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La santé naturelle avec Sophie Lacoste

L’étiothérapie, quand le pouls nous parle !

L’étiothérapie est une pratique thérapeutique qui permet, par l’intermédiaire du pouls radial, de détecter les sources d’une pathologie ou d’un mal-être. Le thérapeute va “dialoguer” avec le système nerveux neurovégétatif puis décoder les signaux de l’organisme à l’aide de la cartographie de l’oreille. L’objectif est de permettre au patient d’identifier, d’accepter et d’intégrer les traumatismes et émotions bloquées à l’origine de ses troubles.

Entretien avec Karine Grouiller, étiothérapeute à Paris.

Rebelle-Santé : Pourriez-vous tout d’abord me parler un peu de vous ?

Karine Grouiller : J’ai fait des études de psychologie clinique, puis un diplôme universitaire en victimologie. J’ai commencé ma pratique auprès de victimes de traumatismes. J’ai ensuite travaillé pendant 12 ans pour Médecins Sans Frontières (MSF) dans le domaine clinique transculturel (1) et d’urgence.

Dans l’humanitaire, il faut accepter de ne voir nos patients qu’une seule fois ou pour un nombre restreint de consultations. Nous devons donc cerner rapidement la problématique de la personne et cela nécessite qu’elle se livre vraiment. Dans un laps de temps très court, nous devons tout donner pour permettre au patient de reprendre le cours de sa vie. C’est très intense et stimulant intellectuellement.

Parallèlement, j’ai travaillé en France dans les hôpitaux de Paris en Pédopsychiatrie transculturelle, en Cellule d’Urgence Médico-psychologique, puis en Hépatologie. J’ai pu y appliquer la richesse de ma pratique clinique autour du traumatisme, de l’urgence, du transculturel ou de la psychothérapie dynamique.

Qu’est-ce qui vous a amenée à l’étiothérapie ?

Quand j’ai découvert l’étiothérapie, je travaillais pour MSF à Paris auprès de demandeurs d’asile, autour des problématiques de la torture et des maltraitances institutionnelles. J’étais arrivée à un point de blocage sur le plan personnel et professionnel. Je peinais à faire entendre ma perception de ma pratique clinique et j’avais l’impression de tourner en rond. C’est à ce moment que j’ai entendu parler de l’étiothérapie et que j’ai tenté cette approche pour moi. Ce fut une révélation. Cette séance d’étiothérapie a donné un sens à de nombreuses choses, comme si je trouvais enfin les pièces manquantes d’un puzzle depuis longtemps égarées. Sur les conseils du praticien et vu l’efficacité des séances, je me suis alors formée à l’étiothérapie. Cela complétait parfaitement ma pratique. J’ai adoré la discipline et je me suis beaucoup impliquée. Aujourd’hui, j’ai intégré l’équipe de l’Institut de Formation en Étiothérapie (IFE) et j’encadre les étudiants de 1ère année.

Comment expliqueriez-vous ce qu’est l’étiothérapie?

Il s’agit d’une thérapie corporelle qui permet d’aborder, via une méthode logique, la personne dans sa globalité, en intégrant les facteurs physiques, biologiques et psychiques, et de déceler les origines possibles d’une pathologie ou d’un mal-être.

C’est une thérapie très complète. On peut faire des séances d’étiothérapie indépendamment ou en parallèle avec d’autres traitements.

Quelle est son origine ?

L’étiothérapie a été conçue par le Dr Patrick Latour. Dentiste à l’origine, il a constaté que les problèmes dentaires avaient des causes plus profondes, il a alors cherché d’autres façons de soigner et de déceler les problématiques des patients. Il s’est intéressé à l’auriculomédecine du Professeur Nogier, à l’étiomédecine du Dr Brinette et aux travaux de l’énergologue Gilles Gueguen.

Le Dr Latour a alors développé sa propre technique en apportant une vision systémique et holistique.

Comment la méthode fonctionne-t-elle ?

Via le pouls et à l’aide de la cartographie de l’oreille (2), un protocole défini permet d’accéder aux émotions bloquées, de les mettre en évidence, de les comprendre et de les accepter. Ensuite, une étape de métabolisation est nécessaire. Elle permet l’intégration en profondeur de ce qui a été compris et accepté. Ce processus demande du temps, ce qui explique l’intervalle entre les séances.

Quels en sont les bienfaits ?

Au début, on constate la levée de certains blocages, de nouvelles manières d’appréhender nos émotions, des douleurs corporelles qui disparaissent. Le résultat peut être radical ou plus subtil. Cela dépend de la problématique de départ et du travail sur soi effectué au préalable.

Au fur et à mesure des séances, un sentiment de cohérence et d’apaisement s’installe. On se sent plus présent et plus proche de nos ressentis.

À qui cette thérapie s’adresse-t-elle ?

À tout le monde, quels que soient l’âge, la pathologie ou le handicap.

Y a-t-il des contre-indications ?

Nous ne pouvons pas recevoir de patients non responsables sans l’accord d’un représentant parental, du curateur ou du tuteur.

