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La santé naturelle avec Sophie Lacoste

Jeûne et leucémie lymphoïde chronique

La randonnée est une activité sportive très prisée qui peut se pratiquer à tout âge.
Mais combien ont déjà expérimenté la randonnée en montagne, sur des sentiers escarpés avec des pentes allant jusqu’à 35 % de déclivité ?
C’est le genre de stage de randonnée que nous avons fait, mon épouse et moi, du 31 mai au 7 juin 2014, dans la montagne d’Angèle près de Nyons, en Drôme Provençale.
Les sentiers de chèvres y ont des pentes et des dénivelés impressionnants, aussi bâtons et chaussures de montagne y sont indispensables pour rester accroché au terrain.
Chaque randonnée journalière consistait à parcourir, plutôt à “crapahuter”, 8 à 15 km, dans ces paysages magnifiques que sont les montagnes de la Drôme provençale.
Rien d’extraordinaire à cela, sauf quand on sait que ces 4 à 5 heures de marche quotidiennes pendant une semaine, à près de 1000 mètres d’altitude, sous un soleil généreux, par des températures de 25 à 30 degrés, se faisaient dans le cadre d’un stage de jeûne et randonnée.

En d’autres termes, nous avons marché pendant une semaine, en montagne, sous le soleil, dans la chaleur, 8 à 15 km par jour, sans aucune nourriture solide, le ventre vide, à l’exception de nos trois litres d’eau quotidiens.
Nous avons quand même beaucoup transpiré, beaucoup éliminé, sollicité intensément nos muscles et nos articulations, perdu quelques « petits gras », en fait, perdu beaucoup de « petits et de gros gras » pour être honnête.
Mais fichtre, pourquoi se con­traindre à jeûner pendant une semaine, et en plus à faire des efforts physiques qu’à notre âge, 74 ans, nous ne nous imaginions même pas capables de supporter ?
Cela mérite quelques explications, car nous ne sommes quand même pas, mon épouse et moi, “maso” ou inconscients à ce point.

En mars 2012, nous avions vu sur Arte le documentaire Le jeûne, une nouvelle thérapie ?, de Sylvie Gilman et Thierry de Lestrade. Intéressant, sûrement, mais nous ne nous sentions pas concernés, n’ayant pas de problème particulier à résoudre.
Lors d’un salon Marjolaine au Parc Floral de Vincennes, nous avons eu l’opportunité d’assister à une conférence donnée par Gisberg Bölling, un Allemand installé en France depuis 40 ans, qui traitait du jeûne et de ses applications thérapeutiques dans le cas de nombreuses pathologies, notamment le cancer.

En mars 2013, lors d’un bilan sanguin de routine, a été décelé chez mon épouse un problème qui, lorsqu’il devient aigu, n’a d’autre traitement que la chimiothérapie.
Le documentaire et la conférence nous sont revenus en mémoire, nous devenions concernés, car maintenant nous avions un problème. À la suite de recherches, nous avons découvert que le jeûne était utilisé à des fins médicales dans bon nombre de pays. En Allemagne, le jeûne thérapeutique est pratiqué en milieu hospitalier et pris en charge par la Sécurité Sociale.
Aux États-Unis, des recherches avancées associant le jeûne à la chimiothérapie sont très prometteuses en matière de résultats obtenus.

Mais imaginer que l’on va se passer de nourriture et entamer un jeûne est, malgré tout, loin d’être évident. Il nous a fallu presque un an pour franchir le pas, vaincre bon nombre d’appréhensions et d’inquiétudes, avoir des contacts avec des personnes qui ont trouvé rémission ou résolution de leurs problèmes, pondérer les avis négatifs des médecins, etc. etc.
Une fois la décision prise, notre choix s’est porté sur Gisberg Bölling, notre conférencier, qui, avec son épouse Gertrud, anime dans la Drôme des stages de jeûne et randonnée.
J’ai décidé d’accompagner mon épouse dans ce stage et de jeûner moi aussi.

La semaine avant le jeûne, nous devions supprimer de notre alimentation tout aliment d’origine animale, thé, café, vin, pain, alcool, pour ne consommer que des légumes et des crudités. Le samedi 31 mai dans l’après-midi, nous arrivions à Léoux, dans la Drôme. C’est un petit village au pied de la montagne d’Angèle qui culmine à 1606 mètres.
Après la prise de contact d’usage, notre groupe comprenant 12 participants, Gertrud nous donne les explications nécessaires concernant le déroulement de cette semaine de jeûne.
Elle nous invite ensuite à boire un bol d’eau tiède dans lequel a été dissous au préalable un sachet de sulfate de magnésium, la fameuse purge, rituel de début du protocole.
La purge est destinée à nettoyer efficacement les intestins de tout résidu de nourriture pour obliger l’organisme à puiser d’emblée dans ses ressources profondes, à savoir ses graisses, car à l’exception des 3 litres d’eau journaliers, plus aucune nourriture pendant les 7 jours à venir.

