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La santé naturelle avec Sophie Lacoste

Vieillissement et immuno-inflammation

Le rôle-clé de l'interleukine-6

Le remodelage que subit le système immunitaire au cours du vieillissement peut exposer à des réponses inappropriées de sa part, tantôt insuffisantes, tantôt excessives. C’est ce que l’on observe avec l’interleukine-6 (IL-6), un protagoniste important du système immunitaire, dont les taux ont tendance à grimper plus que de raison chez les personnes âgées, au risque d’accélérer le vieillissement inflammatoire. Conseils pratiques pour dompter IL-6. 

Quel est votre âge immunitaire ? Se situe-t-il dans le sillage de votre âge chronologique ou fait-il la course en tête ? Voilà qui devrait vous préoccuper avant d’avoir atteint un âge avancé, car votre espérance de vie en bonne santé dépend étroitement de votre âge immunitaire. Un âge que les chercheurs peinent encore à quantifier. 

En revanche, les effets délétères de l’avancée en âge sont, eux, déjà connus :

⇒ Plus grande vulnérabilité aux infections ;

⇒ Augmentation du risque de réactivation de virus latents, l’exemple le plus courant étant celui du virus de la varicelle qui se réactive sous forme de zona ;

⇒ Risque accru de troubles auto-immuns et de cancers ;

⇒ Perte d’efficacité de la vaccination, l’exemple le plus emblématique étant celui du vaccin antigrippal (aucune différence notable de mortalité entre personnes âgées vaccinées ou non vaccinées).

Cette problématique de l’âge immunitaire devient d’autant plus urgente à traiter dans le contexte pandémique actuel où les personnes âgées sont les plus à risque de développer des formes sévères, voire fatales, de Covid-19.

Immunosénescence et inflammaging : un duo de feu !

Le vieillissement déclenche un processus de remodelage du système immunitaire appelé « immunosénescence ». Ce processus va de pair avec un basculement vers un état pro-inflammatoire persistant, en partie lié à un remodelage du microbiote intestinal (perte de diversité bactérienne, diminution du nombre de bactéries amies…).

La forte association entre âge avancé et inflammation chronique à bas bruit a amené les Anglo-Saxons à imaginer le terme « inflammaging » pour décrire ce nouvel état marqué, sur le plan biologique, par l’élévation de marqueurs pro-inflammatoires, dont l’interleukine-6.

Le vieillissement s’accompagne donc d’un déclin de la fonction immunitaire (immunosénescence) et de la chronicisation d’une inflammation à bas bruit (inflammaging). Comment expliquer cette forte association entre immunité et inflammation ?

Le héros du jour : l’interleukine-6

L’organisme humain est d’une complexité abyssale. Le système immunitaire n’est pas en reste, avec les centaines de protagonistes qui le composent. Quand vous regardez un film de guerre à grand spectacle, vous ne pouvez pas suivre le destin de tous les comédiens apparaissant à l’écran. Votre attention se focalise sur un ou plusieurs personnages principaux qui vont orienter l’histoire vers son dénouement final. Parce qu’il fait le lien entre immunité et inflammation, je vous propose d’en faire de même avec l’un des « héros » moléculaires du système immunitaire : l’interleukine-6 (IL-6). Il s’agit d’un messager chimique de première importance chargé de rameuter les troupes pour combattre les agresseurs.

Interleukine 6 et protéine C-réactive

Les analyses biologiques habituelles ne permettent pas de mesurer IL-6. Il faut s’adresser à un laboratoire spécialisé pour réaliser ce type d’examen. En revanche, la mesure de la protéine C-réactive (CRP) est couramment prescrite par les médecins. 

La CRP est considérée comme le marqueur majeur de l’inflammation. Or, son inducteur le plus puissant n’est autre qu’IL-6 !

Stop au « vieillissement inflammatoire » !

Pour s’éviter un vieillissement inflammatoire accéléré, il convient donc de ralentir le plus possible l’augmentation des taux d’IL-6 qui accompagne l’avancée en âge. Le meilleur moyen d’y parvenir est de cesser d’accumuler les facteurs favorables à l’élévation des taux d’IL-6 :

• Sommeil insuffisant, insomnie chronique, perturbation du rythme circadien, stress chronique, tabagisme, alcoolisme, obésité.

• Alimentation trop grasse, trop riche en glucides à digestion rapide (produits sucrés, céréales raffinées, pommes de terre sous forme de frites ou de purée…).

• Acrylamide (composé présent dans les chips, les frites, les pommes de terre sautées, le pain trop cuit ou le café bien noir).

• Café (augmentation de 50 % des taux d’IL-6 au-delà d’une tasse par jour !) (1).

• Déficits nutritionnels en vitamine D, vitamine C, zinc, magnésium et choline (2).

Oméga-3 et interleukine-6

La capacité des oméga-3 de type EPA/DHA à diminuer les taux d’IL-6 a été évaluée dans le cadre d’une étude contrôlée et randomisée à laquelle 174 patients atteints de la maladie d’Alzheimer ont accepté de participer. Pendant 6 mois, une partie d’entre eux a pris un placebo, et l’autre 2300 mg par jour d’oméga-3 EPA/DHA – dont 1700 mg de DHA et 600 mg d’EPA. Résultat : à l’inverse du groupe placebo, le groupe oméga-3 a obtenu une réduction significative des taux d’IL-6. La supplémentation en oméga-3 EPA/DHA à dose suffisante représente donc une solution de premier choix pour inhiber IL-6 et, par conséquent, diminuer l’inflammation chronique à bas bruit (3).

Notes :

(1) Zampelas A et al, Associations between coffee comsumption and inflammatory markers in healthy persons : the ATTICA study, Am J Clin Nutr, 2004 Oct
(2) Les meilleures sources alimentaires de choline sont d’origine animale : jaune d’œuf, poisson, viande. Les fruits oléagineux (noix, amandes) peuvent aussi assurer un apport complémentaire en choline
(3) Vedin I et al, Effects of docosahexaenoic acid-rich n-3 fatty acid supplementation on cytokine release from blood mononuclear leukocytes : the OmegAD study, Am J Clin Nutr, 2008 Jun

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