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Apprendre à cueillir…

On se lance ? C’est grâce à la volonté et à la ténacité de deux Auvergnates que le CFPPA* de Marmilhat, près de Clermont-Ferrand, propose depuis quelques années une formation unique en France – celle de cueilleur de plantes à parfum, médicinales et aromatiques.

Comme toujours dans ces cas-là, tout a commencé par une belle histoire de rencontre…
Inès Chaud et Odile Ravel peuvent être fières de leur association. C’est vraiment grâce à leur enthousiasme et à leur formidable énergie que le projet – osé, il est vrai – a pu voir le jour. « Cela faisait des années que mon mari, président de la Coopérative agricole d’Aubiat, et moi rêvions d’une formation sur la cueillette de plantes sauvages, explique la première. Cueillir, c’est une tradition dans la région. Mais rien n’était officiel ! Ceux qui le faisaient n’avaient aucun statut et surtout, ils n’étaient pas reconnus… »

C’est en 2006 que les deux passionnées se rencontrent : Odile Ravel, directrice du centre de formation de Marmilhat, demande au couple d’y intervenir. Passionnée par les plantes elle aussi, elle souhaitait aller plus loin dans cette direction : « Une fois le défi lancé, nous avons mis un an à monter les référentiels professionnels (ce qui décrit précisément la profession) et pédagogiques. Un travail considérable car tout était à faire ! »
Ensuite, bien sûr, il a fallu trouver des aides financières. La région Auvergne a dit oui au premier groupe de stagiaires ; par la suite, certains d’entre eux ont pu bénéficier d’un congé individuel de formation. Et voilà !

Venus de toute la France !
Odile Ravel avoue trouver sans souci des personnes intéressées par cette formation qui porte désormais le nom de « Cueillette et valorisation des plantes à parfum, aromatiques et médicinales ». « Elles viennent d’horizons très variés et de toute la France, précise-t-elle. Certains étaient professeur, caissière, ou dessinateur industriel… Beaucoup ont quitté leur emploi et aspirent à se lancer dans un métier qui les rapproche de la nature… Difficile, certes. Très physique – ce n’est pas rien de cueillir des kilos de bourgeons ou de ramasser des centaines de plantes de longues journées durant, et par tous les temps ! –, mais aussi gratifiant. La preuve : on arrive à la fin de la 6e promotion et les postulants se bousculent déjà pour s’inscrire à la prochaine. »
Les intervenants se déplacent de toute la France pour dispenser leur précieux savoir. Le CFPPA a ainsi fait appel à Gérard Ducerf, botaniste renommé ; d’autres ont accepté de venir du Conservatoire national des plantes à parfum, médicinales, et aromatiques de Milly-la-Forêt.

« Jusqu’à maintenant, la formation se déroulait d’octobre à mai, précise la pionnière. À la demande de la profession et pour permettre une meilleure concordance entre saisons et cueillettes, la prochaine rentrée a débuté fin mai et se terminera en décembre. »

Pendant toutes ces semaines, ce sont 560 heures de cours théoriques qui seront dispensés à Marmilhat : botanique, découverte des sites, des milieux et des techniques de cueillette et de séchage.
À cela s’ajoutent la toxicité des plantes, la gestion et la réglementation, un peu d’informatique, de commercialisation et de cosmétologie. Et, bien sûr, l’indispensable pratique sur le terrain est validée par 350 heures en entreprise ayant une étroite relation avec le projet professionnel du stagiaire. Cette année, la formation s’enrichit d’un troisième objectif ; (re)découvrir la valeur nutritionnelle des plantes sauvages.

Après un contrôle continu et une épreuve sur le terrain, le stagiaire recevra une attestation reconnue par le Ministère de l’Agriculture, validant ainsi cette Spécialisation d’initiative locale. Il ou elle pourra s’installer à son compte et approvisionner une coopérative dont les clients sont les laboratoires de phytothérapie, d’homéopathie, de gemmothérapie et des grossistes en herboristerie.

EN SAVOIR +
Centre de Formation Professionnelle et de Promotion Agricole de Marmilhat – 63370 Lempdes – Tél : 04 73 98 25 60 – Courriel : cfppa.marmilhat@educagri.fr
Lire :
L’encyclopédie des plantes bio-indicatrices, de Gérard Ducerf (éditions Promonature).
Les dons précieux de la nature, de Jean-Marie Pelt (éditions Fayard).

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