4 personnes du groupe sont des “récidivistes”, elles ont déjà fait plusieurs fois une semaine de jeûne au cours des années précédentes.
Cela est très rassurant de voir que ces anciens ont “survécu” et qu’ils en redemandent. Surprise, une jeune femme entame même sa 3e semaine de jeûne et elle est en pleine forme.

À 10 h, le dimanche matin 1er juin, tout le groupe se retrouve pour une petite demi-heure d’échauffements et d’assouplissements.
La nuit a été pour l’ensemble des participants, sans exception, l’objet de multiples séjours là où le roi d’ordinaire se rend à pied, la purge ayant été vraiment d’une redoutable efficacité.
Les muscles de chacun étant chauds, chaussures de marche aux pieds, sacs à dos remplis de bouteilles d’eau, nous attaquons la première randonnée de la semaine.
Après deux heures de montée éprouvante, la pente est très raide, les sentiers caillouteux, le ciel de la Drôme provençale est d’un bleu limpide, il fait très chaud et les tee-shirts sont mouillés, la pause est bienvenue.
Nous avons presque bu un litre et demi d’eau pendant ces deux heures d’ascension. “Pour la première randonnée c’est plutôt cool nous dit l’animateur, seulement 200 mètres de dénivelé.”
Après la pause, retour au gîte, nous entamons la descente par un sentier escarpé et très pentu. Il faut planter les bâtons pour se freiner et mettre les chaussures de marche en canard pour ne pas déraper.
Éprouvant, mais tout le monde suit. L’âge moyen du groupe est de 45 ans environ, mon épouse et moi étant les plus âgés, la plus jeune, qui en est à sa 3e semaine, a 25 ans. L’accompagnateur, pour nous rassurer, nous dit qu’un couple d’anciens, 83 et 84 ans, fait ce stage et le même parcours chaque été depuis maintenant 20 ans.
De retour vers 16 h 30 après 4 heures de marche éprouvante, dur dur pour les genoux dans la descente, une bonne douche, tout le groupe se retrouve à 17 h 30 pour un topo de Gertrud, sur ce que nous allons ressentir comme effets et perceptions au cours de ce jeûne.
Aussi surprenant que cela puisse paraître, personne ne ressent la faim, mais la fatigue commençant à se faire sentir, nous sommes, mon épouse et moi, couchés dès 21 h.

Lundi 2 juin, nous ouvrons l’œil vers 7 h 30. Ouvrir l’œil est un bien grand mot, car nous avons eu l’impression, l’un comme l’autre, de ne pas l’avoir fermé de la nuit.
Une nuit en 4 ou 5 épisodes, probablement 3 heures au maximum de sommeil en tout et pour tout. C’est étonnant, mais nos articulations sont souples, nos genoux sont flexibles, nous n’avons aucune douleur, aucune courbature, et nous sommes toujours vivants, avec, en plus, une impression de forme surprenante, “la pêche” quoi ! Le reste du groupe a exactement les mêmes ressentis.
Nous apprendrons par la suite que dormir 3 ou 4 heures par nuit est à peu près la norme pendant toutes les périodes de jeûne, l’organisme n’ayant plus à investir 30 % de ses ressources pour digérer pendant la nuit.
Après la douche, même rituel, à 10 h, échauffements et assouplissements, nos 3 litres d’eau dans le sac à dos et c’est parti pour une nouvelle randonnée.
Tous les jours restants de la semaine sont à l’identique, des journées bien occupées, 4 à 5 heures de marche, soit de 8 à 15 km, 3 litres d’eau à boire, quelques grimpettes à 35 %, des descentes où il faut mettre les rétro-freins, la galère quoi, mais pour adultes consentants !
Et de retour au gîte en fin de journée, toujours le même constat, nous ne sommes pas fatigués, toujours aucune courbature, des articulations souples, un cerveau qui semble fonctionner à 100 à l’heure tellement des idées créatives y foisonnent, toujours aucune sensation de faim, très surprenant ! Et c’est la même perception pour tout le monde.

Un bémol toutefois, le troisième jour de jeûne fut le plus difficile, mais nous étions prévenus de ce qui allait se passer, donc pas de surprise.
Privé depuis 3 jours, le corps comprend qu’il n’aura plus de nourriture externe et qu’il va seulement devoir compter sur ses propres réserves de graisses saines.
Il lui faut donc faire le grand nettoyage et évacuer les toxines accumulées dans ses graisses depuis des années. C’est le phénomène de l’acidose lié à la détoxination des cellules.
Suivant les personnes, cela se traduit pendant quelques heures par des malaises, des maux de tête, des vertiges, voire des vomissements importants. Pour ma femme, ce fut assez éprouvant.

