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La santé naturelle avec Sophie Lacoste

Mon enfant avale n’importe quoi, et si c’était un PICA ?

Des piles électriques, des clés, des clous, des aiguilles… l’estomac ne connaît aucune limite dès lors que l’on souffre d’un pica, une pathologie d’ordre psychiatrique qui consiste à ingérer des substances non alimentaires, non comestibles et non nutritives.

Le pica, qui signifie pie en latin, porte bien son nom, tant le comportement du patient s’apparente à celui de la pie qui ne résiste pas à voler tout ce qui brille pour l’entreposer dans son nid. Problème, dans le pica, la personne va stocker les objets dans son estomac. En clair, le patient avale tout ce qui passe à proximité ou presque. Les services d’urgence regorgent d’ailleurs de radiographies de l’abdomen (ASP) révélant des estomacs et intestins pleins d’objets hétéroclites, le plus souvent métalliques (aiguilles, pièces de monnaie, piles, et même couverts…).

Il s’agit d’une conduite psychiatrique qu’on range dans les troubles alimentaires, même s’il ne s’agit pas de substances alimentaires et encore moins comestibles et/ou nutritives. Fort heureusement, le pica n’est pas fréquent et certaines formes sont rarissimes, se comptant en quelques cas mondiaux.

Un terme générique

Le pica, qu’on appelle également “cacophagie”, est un terme générique qui se décline sous plusieurs formes selon la substance ingérée. Tout est possible (voir encadré).

Parmi les picas les plus fréquents et les plus anciens dont on retrouve la trace dans de vieux écrits, il y a les amateurs de terre, de craie ou de boue (géophagie), mais aussi la coprophagie (matières fécales).

Estomac béton
Mais comment fait l’estomac pour résister aux vis, morceaux de verre, lames de rasoir et autres objets tranchants ? Tout simplement parce que l’estomac, qui reconnaît l’élément étranger, va tenter de l’enrober dans une gangue constituée de fibres, d’où l’intérêt de manger des légumes verts et des fruits. L’acide gastrique permet également d’abraser les objets, les rendant moins tranchants.

Maladie ou médecine traditionnelle ?

Le pica n’est pas toujours d’origine psychiatrique, car la notion de “comestibilité” des aliments est culturelle. Ce qui est considéré comme comestible dans une culture ne l’est pas nécessairement dans une autre. Ainsi, la géophagie peut être coutumière et certaines peuplades d’Afrique la pratiquent encore (femmes enceintes, enfants). Ailleurs, le pica peut être considéré comme une médecine traditionnelle, avec la consommation d’argile, par exemple, dans le but de traiter son appareil digestif.

Les enfants surtout…

Les enfants sont les plus concernés par le pica, et plutôt les garçons issus de milieux urbains, surtout lorsque les parents le pratiquent également. Pour autant, on estime qu’un enfant sur deux a déjà absorbé une substance non alimentaire, comme la terre, la craie, le plâtre, les grains de polystyrène ou encore le savon. Reste la coprophagie, possible chez les tout-petits dans le cadre de jeux avec barbouillage. Chez la plupart des enfants, en effet, ce pica précoce relève de la découverte du monde, l’enfant portant presque tout à la bouche (stade oral). Dans certains cas, toutefois, le pica va devenir un symptôme d’une pathologie psychiatrique (psychose) ou la manifestation d’un retard mental ou d’une carence affective grave. Mieux vaut donc consulter son médecin si cette pratique persiste après l’âge de 2 ou 3 ans malgré les tentatives parentales pour la faire cesser. Enfin, bon à savoir, un pica chez l’enfant peut précéder l’entrée dans une boulimie à l’adolescence.

… mais pas seulement

Sans surprise, l’arriération mentale constitue un autre risque de pica. Il en est de même de nombreuses pathologies psychiatriques ou des handicaps mentaux qui exposent à cette pratique. Mieux vaut ne pas laisser traîner des objets convoités par un proche souffrant d’un pica ! Enfin, une carence en fer ou en zinc peut être le déclencheur d’un pica. En effet, en réponse à la carence, l’individu peut être amené à manger de la terre ou toute autre substance dans une tentative – illusoire et désespérée – d’améliorer son état nutritionnel. Un véritable cercle vicieux va s’enclencher.

Un risque d’anémie

En dehors de la dangerosité liée à la nature de la substance concernée (plomb, produit toxique…) ou à son comportement dans le tube digestif (blessures des muqueuses avec perforation, occlusion, abrasion dentaire), le risque majeur du pica est l’anémie dite “ferriprive” autrement dit par manque de fer, avec toutes ses conséquences (retard de croissance). Car certaines substances comme l’amidon ou l’argile vont “capter” le fer alimentaire dans l’estomac, l’empêchant ainsi d’être absorbé.

Gare au saturnisme chez l’enfant !

Une carence en fer, qu’elle soit liée à une géophagie (argile, terre…) ou à une simple carence d’apport en fer liée à une alimentation déséquilibrée, entraîne mécaniquement une augmentation de l’absorption du plomb par l’intestin, entraînant un risque de saturnisme, c’est-à-dire d’intoxication par le plomb. Gare à l’aggravation du saturnisme par un effet de cercle vicieux si l’enfant souffre également d’une plumbophagie, autrement dit d’un pica au plomb. Rappelons que ce pica concerne les enfants qui lèchent les peintures ou avalent les écailles de peintures à base de céruse (conduites d’adduction d’eau, vieux jouets…), au goût sucré. Géophagie et plumbophagie font mauvais ménage.

Les mots pour le dire :

  • Objets pointus : acuphagie
  • Vomi : émétophagie
  • Neige, grêlons : pagophagie
  • Amidon : amylophagie
  • Pierres et cailloux : lithophagie
  • Cheveux et poils : trichophagie
  • Végétaux non comestibles : foliophagie
  • Bois : xylophagie
  • Cendres de cigarettes et têtes calcinées d’allumette : cautopyreiophagie
  • Poussières à caractère religieux (églises, lieux saints…), reliques : coniophagie

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