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La santé naturelle avec Sophie Lacoste

Témoignages “Dompter ses acouphènes”

Quand vous consultez pour des bourdonnements d’oreille, ou des grésillements, parce que vous entendez toute la journée siffler une cocotte-minute invisible, le médecin vous répond souvent qu’il n’y a rien à faire, que ce n’est pas grave, qu’il faut vivre avec… Pour certains, c’est un véritable enfer. Il faut que ceux-là sachent que les acouphènes disparaissent parfois et, d’autres fois, qu’ils deviennent “supportables” (ce qu’on n’aurait jamais pu imaginer)… Des lecteurs de tous âges nous l’ont écrit…

Depuis la seconde guerre…

Je suis acouphénique depuis début août 1944, j’avais alors 10 ans. Pendant la bataille de Mortain (50) ; bataille avec contre-attaque qui dura une semaine, toutes les nuits, les avions américains dont la base était à St James se livraient à des batailles aériennes avec les bombardiers allemands. (…) Vers 1 heure du matin, après plusieurs passages en rase motte, ces derniers larguaient leurs bombes n’importe où, dans le but sans doute de se sauver plus vite. Toujours est-il qu’une déflagration fit descendre tous les carreaux des fenêtres et portes qui, pour celles qui étaient fermées, se sont retrouvées ouvertes avec les gonds tordus. Tout cela était dû à l’onde de choc d’une torpille de 250 kg tombée à 200-250 mètres sur des rochers en granit. Voilà donc la naissance de mes acouphènes avec un stress qui revenait tous les soirs puisque cela dura 8 jours (62 bombes sont tombées sur le territoire de la commune en tuant plusieurs vaches). Voilà l’histoire de mes acouphènes, j’ai donc grandi avec cela, au départ souvent des migraines, vertiges, etc.

À cette époque, les ORL ne voyaient rien, pas plus qu’aujourd’hui d’ailleurs. Arrivé à l’âge du service militaire en 1954, au conseil de révision, j’avais beau leur dire que j’avais des sifflements insoutenables par moments, rien n’y fit. En plus, j’ai fait le Maroc et l’Algérie dans le 12e régiment d’artillerie ; tout pour plaire! (…) Les acouphènes m’ont fait un tort considérable dans la vie sociale ; j’ai travaillé dans l’agro-alimentaire dans un labo (en physico-chimie), j’aurais pu gravir des échelons davantage, mais il fallait se prendre la tête pour apprendre, alors que moi, ma tête était déjà prise par eux.

J’ai été abonné de nombreuses années à “France acouphènes” mais les revues trimestrielles laissaient bien savoir que pour l’instant, il n’y a pas grand-chose à faire. Il n’y a même pas d’appareil pouvant déterminer le degré d’intensité de nos sifflements. Mais avec l’âge, on apprend à se défendre. Je ne peux pas aller à la mer ; j’entends le même bruit que j’émets (8 jours comme ça), déprime. Je ne peux pas supporter une cocotte-minute quand elle siffle, moi je siffle déjà. Éviter les repas où il y a 150-200 personnes pour un peu qu’il y ait du potage, le bruit des cuillères est insupportable. Ce qui fait ma force : ma femme qui me comprend, mes enfants aussi, je suis d’un tempérament plutôt jovial. J’aime rire et m’amuser, je veux à tout prix être plus fort que les acouphènes. Je ne suis jamais seul, ils m’accompagnent sans arrêt, même la nuit, si je vais aux toilettes, ils sont réveillés avant moi! J’ai même du mal à comprendre comment j’ai pu vivre avec ça, autant d’années, mais il faut lutter sans cesse. Sinon, c’est foutu. J’espère que le jour où je partirai, ils s’arrêteront eux aussi, sinon, je ressortirai du tombeau.»

Signé : bi-réacteur. Alias Lucien M. d’ Ille-et-Vilaine. 72 ans

Juste avant le BAC…

Tout a commencé début juin 2004, j’allais passer le bac une dizaine de jours plus tard lorsque, en rentrant de ma dernière journée de cours, après m’être installé à mon bureau, je m’aperçois dans le calme apparent de ma chambre, que mon oreille droite résonne d’un sifflement continu et aigu (je tiens à préciser que je ne fus pas exposé à un quelconque traumatisme sonore). Je me suis tout de suite aperçu que ce n’était pas un de ces petits sifflements que l’on a l’habitude de percevoir fréquemment, c’est-à-dire ceux qui apparaissent brutalement pour décroître et disparaître au bout de quelques secondes. J’ai alors essayé de faire disparaître ce bruit parasite par de multiples méthodes instinctives, notamment en faisant pression sur mes oreilles en me bouchant le nez, en courant dehors pour espérer culbuter quelque chose dans l’oreille interne. Rien n’y fit, le sifflement persistait et persista depuis.
Évidemment, il fut très difficile de le supporter les premiers jours, d’autant plus que le baccalauréat approchait et qu’il me semblait maintenant l’entendre partout, même en extérieur où les multiples bruits parasites auraient dû me le faire oublier.

Je suis allé voir un premier médecin, conclusion : inflammation temporaire du conduit auditif, prescription d’anti-inflammatoires, le bruit persista. Second médecin, conclusion : possible rapport aux acouphènes, sans doute un traitement à base de corticoïdes. Le bruit persista. Enfin, je fus dirigé vers un spécialiste qui m’expliqua que je n’étais pas un cas isolé et qu’il ne fallait pas désespérer mais attendre et s’adapter.

Le facteur déclencheur de mon adaptation fut un stage BAFA qui se déroula fin juin. C’est-à-dire que l’on passe la journée à l’extérieur et que l’on se couche tard. Ainsi, pendant une semaine, j’en ai presque oublié ce bruit parasite qui ne me laissait m’endormir que très tard et me réveillait très tôt. Puis arrivèrent les vacances qui me permirent là encore d’oublier cet acouphène. Je m’y adaptais et l’acceptais comme une part de moi-même. Il m’a donc fallu un bon mois pour m’adapter et depuis, il me faut même presque me concentrer pour percevoir le sifflement. Je l’entends toujours, notamment en me couchant. Il me semble qu’il y ait des relatifs pics et creux d’intensité sonore. Mais peut-être est-ce dû à ma concentration? Je ne prends donc aucun traitement. Mon adaptation rapide tient sans doute au fait que cela me soit arrivé au début de la période des vacances. En hiver où l’on reste plus souvent en salle, mon adaptation en aurait sans doute été prolongée.

Sébastien A. d’Ille-et-Vilaine, lui aussi. 20 ans

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