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La santé naturelle avec Sophie Lacoste

Entretien avec Nicolas Gilsoul

Auteur de "Peurs bêtes" aux éditions Fayard

Araignée, requin, serpent, crocodile… Il y a des bêtes mal-aimées. En ces temps où nos écosystèmes sont menacés et où la planète vit de grands bouleversements, peut-être serait-il temps d’apprendre à les connaître pour comprendre leur utilité ? Avec son nouvel ouvrage, Peurs Bêtes, Nicolas Gilsoul transforme notre peur en curiosité et le monstre en merveille.

Rebelle-Santé : Pourquoi a-t-on peur de certains animaux ?

Nicolas Gilsoul : Je dirais que c’est leur étrangeté qui nous fait peur. Par exemple, la méduse est une sorte de gélatine qui flotte. Il y a aussi les mouvements bizarres, brusques que font certains animaux. Par ailleurs, ces bêtes évoluent dans des endroits dans lesquels nous ne sommes pas à l’aise, comme les profondeurs, les recoins ou les caves.

Est-ce aussi à cause de leur laideur ?

Il est vrai que certains animaux jugés laids nous effraient. À l’inverse, nous oublions que certains animaux “beaux” peuvent aussi être dangereux : par exemple, les tamias ou les écureuils transportent des tiques et des maladies. Les musaraignes, elles, sont venimeuses !

Pourquoi faut-il continuer à avoir peur ?

Notre peur de “respect”, comme celle du crocodile ou du serpent, nous permet de garder une distance nécessaire avec les animaux sauvages. En revanche, les peurs phobiques peuvent nous empêcher de faire certaines choses au quotidien et dans ce cas, il est judicieux d’aller consulter un professionnel.

Notre peur d’attraper des maladies est-elle rationnelle ?

En partie, oui, mais nous avons tendance à généraliser. Par exemple pendant le confinement, on voulait exterminer les chauve-souris parce qu’elles “transmettaient le virus”. Or, cela aurait été absurde, d’abord parce que les malades s’isolent, mais aussi parce qu’elles y survivent, elles détiennent donc la clé pour nous sauver de cette maladie !

Créons-nous nos propres légendes ?

Tout à fait ! Nous anthropomorphisons aussi beaucoup les animaux, en leur prêtant des bonnes ou des mauvaises intentions. Par exemple, nous considérons le serpent comme méchant à cause de la Bible, mais il n’y a ni bonté ni méchanceté chez les animaux.

“Venimeux” n’est-il pas synonyme de “mortel” ?

Pas du tout ! Il y a des venins puissants, mais ils ne le sont pas tous. Par exemple, sur 55 000 espèces d’araignées décrites aujourd’hui, seulement 0,1 % d’entre elles sont potentiellement dangereuses pour nous.

Aujourd’hui, ces bêtes mal-aimées vivent dans les villes…

Malheureusement, en construisant en masse, nous avons perturbé les écosystèmes et de nombreuses espèces vivent désormais de nos poubelles, comme les rats, les goélands ou même les corneilles.

Pourquoi est-il si important de les préserver ?

Chaque espèce joue un rôle crucial, à son échelle, pour nos écosystèmes. Et je ne parle pas uniquement de chaîne alimentaire ! Par exemple, l’ombre de certains requins permet d’effrayer des poissons herbivores ou des tortues marines, ce qui protège le phytoplancton… Or, il produit deux tiers de l’oxygène que nous respirons !

Comment changer de regard ?

Essayons de nous émerveiller. Quand on s’y intéresse, on découvre à quel point ces organismes sont parfaitement adaptés à leur environnement, de manière presque magique. La méduse danse gracieusement dans l’eau, une toile d’araignée est fascinante par sa précision architecturale, le rat-taupe nu a développé différents dialectes selon les régions…

Certains animaux peuvent tout de même être dangereux, n’est-ce pas ?

Bien sûr ! Bien que souvent, ce ne soit pas l’animal en lui-même qui le soit, mais son extinction ou sa pullulation. Il nous faut apprendre à connaître les animaux sauvages pour les respecter, mais aussi continuer à cultiver cette distance précieuse que nous avons avec eux.

Rétablissons la vérité sur les araignées !

– Nous n’avalons pas d’araignée en dormant.
Une araignée fuira notre bouche, surtout quand on dort : ses soies sur ses pattes et son corps sont sensibles à la moindre vibration de l’air.

– Les araignées ne pondent pas sous notre peau. 
L’araignée ne pique pas, elle mord. Elle ne peut donc pas déposer ses œufs en visant. En plus elle pond des œufs mous, un peu collants, qu’il serait totalement impossible de glisser sous notre peau.

– Les araignées ne nous attaquent pas.
Leur premier réflexe est de fuir ou de faire les mortes. En dernier recours, elles mordent, mais ce sont principalement des morsures à blanc, sans venin. Elles l’économisent car en fabriquer leur prend beaucoup de temps et d’énergie.

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« Voir un lien entre la pollution de l’air, la biodiversité et la Covid-19 relève du surréalisme, pas de la science », déclarait Luc Ferry dans L’Express du 30 mars 2020, contredisant ce qu’affirme pourtant la soixantaine de scientifiques du monde entier que Marie-Monique Robin a pu interroger pendant le premier confinement. Son livre La Fabrique des pandémies réunit ces entretiens dans une enquête passionnante qui explique comment la déforestation, l’extension des monocultures, l’élevage industriel et la globalisation favorisent l’émergence et la propagation de nouvelles maladies. Non seulement la pandémie de Sars-CoV-2 était prévisible, mais elle en annonce d’autres.

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Les débats sur l’interdiction du glyphosate seraient-ils un leurre ? La molécule n’est sans doute pas la plus toxique parmi les produits qui composent le Roundup de Monsanto, mais c’est le seul déclaré. C’était déjà une des conclusions des recherches du Pr Gilles-Éric Séralini et de son équipe en 2005. À la suite d’une de ses nouvelles études sur les produits cachés dans les herbicides nouvelle génération commercialisés sans glyphosate, neuf associations de défense de l’environnement ont porté plainte le 1er décembre dernier auprès des autorités sanitaires.

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