Mourir, on ne s’y fait pas !
On a beau perdre des gens qu’on aime depuis notre l’enfance (et ça ne va pas en s’arrangeant), on ne s’habitue jamais. La disparition de nos proches est douloureuse, parfois insoutenable. Mais quand, en plus, la mort est brutale, c’est épouvantable. Très égoïstement – car ils ont souffert –, mais aussi très sincèrement, je remercie du fond du cœur mes parents d’avoir été malades quelque temps avant de rendre leur dernier souffle. Certaines personnes, très croyantes et persuadées d’un « après » meilleur, vivent sans doute moins difficilement cette épreuve, mais le chagrin est là. Pour autant, parler de la mort, de sa propre mort, ne pas en faire un tabou, cela permet de simplifier la suite pour celles et ceux qui restent, de la rendre moins lourde à défaut d’être légère. Depuis des années, de mon côté, je fais une playlist d’enterrement (j’aime l’idée que les gens que j’aime écoute la musique que j’aime au moment des au revoir). Au-delà de ce genre de détails, il est important de laisser des consignes au cas où le fil (et le film) de notre vie serait brutalement rompu, interrompu. On n’est pas obligé de se lancer dans une discussion philosophique (même si ça peut aussi être sympa), il s’agit simplement de dire si, oui ou non, on est d’accord pour donner ses organes une fois qu’ils ne nous seront plus utiles. Avant de se prononcer, certaines personnes auront besoin de savoir exactement comment ça se passe… Notre journaliste Aurore Esclauze vous l’explique dans son enquête. Ainsi, vous choisirez désormais en toute connaissance de cause. Vous pouvez accepter ou refuser, c’est très personnel et il n’est pas question ici de vous dire quoi faire, ni de juger, mais DITES-LE. Ou écrivez-le, punaisez un petit mot dans les toilettes, glissez-le dans votre portefeuille ou votre agenda… Le tout, c’est que vos proches connaissent votre position si un jour, malheureusement, ils sont confrontés à la question. Et puisque je suis en train d’écrire, c’est le moment ou jamais de suivre le conseil que je vous donne : pour moi, c’est oui !
En attendant, puisque je suis encore bien en vie, je vais profiter du soleil qui s’est installé chez nous depuis quelque temps, qui nous avait beaucoup manqué et qui nous réchauffe les os et le cœur.
Bonne lecture.
Sophie Lacoste
