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La santé naturelle avec Sophie Lacoste

Les plantes tinctoriales

Une fois n’est pas coutume, aujourd’hui je ne vous parlerai pas d’un de mes savoir-faire, mais de celui d’une artiste exceptionnelle. Il y a un an, j’ai suivi une formation avec Betty Lizot, une super artiste peintre, initiée aux plantes sauvages pendant son enfance par son père, botaniste réputé… Véritable puits de connaissances, Betty propose des formations géniales sur les plantes tinctoriales.
Pour ce joli mois de début d’été, j’avais donc envie de vous faire partager ses précieux savoirs…

Matériel

– Des plantes dites tinctoriales, sauvages ou cultivées
– Alun en poudre (en pharmacie)
– Lessive de cendre (en magasin de bricolage ou jardinerie)
– Bicarbonate de soude

Donc, ce mois-ci, c’est Apprentissage d’extraction des couleurs de plantes sauvages ou cultivées. Ou comment se fabriquer sa propre palette de peintures et réaliser de très jolies aquarelles végétales.
Dans un premier temps, nous laisserons de côté les teintures, qui, elles, ont besoin d’un traitement spécial pour se fixer sur les fibres (mordançage). Nous allons juste tremper un morceau de tissu dans les pigments obtenus afin de comparer les différences de tons.

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Principe

Selon l’époque de la récolte et les organes prélevés, on n’obtient pas les mêmes tons et parfois les couleurs diffèrent réellement.

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Par exemple, pour la bourdaine :
– mélangée avec de la lessive de cendre, l’écorce donne du rouge
– mélangés avec de l’alun, les rameaux donnent du jaune
– en macération, les feuilles donnent du marron
– en macération, les fruits encore verts donnent du jaune
– en macération, les fruits mûrs donnent du vert.

Méthodes d’extraction

Macération à froid

Les écorces : découper et couvrir d’eau. Laisser macérer 1 mois. Rajouter un petit peu d’eau si besoin et faire bouillir 5-10 minutes.

Cuisson

Surtout, ne pas noyer les végétaux : l’eau doit juste affleurer.
Les baies fraîches : décoction => écraser dans l’eau et faire bouillir 5 minutes.
Les fleurs : décoction => réduire en morceaux et faire bouillir 5 minutes. Pour les pétales fragiles, juste faire frémir.
Les baies sèches : infusion puis décoction => verser l’eau bouillante sur les baies et laisser infuser quelques heures. Les écraser au mortier et faire bouillir 5 minutes.

Fermentation

Les coques vertes des noix : laisser tremper dans de l’eau pendant 1 mois.

À la cuve

Cette méthode est plutôt utilisée par les professionnels pour obtenir des bleus : la couleur est révélée par l’oxygène. Très difficile à reproduire en extraction domestique.

Un peu de vocabulaire

Les encres

Extraction liquide de colorants et pigments ; on les obtient après infusion ou décoction de la plante hachée dans l’eau de source.

Les pigments

Extraction solide de colorants et pigments ; on les obtient en ajoutant un précipitant (alun, lessive de cendre, bicarbonate de soude).

La palette

Je vous donne quelques exemples de végétaux utilisés, mais le mieux est de faire ses propres tests.

On les fixera sur une palette papier et tissu afin d’avoir toujours un support visuel des couleurs obtenues selon plusieurs extractions et mélanges.
Et, en partant d’un même végétal, on peut rapidement se rendre compte qu’on obtient une palette de tons très différents les uns des autres.

Achillée (sommités fleuries)

Décoction

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1. Couper les sommités fleuries, les couvrir d’eau et les faire bouillir
2. Filtrer à travers un tissu
3. Séparer en 2 pots, A et B
4. Dans le pot A, ajouter une cuillère à café d’alun
5. Dans le pot B, ajouter une cuillère à café de bicarbonate de soude. Ça mousse et il se forme un précipité, les pigments se séparent du liquide
6. Filtrer le pot B à travers un tissu

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7. On récupère les pigments qu’on laisse égoutter et finir de sécher

Ajonc (fleurs)

Macération courte

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1. Couvrir les fleurs d’eau et les faire macérer entre 12 h et 24 h. Verser dans une casserole et faire bouillir

