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La santé naturelle avec Sophie Lacoste

Laetitia de Laroullière – Ostéopathe

Chaque mois, nous partons à la rencontre d’un ou d’une thérapeute*. Aujourd’hui, conversation avec Laetitia de Laroullière, ostéopathe à Paris.

Rebelle-Santé : Comment êtes-vous devenue ostéopathe ?

Laetitia de Laroullière : J’avais 10/12 ans quand j’ai découvert l’ostéopathie pour chevaux. À l’époque, passionnée par la nature (je le suis toujours !), je voulais devenir ostéopathe équine. Puis, j’ai été traitée en ostéopathie pour une sciatique à 15/16 ans et j’ai pu en constater l’efficacité sur moi-même. Quelques années plus tard, j’ai échoué à la prépa véto, et décidé de m’orienter vers l’ostéopathie pour humains. Ces 5 ans d’études ne me faisaient pas peur puisque j’étais désormais sûre de ma voie et, aujourd’hui, je suis heureuse de ce parcours.

Quels sont, selon vous, les plus grands succès de l’ostéopathie ?

Il y a 2 niveaux de réponse. 

Le succès est :

1 = celui du ressenti du patient, 

2 = celui de l’équilibre de son corps perçu par le thérapeute. 

Il faut soulager le symptôme, évidemment, mais aussi équilibrer le corps pour prévenir d’autres symptômes. On peut aussi parler du succès de réussir là où d’autres approches avaient échoué : cela signifie que l’ostéopathie était le bon outil ici. Le plus grand succès, c’est quand on est le plus ajusté. Ce n’est pas toujours le cas ! Ainsi, si l’ostéopathie est efficace contre la plupart des torticolis, certains relèvent d’une tout autre thérapie (prise en charge). On nous consulte généralement pour des douleurs dites fonctionnelles, c’est-à-dire sans atteinte organique identifiée. Les examens ne « donnent » rien, contrairement aux douleurs organiques, dont l’origine lésionnelle est identifiable par une radio, une prise de sang… 

Par exemple, un patient se plaint de son omoplate : le bilan médical est normal, mais lui, il a mal ! Alors certes, on peut le soulager en libérant la contracture musculaire locale douloureuse… mais si l’origine du problème vient d’une compensation des chevilles ou de la hanche, il faudra la traiter, sinon la douleur reviendra. C’est notre travail. 

Donc, votre regard est avant tout physique ?

Oui, toujours ! Le corps parle et nous l’écoutons avec nos doigts. La consultation démarre par des questions-réponses à l’oral. J’essaie de découvrir ce qui a pu contraindre le corps, le blesser, même il y a plusieurs années. Accident, opération, maladie, chute, travaux dentaires, traitement médical (= stress chimique), voire opération ophtalmologique… Tout ce qui l’a stressé peut expliquer un « point de tension » qui ne cède pas. Si ce questionnaire ne « donne rien », on passe à d’autres questions plus axées sur l’émotionnel ou l’environnement : y a-t-il eu des chocs psychologiques, un changement de vie soudain ?

Ensuite, je vérifie avec mes mains si les tissus bougent comme ils le devraient. Parfois, le simple fait d’évoquer un éventuel contexte émotionnel se traduit par une modification immédiate des tissus, voire un relâchement. On peut alors faire un travail intéressant : c’est comme si deux grilles de lecture se superposaient et que, d’un coup, elles s’ajustaient l’une l’autre. En tout cas, dès que ça coince, il faut libérer les zones bloquées, c’est le but de l’ostéopathie. Ce qui est captivant, c’est l’histoire de la personne, la date des évènements, ce qu’ils ont pu donner comme tensions. Une tension n’apparaît jamais de manière spontanée, mais à cause d’un stress physique, émotionnel ou chimique.

Y a-t-il toujours un point de départ psychologique, émotionnel ?

Non ! Une cheville tordue ou un déménagement peut suffire à faire mal, pas la peine d’aller chercher plus loin. Je ne vais pas envoyer tous mes patients en thérapie ! En revanche, un traumatisme psychologique ancien a pu enkyster une tension. Par exemple, un enfant malmené, la boule au ventre, pourra donner un adulte voûté. Là, le travail ostéopathique ne suffira pas : tant qu’il n’y aura pas d’accompagnement (psychologique, sophrologique…), le patient aura tendance à garder cette position « en avant », de protection. Au fil des séances, psycho et ostéo, il reprendra confiance en lui et gagnera en confort physique.

Certaines femmes viennent vous voir pour des problèmes de fertilité, quel rapport ?

Tout dépend de leur parcours. Mais il est déjà possible de dire si, « ostéopathiquement », il y a une gêne du côté des ovaires, de l’utérus… On perçoit une zone dense, ou un problème de psoas, de plancher pelvien, un blocage du petit bassin… ou encore une forte tension à distance. Imaginons : si une femme a porté, ado, un appareil dentaire contraignant, ce stress dentaire, du crâne et de la gorge a pu tirer l’ensemble du corps vers le haut, bloquant divers organes digestifs, gynécologiques… Le bassin peut rester ainsi « fermé » jusqu’à l’âge adulte. 

Les douleurs se manifesteront chez un sportif par des souffrances au bout de 20 km de running… ou par un problème de fertilité chez certaines femmes. Là encore, le but est de libérer les organes pour qu’ils retrouvent leurs fonctions. C’est un exemple, bien sûr, mais si bébé ne vient pas malgré des bilans « normaux », cela vaut le coup d’essayer de voir plus loin !

Vous avez travaillé sur l’aspect philosophique de l’ostéopathie, cela vous a t-il apporté quelque chose ?

Beaucoup. Sous la houlette de Jean-Marie Gueulette, médecin, philosophe, théologien et auteur, qui s’est penché sur les différences entre médecine et ostéopathie. La philosophie des sciences, du corps, de la santé et de la perception, portée par les philosophes anciens comme ceux du XXe siècle, nourrit ma réflexion sur mon métier. Ce travail philosophique m’a permis de penser et de légitimer ma pratique, et de mettre des mots sur des perceptions subjectives. De là, d’accepter cette part de subjectivité sans chercher à l’éliminer ni à l’épurer au maximum pour obtenir finalement un substrat d’où il manquerait peut-être l’essentiel : l’humain.

Cela ouvre, plus largement, un champ d’exploration infini. Et je recommande à tous ceci : faites de la place pour votre propre subjectivité, écoutez-vous !

 

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