L’Améthyste
a sa maison en Auvergne
C’est au Vernet-la-Varenne, petite bourgade se nichant dans le Parc naturel régional du Livradois-Forez, qu’une poignée de passionnés a remis la pierre violette à l’honneur. Exploitée par intermittence depuis 500 ans, puis délaissée, la mine revit aujourd’hui…
Ils s’appellent Pierre, Adrien, Nicolas, Valérie et Françoise. Ils sont géologue, accompagnateur, lapidaires-mineurs et maire du village. À eux cinq, ils ont réussi à sortir l’améthyste d’Auvergne de l’oubli dans lequel elle était tombée depuis de nombreuses années. « L’aventure a démarré il y a une dizaine d’années, raconte Françoise Bourgne, maire de cette commune qui compte à peine un millier d’âmes. Mon prédécesseur avait déjà fait faire une étude autour du projet de développement de cette spécificité géologique de la région, unique en Europe. » En 2009, le coup d’envoi est lancé et un petit musée retraçant l’histoire de l’améthyste en Auvergne ouvre dans la salle d’un ancien restaurant du village. Mais, très vite à l’étroit, la belle pierre trouve un lieu plus approprié pour s’exposer : c’est le château de Montfort, bâtisse datant du XVe siècle, perchée à 800 mètres d’altitude et devenue propriété de la commune, qui abrite désormais la maison de l’Améthyste et son musée.
Pierre, le géologue
« L’améthyste est une variété de quartz de teinte violette – allant du mauve pâle au violet profond, explique Pierre Lavina, passionné par ce minéral local. Sa couleur est liée à un excès d’atomes de fer qui se substituent à ceux de silicium de son réseau cristallin et à l’irradiation naturelle subie par le minéral. » Bref, rien de plus naturel que cette couleur qui fascine tant ceux qui l’approchent. Précisons que cette améthyste a cristallisé à partir de magmas granitiques, il y a environ 400 millions d’années. « Ce qui explique qu’on ne trouve pas de géode dans ces carrières, poursuit le géologue-volcanologue. Ce que l’on extrait, ce sont des améthystes issues de druses, c’est-à-dire de fractures ouvertes dans le granite. »
« La particularité de ce quartz violet qui jonche le sol et sillonne à travers la campagne livradoise est qu’il ait 6 faces lorsqu’il est à l’état brut, poursuit le “spécialiste des cailloux”. Depuis quelques années, une collaboration est née avec de jeunes géologues tout juste sortis de l’école. Ils viennent au Vernet pour s’initier à la recherche appliquée. »
Brève histoire de l’améthyste en AuvergneLa belle pierre violette fait partie du paysage. Les habitants du village et des environs ont toujours connu ce « caillou » qui, parfois, ressort dans les champs lors des labours. « Les résidus servaient même à paver les chemins, se souvient Madame le maire qui venait en vacances dans la région, chez ses grands-parents. Tout le monde en avait – sur les bords des fenêtres ou dans les jardins… » Il faut dire que ce gisement, unique en Europe, en a fait rêver plus d’un ! Les mineurs, professionnels ou amateurs, se sont succédé au fil des années. Le musée de la maison de l’Améthyste retrace cette histoire qui a même inspiré un roman (Les chemins d’améthyste, de Gérard Georges, aux Presses de la Cité. 19 €). |
Adrien, l’accompagnateur
Adrien Laborit fait découvrir la géologie de façon ludique
Il est animateur et, tout l’été, il accompagne les groupes dans une balade de 2 h 30 intitulée « Rendez-vous à la mine ». Munis d’un sac de prospection contenant une paire de lunettes et un marteau, parents et enfants enthousiastes s’élancent à sa suite. Au cours de leur promenade, ils découvrent le gisement après avoir testé leurs outils et détecté la composition de roches trouvées en chemin à l’aide d’une loupe monoculaire de naturaliste. « J’ai participé à l’aventure dès son début », se souvient Adrien. Embauché par la commune, il assure, avec Mathilde Laumond, les animations pédagogiques et ludiques proposées par la maison de l’Améthyste. Deux fois par semaine, il part orpailler dans un ruisseau voisin. « Le nombre de visiteurs augmente chaque année, constate-t-il avec plaisir. D’un millier en 2009, le nombre est passé à 7600 en 2018. Et le lieu est désormais classé “Géosite de l’améthyste d’Auvergne” ».
Nicolas et valérie, les lapidaires-mineurs
Nicolas Léger et Valérie Aubard : le moment du pesage
Ici, sur un terrain acheté il y a quelques mois, Nicolas Léger et sa compagne Valérie ont bel et bien l’intention de consacrer leur vie à la belle pierre.
« C’est après avoir découvert de façon tout à fait fortuite un gisement de saphirs, que je me suis lancé dans l’aventure de l’améthyste », confie le lapidaire devenu mineur à son tour. En attendant les autorisations délivrées par la Dreal (1), le couple a commencé à faire de la mine de Poux un écolieu avec la volonté de minimiser l’impact des prélèvements et de respecter la nature environnante. Ils se sont engagés à remettre le terrain dans un état qui ne soit pas dangereux et à le laisser revenir à une certaine biodiversité.
Un pari un peu fou, mais une aventure humaine passionnante, et la découverte récente de gemmes de grande qualité leur permet de croire que, décidément, l’améthyste d’Auvergne a encore de beaux jours devant elle.
(1) Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement.
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ContactLa maison de l’Améthyste Le lieu a fermé début novembre. Il rouvrira ses portes le 1er avril 2019 et fêtera ses 10 ans. | |
BienfaitsVers la fin du XIIe siècle, le savant Marbod compose un traité sur les propriétés des pierres. Pour plus de renseignements, voir le site : www.lithotherapie.net |
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