Un pied qui devient blanc ?
Il y a urgence : c'est peut-être une ischémie aiguë !
En matière d’urgence, il y a les urgences relatives (on peut attendre un peu) et les urgences absolues comme les signes d’ischémie qui doivent conduire à l’hôpital immédiatement : un pied qui devient subitement blanc, douloureux, insensible et froid.
Un pied blanc, froid, douloureux (crampes, brûlures, sensation de broiement) et pourtant insensible (on ne le sent pas quand on le touche) est caractéristique de l’ischémie aiguë du pied (IAP), autrement dit de l’interruption brutale de la vascularisation artérielle. On parle d’occlusion artérielle. En d’autres termes, si on ne fait rien, ou trop tard, il en va de la vitalité du pied et c’est la nécrose (mort cellulaire) : un ou plusieurs orteils deviennent noirs. L’amputation est inévitable. Et dans certains cas, le pronostic devient vital.
Gravité
La gravité dépend du site et de l’étendue de l’occlusion, de son importance (occlusion totale ou incomplète), de la durée de l’occlusion bien entendu, mais aussi de l’état général des artères ou de l’état général du patient (malade cardiaque, déshydraté…). Enfin, un spasme artériel peut toujours survenir et aggraver la situation. Dans le doute, on doit donc considérer toute IAP comme sévère : il ne s’agit pas d’attendre la visite du médecin traitant en fin de journée ou de prendre un rendez-vous dans la semaine, mais de se rendre immédiatement dans le premier hôpital venu pour y recevoir un traitement d’urgence.
Athérome…
L’occlusion de l’artère peut être liée à une plaque d’athérome, majoritairement composée d’amas de graisse. Outre l’hypercholestérolémie, l’athérome peut être aggravé par le diabète, l’hypertension artérielle, le tabagisme ou la sédentarité. On parle d’artérite. L’obstruction brutale est précédée d’une « claudication intermittente », c’est-à-dire de douleurs lors de la marche obligeant à s’arrêter.
… ou embolie ?
Autre origine possible de l’occlusion, dans 40 % des cas, l’embolie, autrement dit la migration d’un caillot vers une artère du pied. Il s’agit alors le plus souvent d’un problème cardiaque : arythmie complète ou autre trouble du rythme, valvulopathie aortique ou mitrale, myxome de l’oreillette (tumeur bénigne dans la cavité), endocardite, infarctus…
Diagnostic facile
Outre les symptômes déjà évoqués, l’IAP se traduit par une disparition des pouls à la palpation. Le médecin peut retrouver une insensibilité du pied au toucher (déficit sensitif), puis rapidement un déficit moteur responsable d’une impotence fonctionnelle (impossible de remuer le pied). Une artériographie et/ou un échodoppler permettent de localiser l’obstruction.
Anticoagulant en urgence
L’injection intraveineuse d’un anticoagulant, généralement l’héparine, est le premier traitement. En cas d’inefficacité, il faut déboucher l’artère par voie chirurgicale, intervention qui consiste, au choix, à retirer le caillot (embolectomie à la sonde, par aspiration), à effectuer une dérivation (pontage), à dilater la portion d’artère concernée (angioplastie transluminale), à poser un stent ou à injecter un anticoagulant au sein du caillot.
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