Les fondements oubliés de la santé

Côté santé, si on remettait un peu d’ordre dans nos priorités ?
La médecine contemporaine se focalise sur la maladie, mais elle peine à définir la santé. La vieille définition de « silence des organes » est devenue complètement surannée, ne tenant aucun compte de connaissances de plus en plus fines de la physiologie humaine. Cela s’explique historiquement. Pendant des siècles, les médecines traditionnelles, y compris en Occident, avec la médecine hippocratique, ont interprété la maladie comme une rupture d’équilibre : équilibre entre des principes du corps dans les médecines humorales (bile, bile noire, phlegme, pneuma essentiellement) et/ ou équilibre social ou avec des entités surnaturelles, souvent en premier plan, dans d’autres médecines. On se penche alors sur les causes de ces déséquilibres. Elles peuvent être extérieures ou intérieures. Il s’agit le plus souvent d’un excès de chaud ou de froid, ou d’un comportement inadapté, car les humeurs sont aussi associées à des tempéraments : colérique, mélancolique, phlegmatique ou nerveux, ou encore de la transgression d’un interdit social. On prend également en compte la qualité de l’air respiré, de la nourriture absorbée, qui doit être adaptée au tempérament, à la saison. Bref, on considère l’état de santé sous influence des variations internes et externes et donc du rapport au monde. Mais il faut admettre que les moyens d’action, outre la prévention, restent limités et la compréhension des phénomènes elle-même contrainte par des moyens techniques diagnostiques rudimentaires. On ne sait pas faire la différence entre une tumeur bénigne ou maligne, faute de microscope, et si l’on a compris que le mauvais air des zones humides (le « mal aria ») favorisait des fièvres récurrentes (le paludisme… ou malaria), on ignore tout du plasmodium, le parasite en cause. Il faudra la révolution scientifique, à la fois diagnostique et thérapeutique, débutée au XIXe siècle, pour identifier les microbes, comprendre l’anatomie, jusqu’à la cellule, et la chimie du corps, et constater les effets puissants des nouveaux médicaments. Ces succès paraissent initialement sans limite. La pénicilline détruit ainsi quasiment tous les germes pathogènes sans résistance. Les premiers psychotropes vident les asiles d’aliénés. On est persuadé de parvenir à la santé pour tous en 2000, débarrassé des « vieilleries » de la médecine traditionnelle.
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