Un sein perdu, une vie retrouvée
De l’art de sublimer le drame. Les crabes dévorent la féminité d’une jeune fille, qui se réveille sur son lit d’hôpital chauve et amputée d’un sein. Comme un malheur ne vient pas seul, elle perd bientôt son travail et son compagnon. Le noir envahit les cases de cet album dansant consumé par le feu rouge du désir. Mais bientôt, la vie rejaillit, radieuse, avec la force d’un feu d’artifice, à mesure que ce nouveau corps réapprend à s’aimer. Dans l’alchimie des planches quasi muettes, la cicatrice laisse peu à peu voir l’espoir et éclater la joie d’une renaissance au cabaret burlesque, mimée en hommage au cinéma muet et à l’héroïne de Max Fleisher. Dans un détournement émancipé de la Betty Boop originelle, Betty Boob, belle d’abord pour elle-même, resplendit comme par magie de sa vitalité ressuscitée. Avec le sourire aux lèvres et des paillettes dans les yeux, c’est l’histoire d’un triomphe qu’on ouvre sur le cri du désespoir et qu’on referme en applaudissant. Une ode féministe et optimiste qui invite à se laisser prendre au spectacle de la vie, dans un dessin en fête.
- Betty Boob – Julie Rocheleau et VĂ©ronique Cazot – Éditions Casterman – 168 pages – 22,4 x 30,3 cm – 25 €.