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La santé naturelle avec Sophie Lacoste

Le régime sans gluten et sans caséine (SGSC)

Qu’il s’agisse d’améliorer l’autisme ou de diminuer l’auto-immunité, les familles qui instaurent un régime sans gluten et sans caséine (SGSC) doivent affronter les critiques et railleries de certains médecins. Ces critiques sont de deux ordres. D’une part, l’efficacité d’un tel régime n’aurait jamais été démontrée scientifiquement, d’autre part, ce type d’alimentation serait porteur de déséquilibres et de carences pouvant être dangereuses, en particulier pour l’enfant. Telle est en substance l’argumentation développée dans un numéro récent d’Inserm Actualités (1) par le Pr Christian Andres, un médecin et chercheur de l’unité Inserm 619 à Tours dont le thème de recherche s’intitule «dynamique et pathologie du développement cérébral». Le Pr Andres a publié plusieurs études scientifiques sur l’autisme et le retard mental, mais, on va le voir, il ne connaît pas beaucoup la nutrition.

Le tour des études…

Le Pr Andres explique dans son article d’Inserm Actualités qu’il a fait le tour des études explorant le lien entre autisme et gluten/caséine et qu’il a été «étonné de trouver si peu d’éléments, et de si mauvais, de si discutables.» Il ajoute qu’on «n’a absolument rien démontré chez l’homme.» Il cite en particulier une méta-analyse n’ayant «pu faire ressortir qu’une étude validée scientifiquement», de surcroît portant seulement «sur 20 patients.» Le Pr Andres veut démontrer par là que rien ne permet d’accorder du crédit à ce régime.
Ce diagnostic appelle plusieurs remarques.
D’abord, il est extrêmement difficile de «démontrer chez l’homme» quoi que ce soit en matière de nutrition et de santé. En voici quelques exemples.
– Vin et santé cardiovasculaire : en dépit des milliers d’études expérimentales, épidémiologiques et cliniques conduites sur le vin et ses constituants, son rôle dans la prévention cardiovasculaire est toujours débattu.
– Calcium, laitages et os : les laitages sont promus par les autorités sanitaires comme un moyen efficace — et à les entendre le seul — pour prévenir l’ostéoporose, mais rien n’a jamais été formellement démontré dans ce domaine malgré les dizaines de millions de dollars investis dans des études. Le rôle du calcium est lui-même contesté (2).
– Antioxydants et longévité : des milliers d’études ont été menées sur les suppléments d’antioxydants mais on n’a toujours pas la preuve décisive qu’en en consommant chaque jour on vivra plus longtemps en bonne santé.

Une analyse objective ?

S’étonner, comme le fait le Pr Andres, que l’efficacité du régime SGSC n’ait pas été démontrée dans une maladie aussi complexe que l’autisme relève du sophisme. Compte tenu du petit nombre de travaux menés à ce jour, c’est bien la démonstration incontestable de l’efficacité de ce régime qui eût été miraculeuse!
À ce jour, sept études auraient recherché l’impact d’un régime SGSC sur les symptômes de l’autisme. Six n’ont pas fait appel à un groupe de contrôle, et une étude était certes contrôlée, mais pas en double-aveugle. Il est clair que la confiance que l’on doit accorder à ces résultats est limitée, mais ce qui est intéressant c’est que les sept études ont rapporté une amélioration des symptômes, et que deux ont trouvé que la cognition verbale des enfants s’était améliorée avec le régime SGSC. (3) La conclusion que l’on devrait tirer de ces travaux, certes trop peu nombreux, certes imparfaits, ce n’est pas «Circulez, il n’y a rien à voir», mais plutôt «Multiplions les études pour voir si l’on retrouve ces résultats dans un cadre plus rigoureux.»

Lait et blé tout puissants

Je comprends qu’il soit difficile à certains médecins de tenir ce discours. Cela tient tout simplement à la place qu’occupent le blé et le lait dans l’inconscient alimentaire collectif et plus prosaïquement à leur contribution au chiffre d’affaires de l’industrie agro-alimentaire française. Les lobbys laitiers et céréaliers sont anciens, puissants, et ils ont réussi à accréditer l’idée, dans le grand public et le corps médical, qu’une bonne santé sans céréales ni laitages est inimaginable.
Le Pr Andres estime ainsi que «les familles [qui suivent le régime SGSC] se soumettent à un régime contraignant, qui pourrait être délétère pour l’enfant.»
En réalité, on ne voit pas très bien en quoi un régime sans gluten ni caséine serait délétère pour qui que ce soit. Céréales et laitages ne sont apparus qu’au néolithique, il y a moins de dix mille ans. C’est donc en suivant pendant près de sept millions d’années un régime sans gluten sans caséine que l’espèce humaine a conquis la planète.

Il est tout à fait possible et même probable qu’une alimentation sans blé ni laitages conduise aussi bien les enfants que les adultes, y compris ceux qui ne souffrent ni d’autisme ni de maladies auto-immunes, à une meilleure santé. Les aliments qui contiennent du gluten élèvent souvent anormalement le sucre sanguin et ceux qui contiennent de la caséine font trop grimper l’insuline : donc ces aliments activent ce qu’on appelle la voie insuline, qui est un moteur majeur du vieillissement. Ils s’accompagnent d’une hausse marquée de facteurs de croissance, ce qui n’est pas une très bonne nouvelle pour la prévention des cancers. Ils augmentent aussi l’expression de marqueurs de l’inflammation, ce qui n’est une bonne nouvelle pour aucun système biologique. Enfin, les uns et les autres apportent à l’organisme une charge acide nette qui est accusée de favoriser l’ostéoporose, la fonte musculaire et les troubles rénaux.
Après tout, il ne faut peut-être pas s’étonner que le régime le plus protecteur connu chez l’homme, celui qui fait les centenaires à la pelle, soit précisément un régime sans gluten ni caséine : c’est le régime d’Okinawa !

La pression médicale

Le Pr Andres aimerait bien envoyer «un message fort, audible et crédible» au grand public. L’Afssa s’apprêterait, sous la pression de quelques médecins, à émettre un tel avis à la suite d’une réunion le 29 janvier. Un message qui convaincrait les parents, selon les termes du Pr Andres «de ne pas recourir au régime sans gluten sans caséine tant qu’il n’y a pas de nouvelles preuves à l’appui.» Mais il ne faut guère compter sur ces chercheurs évidemment bien intentionnés pour susciter l’émergence de ces «nouvelles preuves» que les familles, elles aussi, attendent. La cause est déjà entendue. La recherche officielle n’est certainement pas près de miser un kopek sur ce qu’elle considère comme «un phénomène de croyance à une théorie qui a l’apparence d’être scientifique.»

(1) Inserm Actualités n°199, mai 2006.
(2) Souccar T. : Lait, mensonges et propagande. Thierry Souccar Editions, mars 2007.
(3) Christison GW, Ivany K. Elimination diets in autism spectrum disorders: any wheat amidst the chaff ? J Dev Behav Pediatr. 2006 Apr;27(2 Suppl) : S162-71.

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