Cellules souches cancéreuses
Quand la science s’inspire de la Nature pour combattre ces championnes de la résistance
Dans son n° de mai 2018, Le Journal de l’Institut Curie a mis l’accent sur le phénomène de résistance aux traitements anticancéreux habituels que sont la chimiothérapie et la radiothérapie.
Directeur d’unité de recherche à l’Institut Curie, le Dr Sergio Roman-Roman a résumé en quelques mots la difficulté à laquelle les chercheurs sont confrontés :
« Nous sommes partis d’un constat : malgré des traitements de plus en plus efficaces, certains cancers récidivent. L’explication réside très certainement dans l’hétérogénéité tumorale et le fait que certaines cellules tumorales résistent aux thérapies. »
Ces cellules, qui n’existent pourtant qu’en très petit nombre, ne sont autres que les cellules souches cancéreuses ou CSC. Leur existence est connue depuis la fin des années 1990. Présentes à la fois dans les tumeurs solides et les leucémies, elles sont à l’origine de la formation des tumeurs, des métastases et des récidives de cancer. Excusez du peu !
L’arme de la lenteur
En raison de leurs propriétés comparables à celle des cellules souches, elles peuvent survivre aux traitements conventionnels. Leur secret ? La lenteur de leur cycle cellulaire. Les traitements conventionnels s’attaquent en effet aux cellules à division rapide et non à celles à division lente telles que les cellules souches saines… ou cancéreuses !
Les CSC ayant résisté aux thérapies peuvent rester « endormies » pendant des mois ou des années, puis se réactiver et proliférer à nouveau, au risque de former une nouvelle tumeur ou des métastases.
Le laboratoire de la Nature
Pour l’heure, l’industrie pharmaceutique a échoué à mettre au point des molécules capables de cibler efficacement les CSC. Du coup, de plus en plus de chercheurs explorent la piste des produits naturels. Une riche idée, si l’on considère ce chiffre incroyable relevé dans une étude récente (1) : entre 1981 et 2006, 63 % des médicaments anticancéreux disponibles sur le marché provenaient de produits naturels, avaient été inspirés par des produits naturels ou synthétisés à partir d’un pharmacophore (2) naturel !
Les ingrédients du succès
Il suffit de parcourir la littérature scientifique pour réaliser que la quête de substances naturelles anti-CSC s’est révélée particulièrement fructueuse ces dernières années. La liste des ingrédients naturels en mesure de réduire la capacité réplicative des CSC, voire de les pousser au suicide, est aujourd’hui très longue. Il peut s’agir d’ingrédients « verts » (phyto-composés) ou « non verts » (micronutriments). Du côté des phyto-composés, la famille de loin la plus représentée est celle des polyphénols (quercétine, curcumine, resvératrol, EGCG…). Du côté des micronutriments, vitamine D et sélénium se dégagent du lot.
Beaucoup de ces ingrédients (curcumine, pipérine, quercétine, resvératrol, bêta-carotène, sulforaphane, EGCG et vitamine D) s’attaquent aux CSC en inhibant la voie Wnt-Bêta-caténine, une voie de signalisation impliquée dans le processus d’auto-renouvellement des CSC.
Le mystère de l’intelligence moléculaire
La façon dont certains de ces ingrédients modulent leur action cache à coup sûr une forme « d’intelligence » que l’on a du mal à définir mais qui n’en reste pas moins indéniable. En témoigne leur étonnante capacité à faire le tri entre différents types de cellules.
Ainsi la curcumine ou la vitamine D exercent-elles un effet opposé sur les voies de signalisation selon qu’il s’agit de cellules souches normales ou malignes. Une prouesse inatteignable avec une molécule de synthèse, programmée pour agir dans un seul et même sens, avec tous les risques d’effets indésirables plus ou moins sérieux que cela induit nécessairement.
La complémenthérapie à mettre en œuvre
En cas de cancer dĂ©jĂ mĂ©tastasĂ© ou pour se prĂ©munir d’une Ă©ventuelle rĂ©cidive en pĂ©riode de rĂ©mission, on gagnera Ă associer plusieurs ingrĂ©dients figurant dans le tableau des actifs anti-CSC. Ma prĂ©fĂ©rence va au trio vitamine D – curcumine – pectine de citron modifiĂ©e.
Quelques mots sur chacun de ces ingrédients :
> Vitamine D
L’ingrédient de base du programme de complémentation. Plus le taux de vitamine D est bas, plus le temps de survie après un cancer tend à diminuer. Il est fortement déconseillé de descendre en-dessous du seuil critique de 20 ng/ml.
> Curcumine
L’ingrédient à combiner en priorité avec la vitamine D. La curcumine est notamment capable d’agir sur les voies immuno-inflammatoires, en particulier sur la voie NF-kappaB, qui joue un rôle clé dans le développement des métastases pour la bonne et simple raison qu’un certain nombre de gènes associés au processus métastasique sont directement régulés par NF-kappaB.
> Pectine de citron modifiée
Le citron s’avère être le végétal le plus riche en pectine. Cette dernière ne présente d’intérêt thérapeutique qu’une fois « modifiée » de façon naturelle dans le but de faire descendre son poids moléculaire en dessous de 20 000 daltons. Elle devient alors capable de s’attaquer à une cible spécifique : la galectine-3, une protéine de transport étroitement liée à la croissance tumorale et au développement des métastases.
En pratique
Vitamine D3 sous forme de gouttes
3000 à 4000 UI par jour, voire plus si nécessaire (3).
Curcumine associée à des phospholipides400 mg par jour.
Pectine de citron modifiée
À noter que ce produit est également utilisé comme chélateur des métaux toxiques5 g par jour.
Possibilité de doubler, voire tripler la dose, selon nécessité. À prendre sur estomac vide. Mélanger la poudre dans un verre d’eau ou dans un thé.
Le choix de ce trio d’ingrédients s’est révélé pertinent pour Luc, atteint d’un cancer de la prostate métastasé. Je me propose de vous narrer l’histoire de son combat contre la maladie dans le prochain n° de Rebelle-Santé.
Notes :
(1) Taylor WF, The use of natural products to target cancer stem cells, Am J Cancer Res, 2017.
(2) Un pharmacophore est constitué par une partie pharmacologiquement active d’une molécule servant de modèle.
(3) Objectif visé : maintien du taux sérique au-dessus de 40 ng/ml tout au long de l’année en période de rémission et entre 50 et 70 ng/ml en phase active de soins.
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