Ce riz va devenir Pınar…

Il y a bien longtemps, je mangeais trop vite. Ne croyez surtout pas que je mangeais par obligation et sans plaisir. Bien au contraire. J’aime depuis toujours cuisiner et manger… Mais je faisais tout très vite.

MA VIE ÉTAIT UNE COURSE
Et je devais courir plus vite que le temps, ce qui, bien sûr, était impossible.
Je ne suis pas la seule ; la plupart des gens courent comme moi. Je cours, tu cours, il court, nous courons… Ce n’est pas notre faute. La vie nous entraîne dans son tourbillon.
Dans les immenses zones urbaines surtout, on ne touche plus, on ne sent plus, on ne regarde plus, tout est uniformisé, homogénéisé et, dans toutes les sphères de la société, nous sommes poussés à consommer toujours plus, toujours plus vite, sans prendre le temps de se poser. Les réseaux de soutien mutuel disparaissent ; pourtant, malgré un sentiment d’impuissance généralisé, on parvient à continuer à vivre, à respirer, nous sommes un peu des héroïnes et des héros !
Mais nous pouvons aussi décider de ne pas nous laisser emporter dans le tourbillon de cette gigantesque machine infernale, et de nous rebeller. Même si je me suis toujours sentie plutôt rebelle, je me suis longtemps laissé prendre dans une course folle. Je pensais à mille choses à la fois, en marchant, en mangeant, en buvant, en nageant. Je ne sentais pas La Plénitude de l’instant (Thich Nhat Hanh, Marabout, 2013).

ET MAINTENANT ?
Ma vie ne s’est pas ralentie. Je travaille à Strasbourg et à Lyon, et je vis à Nice. Je suis par monts et par vaux pour les rencontres, les réunions… Mais je ne suis plus comme avant.  Grâce à des amies et des amis qui sont devenus mes petites, mes grandes lumières, je m’autorise aujourd’hui à dire : «  Il y a bien longtemps, je mangeais trop vite. »

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