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La santé naturelle avec Sophie Lacoste

Une déconnexion sensorielle…

... avec les bulles de flottaison

Imaginez ne plus avoir de perception visuelle, sonore, tactile, de pesanteur, ni de sensation de température. C’est une expérience incroyable, ne serait-ce que par l’absence quasi-totale de pesanteur. Les caissons d’isolation sensorielle nous plongent dans ce vide sensoriel pour une expérience de décontraction profonde.

J’ai eu l’occasion de faire cette expérience à la faveur d’un travail de développement personnel après le décès de ma mère. Dans le cadre d’un processus particulier, la thérapeute m’a conseillé de faire une séance dans un caisson d’isolation sensorielle pour me reconnecter à ma période de vie fœtale, de ressentir le lien avec ma mère, pour ensuite, faire un travail de séparation et de libération en sortant du caisson. Curieux de nature, et à l’aise avec le milieu aquatique, je n’ai pas hésité.  J’ai rapidement trouvé un centre parisien (1) qui propose ce genre de voyage : une heure de déconnexion totale.

*

Du caisson à la bulle de flottaison

J’avais déjà entendu parler de cette pratique, et, en arrivant au centre, je m’attendais à trouver des sortes de sarcophages ou de cercueils avec un petit hublot, façon caisson du commandant Cousteau. Ici, rien à voir. Passé l’accueil, on arrive dans une pièce aux allures de grande salle de bain à la déco très zen. Elle est équipée de la fameuse bulle de flottaison, une très grande baignoire en forme de poire avec un couvercle, qui évoque plus un vaisseau spatial qu’un caisson austère. Ouf ! Elle est remplie de 1000 litres d’eau à la température du corps et saturée en sel d’Epsom (sulfate de magnésium). Cette teneur en sel rend le liquide 5 fois plus dense que l’eau de la mer Morte. Avec cette densité, impossible de couler ! 

Seul avec soi-même

Après une bonne douche, et après avoir mis des bouchons d’oreille pour se protéger du sel, on entre dans l’eau, nu comme un ver, pour éliminer jusqu’au contact des élastiques ou du tissu d’un maillot de bain. Je me glisse alors dans ce liquide doux, épais, presque visqueux. En tout cas, enveloppant comme un cocon qui préserve ma température, me porte totalement mais se fait oublier. Après avoir refermé le couvercle, j’éteins la lampe intérieure. C’est le noir total, seule résonne une musique douce qui m’accompagne pendant 5 minutes, le temps de m’habituer à l’environnement. Puis, plus rien. Aucune information extérieure, aucune contrainte physique. Je ne sens plus les limites de mon corps. C’est d’abord une sensation de liberté qui m’envahit. Le corps n’a plus de poids, plus de contact. La baignoire est suffisamment grande pour qu’on ne touche aucun bord. En faisant un mouvement, même tout petit, le corps se déplace, de façon très fluide comme dans l’espace : une sensation très agréable. 

Au bout d’un moment, mon corps se stabilise et mes battements cardiaques (qui semblent résonner fort) s’apaisent. Pour le coup, j’ai vraiment l’impression d’être comme un nouveau-né, à la fois vierge de tout et connecté à l’essentiel.

Sauf qu’à ce moment précis, l’essentiel est encore peuplé de pensées qui défilent. Comme lorsqu’on médite et que les idées reviennent au galop ! Alors en bon élève, je m’applique à lâcher prise, à observer les pensées sans m’y accrocher, etc. 

*

La vraie déconnexion

Au bout d’un temps qu’il m’est impossible d’évaluer – toute notion de temps disparaît dans la bulle – j’arrive enfin à un autre état de conscience. Les pensées se sont calmées et je peux commencer mon protocole. Je retrouve sans doute la sensation du cocon maternel, un sentiment de sécurité absolue et de douceur. Je ressens la présence protectrice de ma mère et je peux m’adresser à elle selon ce qui était convenu dans l’exercice. En résumé, je lui exprime ma gratitude de m‘avoir porté, nourri, et accompagné sur mon chemin de vie. Je suis apaisé.

