Des fourmis dans la cuisse… et si c’était une maladie paresthésique ?
Le plus souvent bénigne par sa cause, la méralgie paresthésique (MP), qu’on appelle également névralgie fémorocutanée, n’en demeure pas moins très désagréable. Elle toucherait 4 personnes sur 10 000, en majorité des femmes, et ce, plus fréquemment entre 40 et 60 ans, même si l’atteinte peut survenir pendant l’adolescence ou bien après 60 ans. En général, un seul côté est atteint, mais l’atteinte bilatérale reste toujours possible. Les symptômes se cantonnent à la partie antérieure et latérale de la cuisse, sans englober la rotule ni même remonter jusqu’au bassin.
UN SYNDROME CANALAIRE PARFOIS…
À l’instar du canal carpien (atteinte neurologique du nerf médian sur le devant du poignet), la MP correspond le plus souvent à un syndrome canalaire, autrement dit à la compression d’un nerf dans un orifice ou un canal, ici le nerf fémorocutané latéral, par les structures anatomiques voisines, en général osseuses, ligamentaires, tendineuses ou musculaires. Dans le cas de la MP, ce nerf purement sensitif (il n’y a aucune atteinte de la force motrice de la cuisse) est comprimé au niveau de la région supérieure et externe du pli de l’aine, plus précisément près de l’épine iliaque antéro-supérieure.
… MAIS PAS TOUJOURS
Dans de nombreux cas, toutefois, l’irritation du nerf n’est pas liée à une compression. Chez certaines personnes en effet, le fait de tendre la cuisse en arrière suffit à reproduire les symptômes du fait de la mise en tension du nerf. La morphologie intervient ici de façon prépondérante.
SYMPTÔMES DIVERS
Littéralement, la MP désigne des douleurs (algos) dans la cuisse (méra). Pour autant, dans la plupart des cas, la MP s’avère plus désagréable que douloureuse. Quant aux paresthésies, il s’agit de sensations désagréables caractérisées par des troubles de la sensibilité, comme des fourmillements ou des picotements, une anesthésie (cuisse insensible) ou encore une impression de brûlures ou de peau cartonnée, sur une peau qui paraît froide.
DIAGNOSTIC
En cas de doute clinique, le diagnostic passe par une électromyographie, autrement dit l’étude de la vitesse de conduction de l’influx nerveux dans le nerf fémorocutané ; un ralentissement est synonyme d’atteinte.
TRAITER LA CAUSE
Quand il y en a une, traiter la cause permet de régler le problème de façon très efficace, faute de quoi des infiltrations de corticoïdes au niveau de l’arcade crurale ou une intervention chirurgicale visant à libérer le nerf deviennent nécessaires lorsque les symptômes sont particulièrement mal supportés. En l’absence de traitement, cette pathologie peut être tenace et se poursuivre de nombreuses années, plus de 20 ans pour certains ! D’où l’intérêt des mesures permettant de diminuer ou, mieux, de supprimer définitivement la MP :
- Lutte contre le surpoids, notamment abdominal.
- Suppression des causes externes de compression du nerf, comme une ceinture ou un pantalon trop serrés (taille basse) et ce, pendant au moins 6 mois avant de juger de l’efficacité de cette mesure.
- Éviter la position assise prolongée (chaise, fauteuil, conduite automobile, cyclisme…).
AUTRES CAUSES OU CIRCONSTANCES FAVORISANTES
- Cyclisme
- Marche prolongée
- Course à pied
- Traumatisme du bassin ou du fémur (fracture)
- Bassin trop large
- Diabète
- Grossesse et césarienne
- Prothèse de hanche
- Greffe osseuse
- Chirurgie de la cuisse ou des vertèbres lombaires
- Compression par la ceinture de sécurité au cours d’un accident de voiture
- Hypertrophie musculaire (abdominaux, psoas, muscle de la cuisse…)
- Jambe trop longue
- Tumeur.
NE PAS CONFONDRE AVEC
- Une sciatique ou une irritation d’une racine nerveuse au niveau lombaire (L3 ou L4)
- Un canal lombaire étroit
- De l’arthrose (vertébrale, genou, hanche…).
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