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La santé naturelle avec Sophie Lacoste

La médecine traditionnelle arabe

Nous devons beaucoup à la médecine arabe, à l’origine de rien de moins que la prévention, la chimie, la médecine hospitalière et… l’aromathérapie! C’est en effet grâce à la civilisation islamique que la médecine prit une très grande ampleur et c’est encore grâce à elle que le savoir médical s’est répandu en Europe, via les écoles, du IXè au XVIè siècle.

Aujourd’hui, en ces temps troublés, le risque est grand de confondre «islam» et «fanatisme». Pourtant, l’islam est non-violent par nature. Il incite les fidèles musulmans à respecter la vie humaine et le savoir, ainsi qu’à rechercher la connaissance. «L’ encre des savants est plus précieuse que le sang des martyrs.» À l’inverse, la mollesse et le luxe y sont sévèrement prohibés, car considérés comme mères de tous les vices. Au XIè siècle, l’amour des sciences et de la connaissance était poussé à son paroxysme par les musulmans. Leur avance était telle que la médecine occidentale faisait pâle figure : on avait alors 100 fois plus de chances de guérir grâce à la médecine arabe que soigné par un médecin de Paris!

L’ISLAM ET LA SANTÉ
Respecter le Coran, c’est préserver la pureté des corps et des cœurs, ainsi que l’ont voulu ses enseignements. D’abord, les interdits (alcool, jeux de hasard et toutes formes de stupéfiants), qui évitent aux hommes de tomber dans les excès, ont évidemment leur utilité.
Ensuite, sont obligatoires les 5 prières de la journée, toutes accompagnées de gestes d’hygiène élémentaire comme le lavage des mains (donc, répété 5 fois), faire l’aumône (pour se débarrasser du superflu), le pèlerinage à la Mecque (qui symbolise la recherche de la perfection), les périodes de jeûne (détoxiquant le corps et purifiant l’âme). Jeûne qui, soit dit en passant, possède aussi des vertus sociales en obligeant à se contrôler et à poursuivre la vie quotidienne malgré la privation de nourriture.
Grâce à tous ces préceptes, de solides notions de prévention sont inculquées à la population qui, chaque jour, accomplit des postures très précises, favorisant l’ étirement et la souplesse corporelle mais aussi la concentration, le «lâcher-prise», obligatoires pour se couper du monde et se concentrer. Un «exercice» à la croisée des chemins entre yoga, relaxation et méditation, durant lequel la composante respiratoire est très importante.

RHAZÈS ET AVICENNE, LES 2 GRANDES FIGURES DE LA MÉDECINE ARABE
Rhazès est considéré comme l’inventeur de la médecine hospitalière. C’est en effet sous son égide que les étudiants en médecine sont enfin formés sur le terrain, à même l’hôpital, en prise directe avec les malades. La clinique prend alors tout son sens et relègue au rang d’antiquité les théories plus ou moins fumeuses encore enseignées à l’époque, loin des malades. Par ailleurs, cette façon pragmatique et concrète de soigner et de rassembler médecins et malades dans un même lieu permet d’ établir des classements, de remarquer que certains malades présentant les mêmes symptômes ont donc le même type de maladie. Ainsi naît l’idée de médecine collective (opposée à la médecine individuelle). Les Arabes poursuivent dans cette voie en créant les cliniques ambulatoires, qui vont, à dos de chameau, à la rencontre des malades dans les petits villages! Surnommé «le maître» par ses collègues admiratifs, Rhazès rédigea entre autres un livre sur la variole, outil de référence pendant des siècles, tant en Orient qu’en Occident. Sa médecine, dictée par le bon sens, se fonde avant tout sur l’hygiène de vie, ce qui, pour l’ époque, était considérablement novateur. Rappelons-nous qu’alors, nul n’imaginait encore l’existence des microbes et qu’en instaurant des notions d’hygiène très poussée au quotidien, Rhazès préserve ses contemporains de nombre d’ épidémies et de maladies, bénignes comme mortelles.

Mais la popularité d’Avicenne, «le Prince des Philosophes», surpasse encore celle de Rhazès. On raconte qu’il était alchimiste et aurait même découvert le secret de l’immortalité. Plus certainement, il était avant tout médecin et philosophe (années 980-1037). Avicenne est à la médecine arabe ce qu’Hippocrate est aux Grecs. Aussi important. Auteur de plus de 150 livres savants, dont 16 traités médicaux, il est l’aboutissement logique et visionnaire d’un formidable brassage d’idées et d’ avancées médicales. Sa médecine porte l’empreinte de Rhazès (pour l’examen clinique), celle d’Hippocrate (pour la diététique) et d’ Aristote (pour la logique) mais aussi des connaissances en phytothérapie du grec Dioscoride, et même des exercices indiens (pour le corps et la respiration)! Son célébrissime Canon de la Médecine, encyclopédie théorique et pratique de toutes les maladies répertoriées, est le «best-seller» toutes catégories confondues au Moyen-Âge. Il y décrit le diabète, la méningite, distingue les diverses formes de paralysie, évoque les maux véhiculés par le placenta, décrit enfin exactement l’anatomie de l’œil, détaille précisément les valves cardiaques et leurs rôles… Mais encore, il hisse l’eau purificatrice (hydrothérapie) au rang de traitement, de même que les bonnes relations humaines indispensables à la santé mentale. Il formalise les notions de contagion, d’eau et de sol vecteur de maladies, améliore la précision des instruments de mesure, et s’intéresse même à l’ablation des tumeurs cancéreuses. La chirurgie était d’ailleurs l’un des points forts de la médecine arabe, rompue aux interventions viscérales, ophtalmologiques ou même aux trépanations et autres gestes chirurgicaux fort délicats… et fort réussis.

EN SAVOIR PLUS
Avicenne ou la Route d’Ispahan, Gilbert Sinoué, éditions Denoël/Folio
La médecine arabe aux siècles d’or VIIIème-XIIIème siècles, Yvon Houdas, éditions L’Harmattan.

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