Le bruit des abeilles et des bombes
Quand l’apiculteur, un jour, se réveille avec le bras gauche ballant, inanimé, il pense naturellement à ses ruches pour se soigner. Allongé au-dessus des vibrations des abeilles, sur les ruches bien alignées, il recouvre très vite l’usage de son membre. Sergueïtch a momentanément quitté son village désert pour conduire ses abeilles butiner dans le calme de la Crimée le temps du printemps. Car chez lui, c’est la “zone grise”, entre armée ukrainienne et forces pro-russes, et les bombes menacent à chaque instant. D’ailleurs, toutes les maisons sont fermées sauf celle de son meilleur ennemi, Pachka, et la sienne… Restés seuls, les deux hommes sont obligés de coopérer. L’Ukrainien Andreï Kourkov nous plonge dans la guerre du Donbass, dans l’attente d’un cessez-le-feu et du retour à la vie d’avant. L’humour de l’auteur, subtil et décalé, allège le contexte désespérant autant que les touchants personnages que Sergueïtch rencontre sur le chemin de l’exil.
Les abeilles grises
Andreï Kourkov, traduction Paul Lequesne, Éditions Liana Levi, 14 x 21 cm, 400 pages, 23 €.