La contraception
Ou les moyens du libre-arbitre
Troisième volet du cycle consacré à l’histoire de la médecine en France, après les thématiques intimement liées de l’accouchement et de l’avortement, traitées dans les magazines des mois derniers, la contraception ouvre encore un débat qui engage cette fois les corps de la femme et de l’homme.
Il y a cinquante ans, en 1967, la loi Neuwirth autorisait la contraception et la pilule en France, levant un tabou, et entérinant une situation de fait, qui rendait l’interdiction inapplicable. La contraception ne date évidemment pas d’hier. Un pénis égyptien d’il y a 6000 ans, muni d’ « un étui », sert souvent d’exemple. Les premiers textes écrits de l’Antiquité, de l’Égypte à Babylone, révèlent déjà avec certitude de telles pratiques.
Lorsque l’avortement était une forme de contraception
Avortement et contraception se sont longtemps confondus. On oppose souvent les conceptions païennes de l’Antiquité à l’ère chrétienne, car le christianisme a formalisé l’interdiction stricte.
Jusqu’à aujourd’hui, l’église catholique n’a pas levé cette interdiction. Le pape François, malgré ses positions progressistes, ne va pas jusqu’à autoriser les contraceptifs, interdits par le commandement selon lequel « toute relation sexuelle doit être ouverte à la vie », même dans le cas où il s’agit d’enrayer une épidémie.
De même, dans la tradition juive, musulmane ou protestante, les religions du Livre associent la copulation à l’acte reproducteur, un postulat commun aux sociétés patriarcales qui assignent la place de la femme dans la société dans une perspective utilitariste de sa sexualité.
En réalité, le contrôle de la fécondité a amené le développement de certaines techniques, pratiquées dans l’intimité privée, tout au long de l’histoire, y compris pendant les périodes d’interdictions légales ou religieuses.
Une affaire d’hommes et de femmes
Les pratiques abortives anciennes sont nombreuses et multiples. Elles se combinent souvent entre elles pour un meilleur résultat.
Rites et prière font souvent partie du remède. Remède qui peut être médicamenteux, sous forme de breuvages, d’aspersions, de fumigations ou de cataplasmes, ou mécanique, le retrait du pénis, l’usage d’une capote ou d’un tampon, dont l’efficacité peut être renforcée par des recettes à base de plantes.
La contraception engage les deux partenaires. Elle empêche la procréation, mais protège aussi des maladies vénériennes. En boyau, en peau de serpent, personne ne peut dire quand le préservatif a été inventé.
En 1564, Gabriel Fallopio imagine un fourreau de lin imprégné d’une décoction astringente, pour prévenir les maladies. Le mot de « condom » vient du verbe « condere » en latin « cacher, protéger ». L’usage se banalise peu à peu.
Les préservatifs se perfectionnent avec la découverte du latex en 1839, mais ils n’apparaîtront sur le marché qu’en 1870.
Sous la IIIe République, le courant libertaire néo-malthusien milite pour la contraception. Pierre Robin installe en 1889 un centre de consultation et de vente de produits anticonceptionnels à Paris.
En 1909 est publié un premier guide sous le titre « Moyens pour éviter la grossesse ».
Avec les guerres, les lois natalistes de 1920 interdisent l’avortement et la contraception, et poussent les militants dans la clandestinité.
À LIRE
Quelle contraception choisir ? Fabienne Beguerie. Éditions Mosaïque-Santé – 160 p. – 14 €
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