Jambe douloureuse à l’effort…
...et si c'était un syndrome des loges ?
Une jambe qui devient rouge à l’effort, luisante, tendue et douloureuse ? Il s’agit peut-être d’un syndrome des loges, une pathologie liée à un engorgement sanguin au niveau des muscles.
Sports d’endurance obligent (raids, trails, randonnées pédestres…), des pathologies habituellement réservées aux sportifs de haut niveau commencent à toucher les sportifs amateurs à grande quantité d’entraînements, comme les syndromes des loges (SDL), qu’ils soient aigus, faciles à diagnostiquer, ou chroniques, plus insidieux.
Une histoire de pression…
Les SDL concernent les membres. Ils correspondent à l’accentuation de la pression au niveau d’un compartiment musculaire (groupe de muscles) qu’on appelle « loge ». En cause, un conflit entre le contenu « mou » du membre (muscles, nerfs, vaisseaux sanguins…) qui augmente de volume lors de l’effort du fait de l’engorgement vasculaire alors que le contenant dur (os, aponévroses – sortes d’enveloppes fibreuses), lui, ne se distend pratiquement pas.
… avec un risque de nécrose
Lorsque la pression dans le muscle dépasse la pression nécessaire à la vascularisation artérielle des tissus, il se produit un véritable garrot compressif synonyme d’ischémie, autrement dit de nécrose musculaire. La mort du muscle n’est jamais très loin si rien n’est fait.
La jambe aux premières… loges !
Si les bras, avant-bras et cuisses peuvent être concernés par un SDL, la jambe est particulièrement exposée, notamment lors des activités de course et de marche prolongées. Elle présente en effet 3 localisations à risque, d’autant que la peau s’avère relativement peu extensible.
• Deux loges postérieures (superficielle et profonde) contenant les puissants muscles du mollet.
• Une loge antérieure, très exposée au SDL lors de la course à pied. Cette loge est constituée du tibia, du péroné et de l’aponévrose jambière. Trois éléments rigides au sein desquels on retrouve des muscles fragiles, les releveurs du pied et des orteils.
• Une loge externe qui contient les muscles stabilisateurs de la cheville.
Jambe douloureuse
• En cas de SDL aigu, la douleur est si intense qu’elle ne permet plus de prendre appui sur la jambe. Une paralysie musculaire est possible au niveau des muscles concernés et au niveau du pied : les orteils ne peuvent plus bouger. La peau est inflammatoire : rouge, luisante et chaude.
• En cas de SDL chronique, la douleur s’apparente plutôt à une crampe, une lourdeur, une tension douloureuse, ou à des tiraillements. Elle oblige à l’arrêt et disparaît en quelques minutes. Les muscles sont durs, tendus et contracturés.
Incision en urgence…
Au stade de SDL aigu, seule une intervention chirurgicale en urgence permet d’équilibrer les pressions de part et d’autre de la loge, grâce à l’incision de l’aponévrose concernée. En cas de doute (SDL chronique ?), le médecin peut procéder à la prise de la mesure de la pression intramusculaire (PIM).
… ou repos
Au stade de SDL chronique, le repos sportif est préconisé dans un premier temps, suivi par une reprise adaptée et douce. L’application de glace, les antalgiques, les massages et les anti-inflammatoires sont d’une efficacité inconstante. Si le SDL persiste, l’intervention chirurgicale devient nécessaire.