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La santé naturelle avec Sophie Lacoste

Extrait de pépins de pamplemousse

Gare à la tromperie sur la marchandise !

L’extrait de pépins de pamplemousse conserve une bonne image auprès du grand public en dépit des controverses qui se sont développées au cours des années 2000 autour de la naturalité et de l’efficacité même du produit. La vérité consiste à dire que ces controverses restent d’actualité et que vous avez donc tout intérêt à lire cet article attentivement afin de ne pas risquer de vous fourvoyer lors de votre prochain achat.

L’extrait de pépins de pamplemousse (EPP) est un anti-infectieux à large spectre d’action dont on doit la découverte à l’immunologiste Jacob Harich. Des études réalisées en laboratoire ont montré que de très nombreux agents pathogènes sont sensibles à cet antimicrobien naturel. D’où sa grande utilité en cas d’infections diverses, notamment celles touchant la sphère O.R.L. ou urinaire. Idem en cas de problèmes dermatologiques (ampoules, cors, durillons, panaris, herpès labial) ou bucco-dentaires (aphtes, gingivite, extraction dentaire). L’EPP s’avère également précieux lors de voyages sous les tropiques avec conditions d’hygiène précaire, car ses propriétés désinfectantes en font un produit idéal pour purifier l’eau potable.

Voilà le genre de choses que l’on peut lire un peu partout, et que tout le monde répète à l’envi… puisque c’est écrit un peu partout !

Cette présentation flatteuse du produit demanderait pourtant à être nuancée, surtout quand certaines voix discordantes affirment que l’EPP « naturel » serait en réalité bien moins efficace que l’EPP « trafiqué ». Nous voilà plongés de plain-pied au cœur de la controverse apparue à l’orée du siècle et qui tourne, pour l’essentiel, autour de la question de la naturalité et de l’efficacité du produit – ces deux notions étant en fait liées l’une à l’autre.

Problème n° 1 : la naturalité du produit

On pourrait croire que la fabrication d’un extrait de pépins de pamplemousse n’a rien de compliqué : on fait sécher des pépins, on les réduit en poudre, on dissout le tout dans un solvant (eau, glycérine), on laisse macérer et, enfin, on filtre plusieurs fois si nécessaire pour éliminer tous les résidus. Au final, on obtient un extrait hydroglycériné 100 % naturel. Sauf que cette vision artisanale des choses s’oppose aux dures réalités du marché.

Les principaux fabricants d’EPP sont américains ou chinois. Ils ont développé des procédés industriels de fabrication que l’on aimerait bien connaître – car « industriel » et « naturel » ne font pas bon ménage en général ! La société américaine Bio/Chem Research, pionnière sur le marché de l’EPP, fait preuve d’une totale transparence sur ce plan-là, et on sait donc comment elle réalise son produit : le Citricidal®.

Autant vous le dire de suite : le liquide visqueux que Bio/Chem Research fournit aux marchands d’EPP n’a plus rien de naturel !

Problème n° 2 : l’efficacité du produit

Du coup, cela jette un gros doute sur la validité des résultats des études de laboratoire attestant du pouvoir puissamment anti-infectieux de l’EPP. Un doute renforcé quand on consulte la littérature scientifique.

La plupart du temps, les produits utilisés pour ces expériences n’avaient rien de naturel : soit il s’agissait du fameux Citricidal, soit d’autres produits « contaminés » par du chlorure de benzéthonium. Du coup, Bio/Chem Research a eu beau jeu de se référer aux études vantant les mérites du Citricidal qui, à l’usage, s’est révélé 10 à 100 fois plus efficace que les molécules de synthèse de référence pour combattre quantité de bactéries et champignons ! Un peu louche, tout de même…

Et quand des chercheurs intrigués par ces résultats renversants ont décidé de tester des échantillons d’EPP « fait-maison », ils ne sont pas parvenus à détecter une activité antimicrobienne digne de ce nom. Comme quoi l’efficacité attribuée à l’EPP tiendrait en fait à son « adultération », autrement dit à l’ajout de substances de synthèse potentiellement nocives pour la santé (2).

En 2012, l’American Botanical Council (ABC), une organisation à but non lucratif dédiée à l’éducation du public, des médias et des professionnels de santé, sur les plantes médicinales et autres ingrédients santé, s’est prononcé sur l’extrait de pépins de pamplemousse via un article publié dans la revue HerbalGram. Le jugement, basé sur une revue exhaustive des publications scientifiques, est sans appel :

• l’effet antimicrobien de l’EPP non adultéré n’est pas avéré ;

• il est habituel de retrouver au moins un antimicrobien de synthèse dans les produits testés ;

• l’argument avancé selon lequel les substances adultérantes seraient naturellement générées par le procédé d’extraction ne repose sur aucune base.

Notes :

(1) En 2008, des scientifiques ont évalué la qualité de produits à base d’EPP commercialisés au Japon en tant que complément alimentaire. Sur les cinq produits analysés, trois contenaient du chlorure de benzéthonium (jusqu’à 7 % pour l’un d’entre eux !). En revanche, pas de trace de chlorure de benzalkonium.

(2) Dans le but d’augmenter de façon naturelle l’activité antimicrobienne de l’EPP non adultéré, les labos ajoutent fréquemment des flavonoïdes à leur extrait.

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