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La santé naturelle avec Sophie Lacoste

Le cardiospasme œsophagien

Contrairement à son appellation, le cardiospasme n’a rien à voir avec le cœur. Il s’agit d’une pathologie œsophagienne due à la contraction permanente d’un muscle situé au bas de l’œsophage. D’où une stagnation des aliments et une dilatation œsophagienne, sources de difficultés de déglutition et de régurgitations des repas.

Le cardiospasme que l’on appelle aussi “achalasie”, “spasme du cardia” ou parfois “mégaœsophage idiopathique”, est une affection rare qui touche indifféremment les hommes et les femmes, à une fréquence de 1 cas/100000 personnes par an. Cette pathologie, favorisée notamment par les chocs émotionnels et le stress, apparaît entre 50 et 60 ans. Du fait de son installation progressive, le cardiospasme est souvent diagnostiqué avec retard par rapport aux premiers symptômes, 1 à 2 ans après en moyenne.

Petit rappel de l’anatomie de l’œsophage

Difficile de comprendre les symptômes du cardiospasme œsophagien sans un rappel de l’anatomie particulière de ce long tuyau pourvu de fibres musculaires qu’est l’œsophage et qui relie la bouche à l’estomac. L’endroit où l’œsophage est relié à la partie supérieure de l’estomac se nomme le “cardia“. Il est fermé par un muscle appelé “sphincter inférieur de l’œsophage” ou SIO. Les aliments progressent le long de l’œsophage du fait de leur pesanteur mais aussi grâce aux mouvements “reptiliens” provoqués par les muscles qui composent sa paroi. À l’arrivée des aliments en bas de l’œsophage, au niveau du cardia, le SIO se relâche, le cardia s’ouvre et les aliments tombent dans l’estomac.

Un problème de sphincter

C’est précisément en bas de l’œsophage, au niveau du SIO, que réside le problème du cardiospasme: au lieu de se relâcher, le SIO reste contracté en permanence, empêchant l’entrée des aliments dans l’estomac. Une altération de la commande nerveuse du muscle, d’origine inconnue, empêche sa relaxation lors de la déglutition. Les aliments vont stagner et l’œsophage va se dilater, deux phénomènes à l’origine des symptômes gênants ressentis par le malade.

Dysphagie

La dysphagie est le terme médical qui désigne la difficulté à déglutir les aliments. C’est le signe principal rencontré dans le cardiospasme œsophagien. Elle se produit en général derrière la partie basse du sternum. Intermittente au départ, elle s’aggrave progressivement. Paradoxalement, l’alimentation liquide, chaude ou glacée, a parfois plus de mal à passer que l’alimentation solide! Mais de façon étonnante, l’ingestion de grandes quantités d’eau et la position “bras levés” peuvent améliorer les choses. D’autres symptômes peuvent aussi apparaître: régurgitations d’aliments en position allongée ou juste après le repas. Lors des régurgitations, le passage des aliments mal orientés (vers les poumons) provoque parfois une toux, un amaigrissement (30% des patients) et parfois des douleurs thoraciques. Ces douleurs thoraciques peuvent évoquer une angine de poitrine ou un infarctus.

Un diagnostic facile

La fibroscopie permet de faire le diagnostic en montrant un œsophage dilaté et la persistance d’aliments. Elle permet aussi de montrer que la stagnation alimentaire n’est pas due à une tumeur œsophagienne ou gastrique (cancers) ou à une tumeur de voisinage (poumon, pancréas…). La manométrie œsophagienne, qui consiste à mesurer la pression musculaire effectuée par le SIO, est l’examen clé qui va confirmer que ce dernier est hypertonique et que sa relaxation est absente ou incomplète.

Traitement médical

Efficace surtout au début de l’évolution du cardiospasme, le traitement médical comporte la prise de médicaments qui vont agir sur le tonus du muscle en favorisant sa relaxation. Il s’agit des inhibiteurs calciques (type Adalate®) et des dérivés nitrés (type Risordan®). Bien entendu, il faut également fractionner les repas et privilégier plutôt l’alimentation liquide.

Toxine botulique

Encore une indication de la fameuse toxine botulinique, en cours d’étude et d’évaluation. L’injection de la toxine permet, via les cellules nerveuses, de relaxer le muscle contracté. Cette technique, sans aucun effet secondaire, s’avère toutefois moins efficace que la dilatation par ballonnet. En outre, elle nécessite la répétition des injections.

Du côté de la chirurgie

En cas d’échec du traitement médical, les spécialistes ont recours aux solutions chirurgicales.
=> La dilatation du muscle par un ballonnet d’un diamètre de 30 à 40 mm introduit dans l’œsophage et que l’on va gonfler à l’air. Effectuée sous anesthésie générale, cette dilatation connaît une efficacité de 60 à 80%. 1 à 3 séances sont toutefois nécessaires pour obtenir un soulagement durable (diminution d’environ 60% de la pression musculaire initiale). Signalons que cette technique n’est pas dénuée de complications, comme la perforation ou les fissurations œsophagiennes par exemple. Un risque évalué à 2 à 3% des dilatations.

=> La section du SIO, qu’on appelle cardiomyotomie, et qui peut se pratiquer sous cœlioscopie, lorsque les multiples dilatations se sont avérées inefficaces. Les résultats sont favorables dans 70 à 90% des cas.

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