Mégabassines : fausse réponse à un vrai problème ?

Vous avez sans doute toutes et tous entendu parler des mégabassines, immenses retenues d’eau destinées à irriguer les cultures. Sciences et avenir a interrogé à ce sujet Christian Amblard, directeur honoraire de recherche au CNRS et spécialiste des écosystèmes aquatiques. Pour lui, faire passer de l’eau depuis le sous-sol jusqu’en surface est une “fausse réponse à un vrai problème” qui a deux conséquences négatives : “On a beaucoup de pertes par évaporation” (de l’ordre de 20 à 60 % sur la période estivale, d’après lui). Et la qualité de l’eau, dont la température augmente, est altérée, car des micro-organismes s’y développent et émettent des métabolites toxiques : “En agriculture, ils peuvent être toxiques pour la faune et les sols“, selon le chercheur.
Par ailleurs, ces mégabassines sont destinées à l’approvisionnement en eau de cultures intensives dont le modèle est fortement discuté et discutable : “Un peu plus de 50 % de l’eau d’irrigation sert aux cultures de maïs, qu’on envoie à l’étranger pour nourrir du bétail.” Les associations de défense de l’environnement soulignent les conséquences négatives de ces réserves d’eau, comme elles dénoncent de nombreux autres projets absurdes. À Sainte-Soline, où une telle mégabassine est en construction, policiers et manifestants se sont affrontés avec une extrême violence lors d’une manifestation interdite, à la fin du mois de mars. L’association Agir pour l’environnement, après le lourd bilan humain des altercations, a publié sur son site un communiqué dont voici la fin (vous pouvez lire le texte intégral sur www.agirpourlenvironnement.org) :
“Nos colères ne sont pas une haine de l’autre mais une détermination sans faille, une frustration d’avoir trop attendu. Nos luttes doivent être belles, colorées, musicales et inspirantes. Elles doivent être à l’image du monde que nous souhaitons voir advenir : créatives, bienveillantes, engagées, efficaces et non-violentes.“
À méditer pour réfléchir à de nouvelles formes d’actions.