Pour une raison que j’ignore, l’instant d’après, je me retrouve flottant dans l’espace, entouré d‘étoiles et relié à la terre par une colonne de lumière blanche. Le sentiment de sérénité est absolu. Plus rien ne semble important. Là encore, le temps n’existe plus…

Mais déjà la musique douce résonne au loin, me ramenant dans mon corps et dans la bulle. Je reprends mes esprits et doucement je sors de la bulle avec un corps qui me semble deux fois plus présent qu’en entrant. Je termine le processus en coupant symboliquement le cordon ombilical pour parfaire la phase de séparation. Je me sens alors très bien et léger, comme au sortir d’une bonne nuit de sommeil. Après une bonne douche, je prends le temps de me poser dans le salon du centre, histoire d’atterrir un peu avant de retourner au tumulte de la vie quotidienne…

État de conscience modifié

« Même sans faire d’exercices particuliers dans la bulle, ces expériences sont fréquentes », me confie Vincent Reneleau, le directeur du centre. « Les gens vivent des situations étonnantes comme dans un rêve ou font des sorties de corps ». Le fait d’être privé de sens facilite grandement l’entrée en méditation profonde. Et puis, la pesanteur est un grand stimulus pour le cerveau. En la réduisant quasiment à néant, on modifie également le sens de l’équilibre. Cela induit rapidement des rythmes cérébraux proches de l’hypnose ou de la méditation profonde.

Deux questions à Vincent Reneleau, fondateur des centres « Les bulles à flotter »

Comment garantissez-vous l’hygiène dans vos bulles ?

Nos appareils sont beaucoup plus performants et plus vastes que dans les années 1980. Ils font 2,60 m par 1,70 m à l’intérieur. L’hygiène et la régulation sont surveillées en permanence. Entre chaque personne, tout le liquide de la bulle (1000 l) est filtré 3,8 fois. L’eau passe au travers d’un filtre avec des mailles d’un micron. Toutes les particules sont filtrées sauf le sel. Il y a également une désinfection aux UV pour éliminer tous les virus et bactéries. Et si tout ça ne suffisait pas, on a un système de désinfection à l’oxygène actif, qui remplace le chlore. Hormis cela, le fait que l’eau soit hyper salée est efficace pour la désinfection, car quasiment aucun organisme ne peut survivre longtemps dans un environnement aussi salé. 

*

Hormis la préparation sportive, pourquoi faire des séances de flottaison ? 

C’est surtout pour des raisons de relaxation, comme on irait au spa ou se faire masser. Mais des personnes viennent aussi pour des raisons purement médicales. Des études scientifiques ont montré que c’est bénéfique sur la fibromyalgie. Les personnes qui en souffrent reviennent régulièrement car ça leur fait beaucoup de bien. Ce n’est pas sur prescription médicale, ce n’est pas remboursé, mais cela peut être conseillé par des médecins. Aux États-Unis, des hôpitaux sont équipés de caissons d’isolation sensorielle. Ici, viennent également des personnes atteintes d’hypertension artérielle, de problèmes musculo-articulaires, les femmes enceintes qui ont des risques de pré-éclampsie. Sans oublier le domaine psychologique avec des personnes atteintes de dépression profonde. Dans ce domaine, il y a toute une littérature scientifique qui nous montre que c’est très efficace.

Une discipline de recherche

La découverte de cette pratique remonte aux années 1950. Elle est due à un chercheur en neurosciences américain du National Institute of Mental Health. Depuis les années 1970, la NASA utilise les caissons d’isolation pour entraîner les astronautes et étudier les effets de l’apesanteur sur de longues durées. De nombreuses publications scientifiques ont mis au jour les effets positifs sur le système musculo-tendineux. Les sportifs de haut niveau ne s’y trompent pas. Les bulles à flotter sont régulièrement utilisées par les tennismen – un certain Novak Djokovic en bénéficie lorsqu’il est de passage à Paris – et de telles séances sont obligatoires chez les basketteurs de la NBA. C’est à la fois un accélérateur de récupération et un moyen d’intensifier la préparation et la concentration avant une rencontre sportive. 

La redécouverte de la pratique

Si la discipline a toujours été populaire aux États-Unis et dans de nombreux pays comme la Chine, la Russie, l’Asie, ou les pays anglo-saxons, les caissons d’isolation sensorielle ont quasiment disparu en France depuis les années 1980. La faute à l’épidémie de SIDA. La peur de la contagion par l’eau a eu raison des quelques instituts qui proposaient ces séances. 

Récemment, la discipline a refait surface avec l’apparition de nouvelles techniques d’asepsie. Au-delà des utilisations médicales ou sportives, de plus en plus de personnes ont recours aux bains d’isolation comme technique de grande relaxation ou de méditation profonde. Hormis à Paris, des centres de flottaison ont ouvert à Bordeaux, Lille, Bruxelles. D’autres devraient bientôt voir le jour dans plusieurs villes de France.

(1) – Centres « Les bulles à flotter » à Paris, Lille, Bordeaux, Bruxelles ; www.lesbullesaflotter.fr

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