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Énergie renouvelable ou paysage, faut-il choisir?

Depuis quelque temps, l’installation d’éoliennes suscite la controverse. Au-delà des arguments avancés par leurs détracteurs, les nouveaux moulins à vent seraient surtout… moches! Les grandes éoliennes feraient taches dans les paysages de notre douce France. Pourquoi tant de haine?

Article écrit par Emmanuel Thevenon

Après des années de retard sur d’autres pays européens, comme le Danemark ou l’Allemagne, la France s’est lancée dans un programme éolien ambitieux. Si elle possède le second potentiel éolien en Europe après le Royaume-Uni, elle ne se situe encore qu’ au 11e rang des producteurs mondiaux. Au premier semestre 2007, 2 000 éoliennes déploient une puissance installée de 2 000 MW, contre 354 MW en 2004. D’ après France Énergie Renouvelable, la branche éolienne du Syndicat des Énergies Renouvelables, 10 000 MW seront opérationnels en 2010. 4 000 éoliennes réparties sur le territoire produiront alors environ 5% de la consommation nationale d’électricité. Des milliers d’ aérogénérateurs de plus de 100 m de haut transformeront les campagnes.

POLÉMIQUE
Cette évolution ne se fait pas sans heurts. «Dans toute la France rurale, rapportait récemment le journaliste du Monde Hervé Kempf, du Nord à la Normandie, de la Bretagne au Massif central, de la vallée du Rhône au Tarn, la polémique agite les villages, dont bien peu acceptent sans broncher les aérogénérateurs. Deux éoliennes ont même été incendiées dans la nuit du 17 au 18 novembre 2006 à Roquetaillade, dans l’Aude.» «Vent de colère» regroupe les associations qui luttent contre l’installation de l’éolien de grande taille près de chez elles. Depuis quelque temps, ses arguments font les choux gras d’une partie de la presse. Parmi les principales raisons invoquées, on note sur le site www.ventdecolere.org : «L’éolien industriel est nuisible car il saccage le patrimoine paysager et historique et sinistre le tourisme vert, le tourisme littoral pour les projets en mer. Il est nuisible car toujours trop près des habitations».

RALLIEMENTS SUSPECTS
Fichtre! De l’autre côté, il est vrai, les promoteurs de cette énergie en plein boom ne sont pas des oies blanches. Beaucoup d’entre eux (EDF, GDF, AREVA, Total, Suez…) traînent de lourdes casseroles en matière de rétention d’informations sur les énergies qu’ils développaient jusque-là. Leur ralliement soudain à l’éolien peut paraître suspect. Et leur discours susciter une méfiance légitime. Outre la chasse aux gros sous, ils espèrent également redorer leur blason en se donnant une image plus «verte». De leur côté, les élus, souvent à la tête de proies faciles. Comment ne pas résister à la manne que représente la taxe professionnelle induite par une éolienne? Sans compter les propriétaires, qui louent leur terrain environ 2000€ par an. Bref, trop souvent, l’installation d’un aérogénérateur a un rapport avec l’économie… mais pas celle de l’énergie.

FAUT-IL POUR AUTANT DIABOLISER LES ÉOLIENNES?
Pour une approche plus sereine, tournons-nous vers les associations sans lien avec le monde industriel. Difficile de jeter l’ opprobre, par exemple, sur Éoliennes en Pays de Vilaine (EPV) qui mène depuis 2003 un projet d’une ampleur sans précédent : créer le premier parc éolien coopératif et participatif. Or, EPV adhère à Planète éolienne, la fédération des associations locales de promotion de cette énergie, qui vient de publier un document “Réponses aux idées fausses de l’éolien” . Histoire de remettre les pendules à l’heure.
Évacuons tout de suite le problème du bruit. Contrairement aux petites installations, les grandes éoliennes sont peu sonores. Elles tournent plus lentement, et les plus récentes développent une technologie qui réduit sensiblement les nuisances sonores. À 500 m (distance minimum réglementaire entre l’éolienne et la première habitation), elles émettent moins de 40 db, soit le bruit de fond de votre salon. En réalité, le vent émet bien plus de bruit que l’éolienne elle-même! Vous êtes dubitatif? Rendez-vous sur place et constatez par vous-même.

DU VENT !
Mais, au préalable, il faut déjà qu’il y ait du vent! Les endroits les plus propices sont généralement situés dans les plaines, en mer et sur les crêtes, là où Éole ne rencontre aucun obstacle. Dans les grands espaces découverts et désespérément plats de Beauce, de Brie ou de Champagne, un peu de verticalité dans le paysage est plutôt la bienvenue. À l’instar des cathédrales du «Plat Pays» de Jacques Brel. Au large des côtes danoises, les immenses fermes d’éoliennes qui serpentent au-dessus des flots attirent quant à elles un tourisme de plus en plus important. Sur les crêtes des montagnes, dans le Massif central par exemple, la question esthétique est sans doute plus sensible.

NÉCESSAIRE CONCERTATION
Puisque certains les trouvent laides, pourquoi ne pas les installer près des grandes villes, ou au milieu des zones industrielles? Le parc éolien de Mardyck, près de la raffinerie des Flandres, à Dunkerque, en est un exemple. Mais les zones propices sont rares et les contraintes souvent lourdes (distances avec les bâtiments et les routes…). Sans compter un prix du foncier beaucoup plus élevé qu’à la campagne. En revanche, l’éolien urbain pourrait connaître un développement non négligeable dans les années à venir.
En réalité, tout dépend du travail réalisé en amont et de la concertation avec la population. Car implanter un parc éolien ne s’improvise pas. Cela nécessite au préalable de trouver les bons sites géographiques, puis de répondre à plus de 27 études administratives pour obtenir un permis de construire. Ces dernières concernent notamment l’impact sur le paysage, le bruit, l’habitat… L’association «Éoliennes en pays de Vilaine» a conduit six réunions publiques en quatre ans, a fait visiter des parcs éoliens aux habitants concernés, et a changé deux fois de site d’implantation, les tests de vent n’étant pas assez probants.

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