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La santé naturelle avec Sophie Lacoste

Les Bioplastiques

De l’évidence aux défis

Une alternative à la pollution plastique qui envahit la planète : la mise au travail des plantes et des bactéries pour nous fournir en bioplastiques !

Nous sommes “accros” aux plastiques

C’est incontestable, et ce n’est pas étonnant ! Que ce soit sur le plan technologique ou esthétique, ils se déclinent à l’infini, toujours plus performants. Mais, issus de la pétrochimie, ils sont de plus en plus coûteux et sont polluants. Pour le grand public, c’est sans doute l’affaire des sacs de caisses qui fait date, et c’est tant mieux ! Juste quelques chiffres : en France, ce sont 570 sacs d’emplettes qui sont distribués chaque seconde, soit environ 17 à 18 milliards par an. Ces quelques minutes de confort ou de support publicitaire génèrent des tonnes de déchets polluants pour les sols, pour l’air (lorsqu’ils sont brûlés) et pour le milieu marin (des dauphins, des phoques ou des tortues meurent étouffés en avalant des sacs plastiques qu’ils confondent avec des proies…). Rien que pour éliminer ces fameux sacs, c’est 100 millions d’euros investis chaque année.
Et c’est sans parler de tous les autres plastiques, omniprésents dans notre vie quotidienne (objets divers, bâtiments, voitures…).

Les problèmes écologiques qu’ils posent sont immenses

> utilisation des ressources fossiles
> encombrement des décharges
> pollution quasi éternelle : les plastiques mettent 200 à 500 ans pour disparaître… de notre vue, car si les gros assemblages moléculaires qui les constituent se fragmentent en petites molécules, certaines d’entre elles sont toujours polluantes ; il n’y a de changement que dans la taille des molécules !
> l’incinération impose un traitement spécifique des résidus des fumées (ce sont les fameux REFIOM, considérés comme des déchets ultimes, car encore fortement chargés en produits toxiques : plomb, mercure, arsenic… Ils doivent être stockés en décharges classées, après un traitement de stabilisation et de solidification ou de vitrification). À noter que, si la combustion du plastique se fait en présence de matières organiques, il y a rejet de dioxine et de métaux lourds dans l’air ; il est donc impératif d’être intransigeant avec tous les brûlages intempestifs que l’on peut constater !
> bilan carbone très mauvais !

Une “île” en plastique !

Non, il ne s’agit pas d’une nouvelle destination de vacances (quoique…), ni d’une plaisanterie, mais d’une réalité ! Une immense décharge flottante a été découverte dans l’Océan Pacifique entre la Californie et Hawaï ; cette «île», de taille respectable (600.000 km2, soit environ la taille de la France), est constituée par un amas de plastiques divers qui peut atteindre plusieurs millimètres d’épaisseur et qui voguent entre la surface et plusieurs mètres de profondeur ! Dans cette zone, on trouve six kilos de plastique pour un kilo de plancton ! Les courants marins, par mouvements de rotation, ont tendance à compacter la masse. Comment en est-on arrivé là ? Des tonnes et des tonnes de déchets plastiques sont rejetés depuis les côtes ou les bateaux, et des courants marins tournants créent dans cette zone une accumulation continuelle, jusqu’à former une plaque dont la taille aurait triplé en 15 ans. Les conséquences écologiques sont désastreuses : les plastiques non biodégradables se fragmentent en un sable que les animaux marins ingèrent, le confondant avec de la nourriture, ce qui entraîne une importante mortalité. À cela, il faut ajouter que ces grains de plastiques fonctionnent comme des éponges et accumulent de grandes quantités de produits toxiques (pesticides, PCB…) qui contaminent la chaîne alimentaire. Greenpeace a recensé au moins 267 espèces marines victimes de ce type d’intoxication.

Des plantes ou des bactéries pour faire des bioplastiques

Pour faire du plastique à partir du pétrole, il faut fabriquer de grosses molécules : les polymères. Or, les premiers fabricants de polymères naturels sur Terre, ce sont les plantes et les bactéries avec, en ces temps de changement climatique programmé, un avantage considérable : ces fameux polymères qui peuvent servir à élaborer des plastiques, elles les fabriquent en séquestrant le gaz carbonique, bien connu comme gaz à effet de serre ! Mais l’intérêt ne s’arrête pas là ; ces biopolymères offrent, dans leur nature-même, la solution à leur élimination : ils sont directement assimilables par les micro-organismes du sol et donc sont recyclés par compostage ; pas d’incinération polluante, mais une action positive sur la fertilité des sols !