Nous avons découvert que, pendant le jeûne, l’organisme va d’abord consommer tout ce qui n’est pas utile, les cellules malades ou malignes, celles qui sont dysfonctionnelles, les toxines, puis les graisses et les réserves d’énergie.
Comme il n’y a plus de nourriture externe, le corps doit produire du glucose à partir de ses propres réserves. Le glucose viendra essentiellement des lipides. Les protéines des muscles, sollicitées seulement au cours des premières 24 heures, ne seront pas concernées, les organes vitaux seront aussi préservés.
Une personne normale en bonne santé a suffisamment de réserves sous forme de graisses corporelles pour alimenter son corps pendant environ 40 jours. Pendant le jeûne, le corps ne cesse pas d’être nourri, il l’est autrement que d’habitude, à partir de ses propres réserves.
Le plus surprenant, c’est que sans rien dans le ventre, en ne dormant que 3 à 4 heures maximum par nuit, nous avions tous une forme extraordinaire. Personne n’est resté en arrière. Tout le monde a crapahuté, même ceux qui avaient de sérieux problèmes de santé. Monter et descendre des pentes qui, avec le recul, nous paraissent toujours aussi impressionnantes, sont des activités que nous n’aurions pas imaginé, mon épouse et moi, être capables de faire. Et pourtant nous l’avons fait avec une énergie surprenante.

Le samedi matin, 7 juin, 7e et dernier jour de jeûne, récompense suprême, nous avons eu droit à deux cuillères de graines de lin et deux pruneaux qui avaient trempé depuis la veille.
À partir de ce jour, nous avons progressivement retrouvé une alimentation normale.
La reprise alimentaire, après le jeûne, est aussi importante, sinon plus, que le jeûne lui-même, car le processus de détoxination se poursuit pendant cette période.

Trois mois après, voici un bilan rapide de cette expérience : mon épouse a perdu 5 kg, et moi 4 kg pendant cette semaine, nous ne les avons pas repris. Il a donc fallu racheter quelques pantalons, car le tour de taille a été principalement affecté.
Les derniers résultats d’analyses de mon épouse montrent que les taux de leucocytes qui étaient à 40 % au-dessus de la norme maximale sont tombés à + 10 % seulement, les lymphocytes qui étaient à plus 110 % sont maintenant à seulement + 50 % du maximum, les plaquettes ont augmenté de 20 % ainsi que les protéines.
Comme elle n’a aucun traitement, son médecin, une fois passé l’étonnement, n’a pas d’explication quant à ces résultats qui étaient pourtant en constante détérioration depuis un an et demi.
Les crampes nocturnes ont complètement disparu, ainsi que tous les problèmes de digestion, ballonnements ou autres. L’hallux valgus a diminué de moitié (on sait que ce dernier est constitué en grande partie de toxines).

Mes douleurs lombaires ne sont plus revenues.
Nous avons continué les marches pendant toute la période d’été, en montagne, dans les Alpes de Haute-Provence, toujours avec une forme extraordinaire, sans courbature ni douleur articulaire.
Ma tension qui était plutôt de l’ordre de 14 / 9 en moyenne est désormais tombée à 12 / 8.
Des taches de peau et irritations ont disparu. Le jeûne nous a probablement rajeunis.
Dès le début de la reprise alimentaire, le sommeil est revenu et il est devenu plus profond qu’avant, des nuits de 8 heures sans réveil, très surprenant à notre âge.
Suivant les recommandations données durant le stage, nous avons modifié notre alimentation, beaucoup plus de crudités, pratiquement plus de viande rouge, mais du poisson, cuisson à la vapeur, 2 litres d’eau par jour, du pain d’épeautre plutôt que du pain blanc, etc. etc. et nous avons toujours la forme !

Il est certain que nous recommencerons cette expérience, ne serait-ce que pour contribuer à résoudre les problèmes de mon épouse et si nécessaire, nous irons vers le jeûne thérapeutique de plus longue durée. »

Viviane et Jean C., du Val-de-Marne

Pour ceux que cela intéresse :
Pratique de la cure de Breuss par Jürgen H.R. Thomar, Éditions Véga
Documentaire de Arte Le jeûne, une nouvelle thérapie ?
Les surprenantes vertus du jeûne
de Sophie Lacoste, Éditions Quotidien Malin
Le jeûne, maigrir, éliminer, se désintoxiquer de Hellmut Lützner Éditions Terre Vivante

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