Chlordécone : un véritable scandale
Ce pesticide a été employé largement dans les plantations de bananes pendant des décennies aux Antilles. Longtemps, les autorités ont prétexté ne pas connaître la toxicité et les risques pour les populations qui se sont tournées vers la justice pour obtenir réparation. Dans cette affaire, un non-lieu a été prononcé en janvier dernier malgré la pollution aux conséquences dramatiques pour la population guadeloupéenne, avec une contamination des sols pour des décennies et du chlordécone retrouvé dans le sang de 90 % de la population. La cellule investigation de Radio France a enquêté et montré que, dès les années 1980, les pouvoirs publics avaient été alertés sur les dangers de cette molécule. Jean-François Narbonne, expert consulté par la justice, avait affirmé qu’on “savait près de 80 % de ce que l’on sait aujourd’hui de la toxicité du chlordécone“. Dès les années 1980, des alertes ont été lancées, sans aucun effet pourtant puisque le chlordécone n’a été interdit qu’en 1993 aux Antilles (alors qu’il l’était depuis 1989 en France métropolitaine, pourquoi ?). Des documents ont disparu, des archives ont été détruites. Malgré tout, l’influence des lobbies des pesticides et l’inaction des autorités sont criantes. Et en Guadeloupe ou en Martinique, le cancer de la prostate est 2,5 fois plus fréquent qu’en France métropolitaine. Perturbateur endocrinien, le chlordécone est cancérogène et responsable de troubles neurologiques sévères.