Quand la propreté rend malade
Le mieux, ennemi du bien...
À trop vouloir éliminer les micro-organismes qui nous entourent, nous jouons contre notre santé.
L’idée de cet article m’est venue suite au visionnage d’un reportage télévisé, montrant un médecin de campagne mongol qui parcourt le désert de Gobi à dos de cheval pour assurer les soins de santé ambulatoires à des familles isolées. On y voit l’homme extrayant une dent à l’aide d’une pince de mécanicien, désinfectant le dos d’une patiente à la salive avant d’y pratiquer une saignée, et stoppant ladite saignée avec du papier journal. Un MacGyver des premiers soins, en quelque sorte, qui n’aurait certes pas dédaigné disposer de moyens médicaux plus raffinés, mais qui – et c’est ce qui est notable – travaille dans des conditions d’asepsie aux antipodes de celles jugées indispensables chez nous, sans que cela semble créer d’hécatombe chez ses patients. Dans cette terre reculée où tout le monde a les ongles noirs et où l’on fait sa toilette quotidienne en quelques secondes avec un peu de neige fondue, les virus et les bactéries ont la vie belle. Pourquoi, au lieu des ravages attendus, y constate-t-on une majorité d’enfants bien portants et de vieillards alertes ? Pourquoi est-ce dans nos hôpitaux aseptisés, et non dans ces petits dispensaires perdus, que décèdent 6 % des patients suite à une infection nosocomiale ? Quelle est cette injustice qui fait que des enfants avec la morve au nez qui sucent leurs mains sales tenant un doudou plein de microbes, apparaissent moins fragiles et maladifs que ceux qui sont abondamment récurés et vaccinés ? Pourquoi les lieux publics, et même les églises, à l’entrée desquelles le gel hydroalcoolique trône désormais à la place de l’eau bénite, apparaissent-ils comme plus inquiétants que ceux où l’eau et le savon sont des raretés ? Certains virus auraient-ils pitié des pays pauvres ? Seraient-ils, comme les démons anciens, incapables d’affecter ceux qui ne croient pas en eux ?
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