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La santé naturelle avec Sophie Lacoste

Entretien avec Noëlle Bréham, autrice de Tête en l’air et pieds sur terre

Noëlle Bréham, autrice de Tête en l'air et pieds sur terre

Marcher en Sologne, sur la mousse dans les bois ou dans les marécages ; marcher en Bretagne, à Belle-Île-en-Mer, sur le bord de l’eau ou sur les chemins côtiers ; marcher la nuit ; marcher dans Paris… Bref, marcher dès que l’on en a la possibilité.
À l’heure où l’écologie est sur toutes les lèvres, la marche apparaît comme le moyen de locomotion le plus respectueux de la planète. Au-delà de cet aspect pratique, la célèbre journaliste et présentatrice, Noëlle Bréham, nous raconte dans son nouvel ouvrage comment la marche peut devenir une véritable philosophie, dans un monde où tout va dans le sens de la vitesse.

Rebelle-Santé : Qu’est-ce que la marche pour vous ?

Noëlle Bréham : J’aurais du mal à définir la marche, c’est comme si je devais définir “la respiration” : elles sont inhérentes à notre vie d’être humain. C’est juste inenvisageable de ne pas marcher. Comme le disait l’écrivain et cinéaste Jean Giono : “Si tu n’arrives pas à penser, marche. Si tu penses trop, marche. Si tu penses mal, marche encore.” Pour moi, la marche sert à tout et à rien à la fois. Elle est une évidence.

Marchez-vous depuis toujours ?

C’était naturel dans ma famille. Après le dîner, pour aller chercher le pain à deux kilomètres de la maison, pour rentrer de l’école à pied, y compris la nuit, en forêt, au bord de la route, à neuf ans à peine… La marche est quelque chose qui a fait partie intégrante de mon enfance et il ne m’est jamais venu à l’esprit de dire que je ne voulais pas marcher.

Pourquoi est-ce si important de marcher aujourd’hui ?

Entre l’Homme de Néandertal et l’Homme du XVIIIe siècle, les humains marchaient sept heures par jour ! À mon sens, notre corps ne s’est pas adapté à notre vie sédentaire. Quand les gens ne marchent pas, je me demande toujours comment c’est possible. Ça me fait penser à la psychanalyste Françoise Dolto qui, dans une journée chargée de consultations, allait marcher autour de l’hôpital. C’est indispensable pour se recharger et ne pas imploser !

La marche nous reconnecte-t-elle à notre environnement ?

Oui, en pleine nature comme en ville. Marcher, c’est ce qui permet de voir, de capter les odeurs, les sons… Au volant d’une voiture ou d’un deux-roues, on a besoin d’être concentré et on ne profite pas du paysage. Par ailleurs, je dirais que marcher nous reconnecte à nous-même. D’abord parce que c’est lent et puis parce qu’on a le temps d’être présent à soi.

Pour vous, marcher est une démarche écologique ?

Bien sûr, puisque la marche remplace tous les moyens de transport motorisés. Même un petit trajet représente beaucoup ! Cela entraîne aussi une prise de conscience : en marchant, on voit la nature, les arbres, ce qui nous entoure et on se sent ainsi plus concerné par leur évolution.

Quels sont les bienfaits sur notre santé ?

Je ne suis pas médecin, mais pour moi, la marche est le médicament numéro 1 ! C’est un formidable antidépresseur, qui joue énormément sur notre santé mentale. C’est aussi un outil pour bien digérer, activer la circulation sanguine, mieux respirer, se muscler… On sait aujourd’hui qu’un des plus gros problèmes de santé dans le monde est l’obésité, et je crois que la marche peut être une vraie aide. Pour ma part, quand je marche, ça me passe l’envie de grignoter ! Je ne ressens plus le besoin de cette “nourriture qui calme”, cet apéro ou ces tartines en rentrant du travail pour souffler. Quand on s’ennuie, on “bouffe”, si je peux me permettre l’expression ! La marche empêche ce gavage provoqué par l’ennui.

Sentez-vous que la marche vous permet d’avoir moins de pensées négatives ?

Tout à fait ! Je crois que c’est parce qu’on inspire et qu’on expire beaucoup. On évacue ainsi tout ce qui est négatif. Avec les réseaux sociaux et les médias, on a tendance à se sentir submergé d’informations et d’émotions, et la marche permet de s’en libérer. Par ailleurs, on élimine les toxines. Si j’ose dire, marcher c’est “vider la poubelle” de notre corps, laver, balayer.

Vous écrivez “Marcher en bord de mer, c’est marcher au bord du monde.” Pourquoi adorez-vous autant marcher au bord de l’eau ?

Je ne sais pas pourquoi, nous, les humains, nous sommes attirés par l’eau. Est-ce parce qu’on a grandi dans l’eau en étant fœtus ? Aucune idée, mais les bords de mer sont apaisants. Ils sont également étendus et je crois que nous avons cruellement besoin d’espace pour respirer. Toutefois, tous les endroits sont bons pour marcher. J’adore le charme de la Sologne, la liberté de Belle-Île-en-Mer et la beauté du Cotentin… Mais j’aime aussi marcher en ville. Plus on marche, plus on a envie de marcher de toute façon.

Vous marchez aussi dans le noir, c’est original… N’avez-vous pas peur ?

Si, bien sûr ! Dans le noir, un chat est un tigre. Dès que l’on entend un bruit, notre imagination se met en marche et tout devient terrifiant… Mais c’est ce qui rend cela intéressant, nous sommes obligés de lâcher prise.

Marcher, ce n’est pas forcément randonner, n’est-ce pas ?

Évidemment ! On n’est pas obligé de faire des marches interminables, de faire le chemin de Compostelle. Marcher même dix minutes par jour, c’est merveilleux. Je n’ai aucune leçon à donner, mais je pense que marcher fait partie de notre fonctionnement d’humain avant tout. Ce n’est pas une option et c’est le manque de marche qui est un drame aujourd’hui.

Quel conseil donneriez-vous pour marcher régulièrement ?

Je donnerais un conseil qui vaut pour la marche et pour tout ce qui peut nous embêter dans la vie : le faire vraiment. Cela signifie ne pas aller marcher le plus vite possible avec ses écouteurs pour se débarrasser, mais le faire à fond, sans distraction. Thích Nhất Hạnh, le célèbre moine bouddhiste vietnamien, dit que faire pleinement ce qu’on fait le rend moins désagréable d’abord, puis de plus en plus agréable. Sans dérivatif, la marche devient petit à petit un plaisir… Promis !

noelle breham

Tête en l’air et pieds sur terre

Noëlle Bréham, éditions La Salamandre,
20 x 13 cm, 128 p., 19 €.

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