Méditation printanière
de la botanique dans l’art

Au Grand Palais à Paris, l’exposition Jardins, conçue comme un cabinet de curiosités botaniques et horticoles, offre plus qu’une réflexion sur la représentation des jardins dans l’art en montrant les liens qui font des jardiniers des artistes depuis les origines.
Photo : Peinture de jardin - Pompéi, maison du Bracelet d’Or. 30-35 après J.-C. fresque ; 200 x 275 cm - Pompéi, Ministero dei beni e delle attività culturale e del turismo Soprintendenza Speciale - © 2017. Photo Scala, Florence - courtesy of the Ministero Beni e Att. Culturali
Alors que l’engouement pour les jardins se traduit notamment depuis 2003 par le succès de l’événement Rendez-vous au jardin, qui se déroule cette année le week-end des 2, 3 et 4 juin, dans toute la France (1), proposer en pleine saison une exposition enfermée dans un musée peut paraître aussi paradoxal que traiter du vivant uniquement par le biais des natures mortes ou des plantes séchées.
Le Grand Palais réussit pourtant son pari en proposant un parcours thématique surprenant qui séduira tous les amoureux des plantes et de l’horticulture, révélant, comme au fil d’une promenade, des bosquets de poésie naturaliste qui semblent jouer au petit bonheur, en échos de confrontations fortuites.
Malgré les apparences, la cohérence des thématiques ressurgit quand le matériel scientifique répond aux plans des architectes paysagistes ou aux œuvres d’art très diverses (sculptures, photographies, vidéos, bijoux, dessins, peintures …), qui le prolongent. L’ensemble trace peu à peu son chemin, en laissant toujours place à la méditation, hors de tout dogmatisme, révélant au gré des salles des points de vue offerts en bouquets de pratiques ou de sensations.
De surprise en surprise, les passerelles botaniques et artistiques suivent l’idée développée par Marc Jeanson, responsable de l’herbier du Muséum national d’histoire naturelle à Paris et commissaire associé de l’exposition, sur ce qui définit le jardin, miroir de la nature s’il en est, mais surtout reflet artificiel et jamais naturel, agencé par l’habileté, la conception et le goût du jardinier artiste.
Qu’il soit sauvage ou cultivé, le jardin changeant au gré des saisons échappe en réalité à toute définition, mais reste circonscrit dans un espace clos, un territoire aménagé et contrôlé, qui révèle le foisonnement de styles et de manières d’appréhender cette nature vivante qui le compose. Entre le jardin entretenu et l’espace rendu à la friche, de cette fresque de Pompéi qui accueille le visiteur à l’entrée au “jardin planétaire” mis en place par Gilles Clément, pour qui « pour faire un jardin, il faut un morceau de terre et d’éternité », les jardins multiplient les potentiels de création comme des défis lancés à l’intelligence et l’imagination humaines.
LE JARDINIER ARTISTE
Malgré le titre de Jardins, l’exposition interroge surtout le rôle du jardinier en y assimilant la position du visiteur-promeneur.
Inventé au XVIIIe siècle par l’écrivain britannique Horace Walpole, le mot de “jardiniste”, qui se compose de la contraction des mots “jardinier” et “artiste”, rend hommage à celui qui cultive, démiurge de son espace, comme le paysagiste compose ses plans.
À la collection de plantes succède la collection d’outils comme les arrosoirs qui rendent hommage aux pratiques techniques et répondent aux traités d’horticulture présentés en face.
Le jardinier n’est jamais loin, il jalonne le chemin à travers quelques indices, un râteau, des godasses boueuses, quand il n’est pas tout simplement le sujet des tableaux, à travers la vision ultra réaliste d’Émile Claus, la texture saisissante de Cézanne ou la matière végétale séchée de Dubuffet.
Quand il disparaît, l’artiste s’efface enfin derrière son œuvre photographiée ou peinte, le jardinier se fait spectateur.
LA CHARTE DE LA TERRE EN CREDO DES ARTISTES CONTEMPORAINS DE HEY! Peu de gens connaissent l’existence de cette charte humaniste élaborée à partir de la fin des années 1980, à la suite de La Charte mondiale de la nature proclamée à l’ONU en 1982, qui réaffirme l’importance de la protection de la nature et des écosystèmes en définissant les modalités politiques, économiques et sociales du développement durable. Ce texte juridique, qui tient sur quatre pages, est aussi fondamental que La déclaration universelle des droits de l’Homme, en ce qu’il énonce les droits fondamentaux de la planète fondés sur des principes de paix, de respect du vivant, de justice sociale et d’économie solidaire. Reproduit au début du livre, il inspire les onze questions posées à une centaine d’artistes Hey!, originaires de 20 pays différents, qui répondent librement. Une aspiration mutuelle s’échappe de leurs singularités individuelles : «Un même cœur dans des corps différent». La planète Hey! s’enracine sur la planète Terre dans un engagement peut-être d’autant plus fort qu’il réfléchit au lien entre le monde et la création dans ce livre manifeste, planté comme un arbre aux merveilles pour cultiver l’espoir. Hors-Série, Hey! 4 DEGREES ART – Éditions Ankama Label 619 – 224 pages – 39,90 €. |
FAIRE SON HERBIER SOI-MÊME Mon Cahier de Botanique – Pour connaître et reconnaître les plantes. Anne Rihet. Éditions Mosaïque-Santé, format 21 x 29,7 cm, 96 pages, 10 € |
(1) Exposition Jardins jusqu’au 24 juillet 2017 : www.grandpalais.fr
2, 3 et 4 juin 2017, 3500 événements à partager partout en France pour la 15e édition des Rendez-vous aux jardins. Renseignements sur le site.
(2) Découvrez l’herbier virtuel numérisé – plus de 6 millions de planches accessibles via le site du Museum d’histoire naturelle : science.mnhn.fr
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