L’étiothérapie est déconseillée aux personnes avec des signes manifestes de psychose, ou des comportements les mettant en danger ou mettant en danger les autres.

Et nous réorientons évidemment les patients en urgence médicale manifeste ou soupçonnée.

Il est également essentiel que les personnes soient consentantes. Cela paraît évident mais, si vous venez pour faire plaisir à votre femme, ce n’est pas pareil que si cela vient de vous.

Comment se déroule une séance ?

Je commence par demander à la personne la raison de sa venue, puis elle s’allonge (habillée) sur une table ou une banquette. Je m’installe à ses côtés, je prends son pouls et je commence le soin. Le discours est adapté à chacun. La manière d’évoquer les problématiques dépend de la personnalité et de l’âge. Tout au long du protocole de soin, nous sommes à l’écoute de l’autre. C’est le patient qui exprime, via le pouls, ce dont il a besoin en priorité. Il sait au fond de lui ce qui est suffisant et ce qu’il sera apte à métaboliser. C’est le pouls qui nous indique que c’est assez, que le soin est terminé.

En général, les patients sont un peu sonnés en se relevant. Il est donc conseillé de s’accorder un moment tranquille avant de poursuivre sa journée.

Quelle est la durée d’une séance, le prix, la fréquence ?

Entre 20 et 40 minutes, avec un entretien de quelques minutes. Comptez entre 45 minutes et une heure selon les praticiens et si vous êtes bavard !

Un soin revient à 90-100 €.

Les rendez-vous sont espacés de 2 à 3 mois pour permettre une bonne intégration.

Chaque consultation est bénéfique. En prendre conscience est parfois plus complexe. Certaines nous marquent, d’autres moins. Elles sont pourtant toutes aussi pertinentes. Chaque séance permet d’aborder plus profondément la problématique, un peu comme des poupées russes. On aborde au fur et à mesure des sujets de plus en plus essentiels car chaque poupée permet d’ouvrir la suivante.

Une seule séance est utile mais, si vous voulez creuser un peu et ressentir des bienfaits en profondeur, je conseillerais un minimum de 3 à 4.

Comment sont formés les praticiens ?

Il existe une seule école, l’Institut Français d’Étiothérapie (IFE). Les cours et TP durent deux ans, avec un examen écrit et pratique, la rédaction d’un mémoire de fin d’études et l’obtention d’un diplôme. La formation est reconnue pour les financements professionnels.

L’association du Groupement International des Praticiens en Étiothérapie (GIPE) accueille les nouveaux praticiens diplômés et réunit l’ensemble des étiothérapeutes pour des formations continues toute l’année avec 4 journées de conférences, 6 travaux pratiques et 3 contrôles des pratiques.

Toutes les personnes ayant une pratique et un diplôme en tant que thérapeute, que ce soit dans le médical ou paramédical, peuvent se former à l’étiothérapie. Il est important qu’elles aient déjà acquis une pratique “thérapeutique”.

Quelles sont les qualités d’un bon praticien et comment le trouver ?

La qualité première est la confiance en soi. La capacité à accepter ce qui est, à ne pas être dans le pouvoir, comme celui de vouloir guérir à tout prix.

Être calme, concentré, ne pas interpréter ou influencer.

Ce sont des qualités que l’on développe au fil de la formation, surtout lors des TP qui sont très encadrés.

Le praticien doit avoir été formé par l’IFE et suivre annuellement des formations continues et au moins une séance de contrôle des pratiques avec le Dr Latour.

Il peut être recommandé par d’autres praticiens à la compétence reconnue.

Un bon praticien est à l’écoute, ne profite pas des séances pour faire du prosélytisme pour des idéologies ou croyances qui ne font pas partie de l’enseignement laïque et scientifique de l’étiothérapie.

Il ne fait pas non plus obstacle aux choix thérapeutiques faits par le patient ou conseillés par ses thérapeutes.

Y a-t-il une fédération, une charte éthique ?

Vu que l’Institut Français d’Étiothérapie est une école unique, il n’y a pas de fédération.

Pour l’instant, en l’absence d’une réglementation nationale de la profession, il appartient aux groupements professionnels, donc au Groupement International des Praticiens en Étiothérapie et à ses instances dirigeantes, de s’assurer que ses membres respectent l’éthique en vigueur au sein des professions médicales et paramédicales françaises.

Comme la grande majorité des praticiens bénéficient d’une formation initiale dans l’une des professions médicales ou paramédicales réglementées, ils sont assujettis à leurs chartes professionnelles respectives, comme moi qui suis assujettie à la Charte des Psychologues.

Propos recueillis par Murielle Toussaint


(1) L’approche transculturelle consiste à prendre en compte la dimension culturelle et linguistique et le parcours migratoire dans la prise en charge psychologique, médicale et sociale.

(2) L’étiothérapeute travaille sur certains points d’acupuncture de l’oreille (points auriculaires) pour libérer les émotions bloquées et faciliter leur intégration.

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