibiale, connue aussi sous le nom de tenseur du fascia lata, bandelette de Maissiat ou tractus ilio-tibial, est tendue de l’épine iliaque antéro-supérieure du bassin, en haut de la hanche donc, jusqu’au plateau externe articulaire du tibia. Elle passe donc au-dessus de l’interligne articulaire situé entre le fémur et le tibia. En résumé, la bande ilio-tibiale naît à la hanche, longe la face externe de la cuisse et va s’insérer sur la partie supérieure de la face externe du tibia.
Pièges diagnostiques
– Bursite du fascia lata. Autrement dit une inflammation de la bourse séreuse située entre le condyle fémoral et le fascia lata. Le diagnostic est difficile et passe donc par l’IRM ou l’échographie.
– Lésion méniscale. Une lésion du ménisque externe se manifeste par une douleur au niveau de l’interligne articulaire et non au-dessus, comme c’est le cas lors d’un SEG. Dans certains cas, le genou va même se bloquer en flexion.
– Syndrome de l’articulation tibio-péronière supérieure. Les douleurs siègent plutôt au niveau du col du péroné, donc bien en dessous de l’interligne fémoro-tibial (voir Belle-Santé n°92).
Facteurs favorisants
– Genu varum. Lorsque les genoux sont écartés en position debout, pieds joints. En cas de genu varum, le contact entre l’extrémité inférieure de la bandelette ilio-tibiale et le tubercule de Gerdy est plus prononcé.
– Augmentation de l’entraînement de course à pied, course en côte ou en descente.
– Marches à pied plus longues.
– Augmentation de l’amplitude des foulées ou des enjambées.
– Utilisation de chaussures de course ou de marche usagées, notamment sur leur bord externe.
– Marche ou course à pied du même côté d’une route bombée.
Du repos d’abord
Le traitement du SEG passe par un repos sportif d’environ 3 semaines, associé à des antalgiques et à des anti-inflammatoires par voie orale. Une cryothérapie (utilisation du froid), des massages transverses profonds (MTP), des infiltrations de corticoïdes entre le condyle fémoral et la bandelette et des manœuvres d’étirement du tendon accélère la guérison. Le recours au kinésithérapeute est essentiel. Ce n’est qu’en cas d’échec du traitement médical et de la kinésithérapie qu’une intervention chirurgicale peut être envisagée afin de sectionner une partie de la bandelette ou de l’allonger. Le chirurgien peut également racler le tubercule de Gerdy qui fait trop saillie.