Soyons consomm’acteur…

Où doit donc se porter notre vigilance ?

> La production de bioplastiques ne doit pas concurrencer les cultures alimentaires, surtout dans les pays où la précarité des ressources vivrières est grande.
> Les plantes utilisées ne doivent pas être OGM, l’information consommateur doit être claire à ce sujet pour qu’il puisse choisir ! Certains producteurs, comme l’Italien Novamont, refusent d’utiliser du maïs OGM pour ses fabrications.
> L’information de tous les usagers sur la dégradation après utilisation est indispensable. Dégradables, biodégradables, compostables, tout ceci est à préciser au niveau international et l’étiquetage aura un rôle clé pour toute la filière.

La nécessité d’une filière cohérente

Produire et utiliser des biomatériaux n’a de sens que si, en fin de vie, il y a un impact environnemental minimal. Le tri et la collecte sélective sont  indispensables. La spécificité de ces déchets est la biodégradation, ce sont des matériaux fermentescibles. Ils doivent être orientés vers les filières de compostage ou de méthanisation industrielles ; la difficulté majeure aujourd’hui est l’identification des objets fermentescibles, sachant que toute erreur de tri nuit à la qualité du compost. Il faut donc informer (étiquette – norme claire), éduquer et donner les moyens aux collectivités locales de bien valoriser cette partie de la poubelle ménagère. Notons que c’est une occasion pour chacun de se discipliner en matière de tri des déchets compostables à la source, et aussi en matière de dissémination dans la nature. Un objet, même biodégradable, ne doit pas être abandonné dans la nature car, au-delà de la pollution visuelle générée, les conditions de sa biodégradabilité ne seront pas réunies pour qu’il évolue vers du compost (nécessité de 50 à 60 °C ; une telle température n’est atteinte que dans les tas de compost).

Le défi des bioplastiques

Les bioplastiques peuvent relever le défi : remplacer les plastiques de la pétrochimie, apportant ainsi un plus environnemental ; même si celui-ci n’est pas encore très contrasté, il devrait le devenir avec les recherches en cours pour améliorer la technologie. Ces matériaux sont biodégradables et renouvelables.

Développer et utiliser des bioplastiques permet :

> la lutte contre le réchauffement climatique : séquestration du carbone par les cultures, restitution du carbone par le compost sous une forme bio-assimilable par la faune du sol et amélioration de la fertilité du milieu ; peu de production de gaz à effet de serre ; possibilités de production et de recyclage proches des sites de consommation (écobilan favorable, pas de transport)
> la réduction de la pollution chimique des sols par des polymères non biodégradables
> la réduction de la pollution de la chaîne alimentaire
> la réduction de la destruction d’espèces animales par étouffement, malnutrition…
> la réduction du gaspillage des ressources fossiles.

Les perspectives de développement des bioplastiques sont très encourageantes. Un travail sur les coûts de production reste cependant indispensable, car ils restent entre 2 à 10 fois plus chers ; une politique incitative à leur utilisation et à une normalisation internationale serait également la bienvenue.

Utiliser les bioplastiques

Les domaines d’application sont divers. Pour l’instant, ils pénètrent plutôt des marchés de niche et ciblent les usages uniques ou les objets à durée de vie courte ou moyenne, avec cependant des exceptions notables : l’industrie automobile, l’électronique, le textile !

Où trouve-t-on des bioplastiques ?

Dans le domaine de l’emballage industriel (actuellement surtout pour le calage), emballage de produits ménagers (film transparent pour les produits d’hygiène, par exemple), produits d’hygiène (couches pour bébé), films de paillage ou divers autres usages agricoles comme les pots en pépinière forestière, sacs de collecte de déchets verts ou organiques, sacs réutilisables, vêtements (exemple d’une marque américaine Ingeo et d’une marque japonaise Arkh), fibres (cordes, rubans), pièces automobiles (pare-choc, pneus). C’est quand même surtout du côté de l’emballage en agro-alimentaire et en restauration que ces bioproduits se positionnent avec succès aujourd’hui. Les rayons frais commencent à s’habiller en bioplastiques : les films, les barquettes rigides pour les fruits et légumes…

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