Interdiction des néonicotinoïdes : les associations gagnent… bien tard

Les néonicotinoïdes sont des pesticides dont les effets ravageurs sur les populations d’abeilles et, plus généralement, sur l’environnement, sont largement documentés depuis des années. Or, il a fallu bien longtemps pour qu’enfin leur usage soit progressivement interdit et, en 2019, grâce à un long combat des associations de défense de l’environnement, seule une de ces substances pouvait encore être utilisée en Europe. Malheureusement, il a suffi que les cultures de betteraves sucrières (avec lesquelles on inonde de sucre le marché de l’agro-alimentaire) soient menacées par des pucerons pour qu’une loi vienne réintroduire ces polluants en 2021. Puis, trop contents de cette dérogation, les betteraviers (soutenus par la FNSEA) ont réclamé de les employer encore en 2022, et ont redemandé la même dérogation en 2023… Heureusement, cette fois, le ministre français de l’agriculture a dû se soumettre aux décisions européennes opposées à cet usage tellement meurtrier pour les abeilles. Et enfin, plus de deux ans après la première dérogation et après plusieurs référés, le 3 mai dernier, le Conseil d’État a enfin rendu un jugement reconnaissant que cette réautorisation des néonicotinoïdes depuis 2021 était illégale. Le Conseil d’État, saisi dès la réintroduction de ces insecticides, a attendu plus de deux ans et l’utilisation de plus de 100 milliards de graines enrobées de substances toxiques pour enfin agir en faveur de la préservation de la planète. Cette victoire si tardive laisse un petit goût amer…