Dans le secret des cabinets…
Pour moi, être féministe, c’est juste vouloir une société où l’on traite de la même manière un homme et une femme, sans que leur sexe ne les assigne à des rôles imposés ou ne leur inflige des traitements particuliers.
Comme le disait Coline Serreau dans notre numĂ©ro prĂ©cĂ©dent : « Il n’y a pas de fĂ©minisme, il y a une injustice fondamentale dans le traitement des femmes dans les sociĂ©tĂ©s patriarcales. Nous travaillons pour la justice et c’est nous qui aurons raison Ă l’arrivĂ©e. Je ne comprends pas comment en 2019 on peut ne pas ĂŞtre fĂ©ministe. C’est comme si on disait, les anti-esclavagistes je suis pour ou contre… Non, on est contre les inĂ©galitĂ©s, donc on est fĂ©ministes ou on est hors la loi. ».
Dans notre numéro précédent, je faisais référence au Conseil de l’Ordre des Médecins et au rapport de la Cour des Comptes mettant en avant les graves manquements de cette instance au regard des agressions sexuelles subies par les femmes dans certains cabinets médicaux. Éberluée par la lecture du rapport, j’en ai parlé autour de moi, et j’ai été très surprise du nombre de femmes, juste dans mon entourage, qui ont été confrontées un jour ou l’autre à des attitudes ambiguës, pour ne pas dire « déplacées » dans un cabinet médical.
En approfondissant mes recherches sur ce sujet, j’ai relevé une enquête menée par l’association « Osez le féminisme » en 2018. Un questionnaire sur la prise en charge médicale des femmes et des filles mis en ligne de mai à juillet 2018 sur le web a permis de rassembler 2286 réponses de femmes ayant entre 18 et 80 ans. Bien entendu, les réponses étant basées sur le volontariat, on peut rétorquer que l’échantillon n’est pas parfaitement représentatif de toutes les femmes en France, mais cela donne tout de même un aperçu intéressant, et le bilan est assez alarmant : 24 % des femmes interrogées, soit près d’une sur quatre, déclarent avoir subi au moins une fois des gestes ou des paroles inappropriés (à connotation sexuelle) dans le cadre d’une consultation ou visite médicale. 16 % des femmes ont répondu avoir été agressées sexuellement, et plus de 10 % ont déclaré avoir subi des viols.