*

2. Filtrer à travers un tissu
3. Ajouter une cuillère à café d’alun

Bourdaine (écorce)

Macération longue

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1. Couvrir les écorces d’un mélange d’eau et d’1 cuillère à café de lessive de cendre et laisser macérer 1 mois
2. Faire bouillir et filtrer
3. Ajouter 1 cuillère à café d’alun

Lierre (baies)

Macération courte
1. Ajouter un peu d’eau sur les baies et laisser macérer 12 h

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2. Le lendemain, les écraser dans un mortier avec un pilon
3. Faire bouillir et filtrer
4. Ajouter 1 cuillère à café d’alun

Pulmonaire (sommités fleuries)

Décoction

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1. Découper les sommités fleuries
2. Les couvrir d’eau et les faire bouillir
2. Filtrer et ajouter 1 cuillère à café d’alun

Prunus (feuilles)

Décoction

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1. Découper les feuilles et les faire bouillir avec un peu d’eau
2. Filtrer et ajouter 1 cuillère à café d’alun

Les couleurs

Voici une liste (non exhaustive) des couleurs que l’on peut obtenir à partir des plantes de nos régions.
Il faut savoir que les pigments végétaux utilisés en peinture fanent un peu au fur et à mesure des années. Bien sûr, cela dépendra aussi des végétaux utilisés, mais il est assez rare de garder une couleur intacte sur le long terme.

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ROUGE : dalhia, millepertuis, viorne, saule, curcuma, rumex, gaillet, garance, bourdaine…
JAUNE : tournesol, tulipe, trèfle, bouillon-blanc, achillée, reine-des-prés, anthémis, ajonc, genêt, bourdaine, aulne, épine-vinette, noyer, menthe, ronce, plantain, figuier, solidago, curcuma, millepertuis, armoise…
BLEU : rose trémière noire, chicorée, centaurée, bleuet, sureau hièble, troène, chèvrefeuille, lierre, prunus…
ORANGE : cosmos sulfureux, coréopsis, églantier, thym…
VIOLET : ronce, vigne…
VERT : iris, pulmonaire, échinacée pourpre, safran, rose trémière, bourdaine, morelle noire, millepertuis…
ROSE : phytolaque, gaillet, garance voyageuse…
MARRON : millepertuis, salicaire, reine-des-prés, sureau, ronce, châtaignier, noyer, chêne, aigremoine, bourdaine, rumex, iris jaune…
GRIS : coquelicot, ipomée, sureau hièble, sumac, artichaut, reine-des-prés, chêne, châtaignier…
OR – OCRE JAUNE : millepertuis, reine-des-prés, origan, rumex, marronnier, pêcher, noyer, figuier, poirier, saule, troène, chélidoine, aigremoine, curcuma…
ROSE THÉ : aulne, phytolaque, églantier, marronnier, sumac, amandier, grenadier, reine-des-prés, saule, poirier…

Voilà, dans les grandes lignes, ce que l’on peut dire sur les plantes tinctoriales. Essayez et vous verrez, c’est passionnant…

Et puis, si cela vous intéresse, n’hésitez pas à aller à la rencontre de Betty Lizot, grande passionnée qui partage avec humour et belle humeur sa passion pour les belles colorantes.
Betty Lizot propose une formation à Chauvigny (à la MFR : Maison Familiale Rurale 86300) intitulée Les plantes tinctoriales en décoration et bâtiment où elle explique, pas à pas, comment extraire et utiliser les pigments des végétaux.
Elle dispense également des formations à Paris, Bordeaux, et chez elle à Saint-Barbant (87330). Ses formations sont très complètes, pointues, mais abordables par le commun des mortels. Et non seulement elle vous donne toutes les ficelles de son art, mais elle vous apprend aussi à reconnaître les plantes concernées…

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Pour plus d’infos, n’hésitez pas à la contacter au 06 74 04 40 85 ou sur son blog d’artiste atelier-lizot-betty.blog4ever.com
Pour ma part, j’y retournerai dès que possible… mais en attendant, je vous souhaite un joli mois de juin et, si des questions vous empêchent de dormir, je suis là… lateliereconaturel.net

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